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Inclusion des LGBT+ : un virage à prendre aussi pour les entreprises


Le but des outils proposés par IMS : offrir un cadre de travail bienveillant pour les personnes LGBT+. (photo Adobe Stock)

Les entreprises du pays multiplient les initiatives en faveur de l’inclusion des personnes LGBT+ ces dernières années. IMS Luxembourg a créé plusieurs outils pour les accompagner.

Plus de 40 entreprises ont participé mercredi soir à la première «Pride Run» organisée en plein cœur de la capitale. Avec parfois une cinquantaine de collaborateurs inscrits pour une même société, nul doute que la visibilité LGBT+ devient un sujet d’importance pour les firmes du pays. Un sujet qui n’en était pas vraiment un jusqu’en 2019, relate Priscilia Talbot, project manager chez IMS Luxembourg, un réseau d’entreprises luxembourgeoises qui s’est emparé de la thématique pour conseiller les entreprises nationales.

«La question des discriminations liées au genre homme/femme était l’un des points les plus abordés dans les entreprises luxembourgeoises, selon notre baromètre « diversité et entreprises ». Mais nous avons remarqué que celle des LGBT+, elle, n’était presque pas traitée. Il s’avère que les employeurs ne savaient pas vraiment par où commencer, comment s’y prendre pour aborder un thème aussi vaste», explique-t-elle.

Pour pallier cette méconnaissance, IMS Luxembourg a donc décidé de créer un guide de bonnes pratiques, regroupant des témoignages de personnes de la communauté queer (notre Premier ministre national, Xavier Bettel, y figure notamment) ou encore des exemples d’initiatives prises à l’étranger en faveur de l’inclusion LGBT+ dans le travail. «L’idée, c’était de montrer ce qui marche ailleurs et de le répliquer au Luxembourg», ajoute Priscilia Talbot.

Être soi-même au travail

Une année plus tard, c’est un guide sur la transidentité qui paraîtra, suivi, pour cette année 2023, d’un e-learning accessible à tous sur internet. Définitions des termes, chiffres sur la cause, conseils pour créer un cadre bienveillant, l’outil sert avant tout de support pour les entreprises qui souhaitent offrir un espace plus ouvert à leurs employés concernés par ces thématiques. «Ce sont des conseils autour du monde de l’entreprise, mais ils peuvent s’appliquer dans la vie de tous les jours : ils sont utiles dans toutes les sphères sociales», appuie la project manager d’IMS.

Un constat partagé par Audrey Vari, assistante de direction à l’Université du Luxembourg, qui a réalisé cet e-learning il y a quelques semaines, dans une démarche totalement volontaire. «Je pense que c’est une formation nécessaire pour tout le monde. Si nous sommes ouverts sur ces thèmes liés à l’identité sexuelle, nous sommes alors aussi ouverts aux autres thématiques d’inclusion, comme celle de l’intégration des étrangers par exemple. Ça nous élève forcément», explique-t-elle. «J’ai découvert plein de choses. Et surtout, je fais plus attention à ce que je dis ou fais en présence de collègues queer. Je veux qu’ils soient à l’aise, qu’ils soient pleinement eux-mêmes sur leur lieu de travail aussi», ajoute la mère de famille.

Car c’est là le maître-mot de ces formations : permettre à chacun d’être «soi-même au travail». «C’est simple, quand on est bien au travail, on se donne davantage et on brille en étant soi-même. Tout l’enjeu est là : créer un environnement sécuritaire, sain et bienveillant pour que les personnes qui le souhaitent puissent faire leur coming out», détaille Priscilia Talbot. Un coming out qui n’est pas toujours nécessaire (voir encadré), mais qui peut être exprimé si la personne se sent en confiance.

«Un rôle de multiplicateur»

Une question qui prend donc de l’importance ces dernières années, et qui, surtout, devient un point essentiel pour la nouvelle génération qui arrive sur le marché du travail, au même titre que l’environnement ou le télétravail. «On voit que c’est clairement un facteur attractif pour les futures embauches», confirme Priscilia Talbot, qui parle d’un «essor de la thématique», qui oblige les entreprises à être plus alertes.

«Les sociétés ont un rôle modèle à jouer sur l’intégration des personnes LGBT+, un rôle de multiplicateur. En disant « on le fait, pourquoi pas vous », elles permettent à la cause d’avancer encore davantage et d’être plus visible.» Un rôle d’ambassadeur qu’Audrey Vari prend aussi à cœur : «J’ai parlé de cette formation à mes collègues et j’invite vraiment tout le monde à la faire, elle est très enrichissante. Chacun peut devenir leader sur ces questions, il suffit de s’informer».

«Il est possible d’être homo et de réussir sa carrière»

Alexandre est juriste à Luxembourg depuis plusieurs années. S’il salue les initiatives mises en place par diverses entreprises du pays, l’aspect «LGBT-friendly» n’est pas vraiment entré en compte au moment de son embauche, malgré son homosexualité. «Je peux comprendre que ce soit un sujet d’importance aujourd’hui. Cela permet d’être rassuré sur les valeurs du futur cadre professionnel dans lequel on veut évoluer. Mais pour moi, ce n’était pas le plus important.»

Pour lui, l’identité sexuelle et le genre n’ont pas d’incidence à avoir sur les qualités professionnelles de chacun : «il est possible d’être homosexuel et de réussir sa carrière», souligne-t-il, précisant toutefois qu’il n’a pas fait de coming out formel auprès de ses collaborateurs. «Dans mon cas, c’est quelque chose d’assez évident, je n’ai pas eu besoin de faire d’annonce particulière. Je pense que c’est une partie de nous-mêmes qui doit être évoquée naturellement, au travers du récit de notre week-end par exemple.»

À 30 ans, il estime évoluer dans un «milieu compréhensif», mais admet qu’une sensibilisation peut être nécessaire dans certaines entreprises ou milieux moins tolérants. «Les blocages ou contraintes sur ces questions sont très souvent liés à un manque d’information.»

Une question d’image

Deloitte, BIL, HSBC, Aztec… Plusieurs entreprises du pays se mobilisent pour proposer des services liés à la cause LGBT+. Une ligne d’écoute téléphonique, un groupe de parole ou encore l’animation de conférences sur ces sujets, pour beaucoup, c’est aussi une question d’image.

«C’est clairement un bénéfice pour une entreprise en 2023 de se montrer LGBT friendly, comme c’était le cas il y a quelques années lorsqu’on parlait d’intégration des personnes handicapées ou des femmes», concède Priscilia Talbot. «Mais ça doit surtout devenir la norme. Déjà, il faut impérativement mettre en place une politique zéro tolérance pour les discriminations ou propos LGBTphobes, c’est la base.»

Si le Luxembourg ne dispose actuellement pas de statistiques relatives à l’identité sexuelle, les différents classements européens réalisés chaque année placent toutefois le Grand-Duché en bonne position des pays les plus ouverts et bienveillants pour les personnes LGBT+.

Toutes les ressources citées dans cet article sont à retrouver sur le site d’IMS Luxembourg : imslux.lu, rubrique «ressources».

Quant au e-learning, il est accessible via ce lien.

Un commentaire

  1. Le rôle des entreprises est de satisfaire leurs clients avec des produits et des services de qualité à un prix compétitif.
    Pas de s’occuper de la sexualité de leurs employés, qui relève du seul domaine privé..

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