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Eurovision : les derniers mots des candidats luxembourgeois avant le grand saut


Ce samedi 27 janvier à la Rockhal, des huit finalistes du Luxembourg Song Contest, il n’en restera qu’un qui représentera le pays au concours de l’Eurovision en mai prochain en Suède, après 31 ans d’absence. Ça méritait bien quelques confidences avant de monter sur scène.

Angy & Rafa Ela – «Qu’importe le résultat, j’ai déjà gagné une amitié»

Comme le dit Angy Sciacqua, «il s’est passé quelque chose». Ce «truc», poursuit-elle, c’est la rencontre avec sa partenaire Rafaela Teixeira Fernandes, de treize ans sa cadette, avec laquelle elle se retrouve en finale du Luxembourg Song Contest, dernière étape avant l’Eurovision 2024 à Malmö, en Suède.

Un hasard à la vue du parcours de la chanteuse et compositrice, 39 ans, tout droit venue de Namur : d’abord candidate pour le tremplin belge (finalement remporté par Mustii), elle bifurque ensuite vers le concours grand-ducal sous l’impulsion de son mari-manager, cachotier : «Il ne m’a rien dit! Je ne savais pas que le Luxembourg y participait à nouveau».

Après plusieurs formules («en duo ou trio»), voilà qu’on lui propose, sur le fil, de former un tandem avec une jeune interprète, candidate qui n’arrivait pas à trouver son bonheur malgré son entêtement (elle aura présenté un total de sept chansons devant le jury).

Celle-ci rembobine : «On s’est rencontrées 20 minutes avant le casting. La connexion s’est faite sur scène». Leur lien? Le morceau Drop, écrit par Angy Sciacqua qui, justement, distille un message de persévérance.

«Ce n’est pas la destination qui compte, mais le parcours», résume la compositrice. Un chemin qui se fait aujourd’hui à deux. «On fait tout ensemble depuis un mois et demi», lâche l’une, rapidement relayée par l’autre : «Qu’importe le résultat de la finale, moi, j’ai déjà gagné une amitié!». De toute façon, disent-elles d’une même voix, «on vaincra ou perdra ensemble!». Ça méritait bien un énième gros câlin.

Découvrez sa chanson ➡️ Drop

CHAiLD – «Ce sera juste moi, ma voix et mes yeux…»

Les voies de l’Eurovision sont impénétrables… C’est ce que doit se dire CHAiLD, toujours étonné que son duo avec Maz ait été recalé des qualifications alors que la chanson (Night Call) est aujourd’hui «en tête du hit-parade» national. Un mal pour un bien? Peut-être, car cet échec lui a ouvert de nouvelles perspectives, comme celle de travailler avec l’équipe de Loreen, Suédoise doublement sacrée à l’Eurovision (en 2012 et 2023).

C’est alors à Stockholm qu’Adriano Lopes Da Silva découvre et s’approprie Hold On, titre calibré pour le concours qui lui va «comme un gant». En effet, pour lui, pas de doute : l’amour-propre dont il est question dans la chanson, c’est un peu son histoire : «Devenir artiste, c’est un rêve d’enfant» auquel il s’accroche depuis quelques années maintenant.

Suffisant pour voir l’impact d’un tel rendez-vous, d’une autre «dimension» : «D’un jour à l’autre, vous avez toute l’Europe qui a une opinion sur vous. Quand je poste un truc sur les réseaux sociaux, ça a des répercussions énormes, plus que jamais!».

Favori pour des «fans de l’étranger», cette exposition soudaine, combinée à une formation «intense» où «l’on apprend tous les jours», ne sont pas évidentes à gérer. CHAiLD pose alors la main sur son front et lâche dans un rire : «J’ai la fièvre!».

Un état quasi second qu’il promet de garder pour la finale de demain, pour laquelle il espère «chanter avec ses tripes, et apporter ses émotions à fleur de peau» jusqu’au «cœur des salons» luxembourgeois. Sans esbroufe, ni «bling-bling». «Juste moi, ma voix et mes yeux…»

Découvrez sa chanson ➡️ Hold On

Naomi Ayé – «Que ces premiers pas soient un bond de géant!»

