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La chasse au gaspi alimentaire n’est jamais finie


Parmi les répondants, 29 % jettent au moins un type de produit une fois par semaine. Photo : adobe stock

Plus de neuf ménages sur dix jettent régulièrement des produits alimentaires, selon une étude Ilres révélée ce jeudi.

Les intentions sont là, mais les actions manquent. Comme depuis quelques années, le gaspillage alimentaire reste un problème majeur pour le Luxembourg. En témoigne la dernière étude réalisée à ce sujet par l’institut Ilres, qui dévoile que près de 91 % des ménages luxembourgeois jettent des produits alimentaires plus ou moins régulièrement.

En tête de liste des produits les plus gaspillés figurent les plats non terminés (42 %), le pain (40 %) et les fruits et légumes (avec respectivement 42 % et 39 %). Mais pour quelles raisons? Selon les quelque 1 022 résidents de 18 ans et plus interrogés pour cette étude, c’est avant tout le «mauvais goût ou la mauvaise odeur» du produit qui les poussent à le jeter.

Au-delà des chiffres, l’interprétation de cette étude reste assez contradictoire. Les ménages luxembourgeois semblent en effet conscients du problème du gaspillage de nourriture, ont de bonnes intentions (83 % des personnes interrogées assurent cuisiner en plus petite quantité ou privilégier l’achat de produits en vrac par exemple), mais le gaspillage alimentaire reste élevé, avec près de 75 % de déchets alimentaires provenant uniquement des foyers.

«C’est un sujet très complexe. Nous voyons bien que malgré les bonnes intentions, les ménages se heurtent à d’autres réalités, que ce soit chez eux ou dans les magasins. D’autres facteurs, plus spontanés, entrent en jeu et ont finalement un rôle très important», explique Tommy Klein, directeur d’Ilres.

Les six règles d’or antigaspi

1. Acheter intelligemment Préparez les menus de la semaine, vérifiez quels aliments vous avez encore en stock et achetez uniquement ceux dont vous avez réellement besoin et, de préférence, de saison.

2. Ne pas interrompre la chaîne du froid Veillez à ce que les aliments frais ne soient pas exposés à la température ambiante plus longtemps qu’il n’est absolument nécessaire.

3. Comprendre la date de péremption, notamment la différence entre «à consommer jusqu’au» et «à consommer de préférence avant…».

4. Ranger le frigo correctement Certains aliments se conservent mieux dans une zone particulière, telle que le bac à légumes ou la porte du réfrigérateur par exemple. Rangez les produits fraîchement achetés derrière ceux qui sont déjà en stock.

5. Stocker les aliments correctement À l’abri de la lumière, au sec, fermés hermétiquement ou au frais. Ne pas hésiter à congeler certains aliments pour les conserver plus longtemps.

6. Réutiliser les restes de façon créative Les restes alimentaires peuvent très bien être utilisés dans la préparation d’autres repas. Faites des compotes ou des smoothies avec des fruits trop mûrs ou abîmés, préparez des soupes avec des restes de légumes, transformez le vieux pain en chapelure…

Plus d’informations sur le site www.antigaspi.lu

Les enfants, premiers concernés

Aucune mauvaise volonté, mais la faute à des habitudes de consommation trop ancrées? Pour le ministre de l’Agriculture, Claude Haagen, aucun doute : cette contradiction des chiffres ne «résulte pas d’un comportement intentionnel des consommateurs». Il s’agirait plutôt, selon lui, «de gestes basés sur une information incomplète, concernant notamment le transport de produits frais du supermarché jusqu’à la maison, ou encore l’interprétation des dates de péremption… Mais nous voyons ce qui est indispensable pour définir nos futures actions.»

Des actions qui doivent avant tout viser les familles, et plus particulièrement les enfants. Les ménages composés de plus de trois membres sont en effet ceux qui gaspillent davantage de produits alimentaires, selon cette étude. Les campagnes de sensibilisation et les ateliers pour enfants vont donc s’intensifier à l’avenir, dès le mois de décembre, dans les écoles, cantines ou maisons relais du pays.

«Je crois que notre étude montre clairement qu’il faut sensibiliser les consommateurs, qui ont peut-être les bonnes intentions, mais qui font face à d’autres réalités. Finalement, nous devons pouvoir les convaincre ou au moins les informer pour faire mieux», souligne Tommy Klein.

Quid des grandes surfaces ?

Si le problème du gaspillage alimentaire résulte avant tout de comportements individuels des consommateurs, les magasins et grandes surfaces ne sont pas en reste. Si certaines pratiques existent actuellement au Luxembourg pour diminuer la part de déchets des supermarchés, une réflexion doit être approfondie avec ces acteurs pour réellement faire bouger les choses.

«Nous aimerions réaliser une étude similaire avec les producteurs et les supermarchés. Tous ces acteurs doivent se mettre autour d’une table et analyser les comportements, les évolutions et, bien évidemment, faire des prévisions», conclut Tommy Klein.

Mauvais point pour l’Europe aussi

L’Union européenne gaspille plus de nourriture qu’elle n’en importe, ce qui nuit à sa sécurité alimentaire dans un contexte d’augmentation du coût de la vie, a déclaré récemment le Bureau européen de l’environnement (BEE). Chaque année, 153,5 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées et demeurent à l’origine de 6 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE.

Face à ce scandale, le BEE et 42 autres organisations issues de 20 pays de l’UE ont publié une déclaration commune appelant les autorités européennes à contraindre juridiquement les États membres à réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici à 2030.

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