C’est une grande fille discrète, qui avance sur la pointe des pieds comme pour ne pas attirer l’attention. Les mauvaises langues diront qu’elle semble «paumée sur terre», référence à la chanson qu’elle porte depuis plusieurs semaines au Luxembourg Song Contest. Il n’en est rien : Naomi Ayé a juste la retenue propre à son jeune âge (16 ans, qu’elle a fêté mercredi).

La benjamine de l’épreuve n’a en effet rien d’une novice, comme elle le rappelle sans le moindre effet de style : «Je chante depuis toujours!». Une «vie toute entière» consacrée à la musique, notamment avec le piano qu’elle joue dès cinq ans (elle l’étudie toujours au Conservatoire de Luxembourg), suivi de quelques dates phares : sa finale de l’émission The Voice : Kids en 2020 avec son interprétation de Bohemian Rhapsody, et aujourd’hui ses propres chansons qu’elle sort avec la même pudeur qui la caractérise (Turn My Back on Light ou Free Now, dévoilée il y a trois semaines).

«Habituée aux caméras», elle se dit à l’aise «dans tous les styles», caméléon aux racines multiples (Hongrie, Cuba). Un atout à l’heure de monter sur scène et de vivre l’Eurovision pour «de vrai», de l’autre côté de la télévision. «Chaque année, j’aime regarder, chanter, voir ce que proposent les pays», et bien sûr,  «donner des notes!». Contrairement à sa chanson qui évoque le fait de «se sentir perdu», Naomi Ayé promet d’être bien présente à la finale et faire valoir tout son talent. C’est certain, elle a trouvé «sa raison d’exister» qui pourrait se définir en une formule : «Que ces premiers pas deviennent un bond de géant!».

Découvrez sa chanson ➡️ Paumée sur terre

One Last Time – «Ensemble, on se sent plus fort!»

Seul groupe parmi les finalistes, One Last Time avance uni comme les cinq doigts d’une main. Pas d’égocentrisme avec eux, bien au contraire : ils parlent d’une même voix pour défendre une amitié fruit de longues soirées à se croiser et partager les mêmes scènes du Luxembourg : «On a tous fait partie du même groupe, mais jamais vraiment au même moment!», synthétise le guitariste Tom Sagramola, prouvant une fois encore que le Luxembourg est petit et les rencontres inévitables.

En ressort cette idée de sceller leur entente dans un tout «dernier projet», poursuit le chanteur Andrea Galleti (d’où le nom du groupe), concrétisé en octobre dernier par la sortie d’un premier EP (Second Wind). La claviériste Barbara Salvi intervient à son tour pour enfoncer le clou :

«On est des amis et cette synergie devrait se sentir sur scène, espère-t-elle. Ensemble, en tout cas, on se sent plus fort!». Avec leur chanson aux accents pop-rock, la formation se rêve alors d’un destin à la Måneskin, vainqueur de l’Eurovision en 2021 et aujourd’hui idoles des stades.

«Ça prouve une chose : tout le monde est à sa place ici!», dit Andrea Galleti, propos soutenus par le bassiste Jonathan Fersino : «Un groupe luxembourgeois qui fait du rock, ça colle bien! C’est un pays qui a cette culture, alors, autant la soutenir, non?».

Face à une concurrence «très forte», le chanteur est persuadé que le premier gagnant de la soirée, «ce sera le Luxembourg», avant de glisser sous son masque sanitaire : «On va jouer notre chance à fond», comme tout «outsider» qui se respecte.

Découvrez sa chanson ➡️ Devil in the detail

Krick – «Il n’y a pas de honte à pleurer»

Écharpe autour du cou, elle déambule dans le hall de la Rockhal à la recherche d’une pilule qui soulagerait sa gorge trop sollicitée. Un réflexe, sûrement, chez cette infirmière de métier. Pour elle, la musique est donc d’abord une passion, un «plus», et c’est dans une distance appropriée qu’elle observe le microcosme national : «C’est dur d’être artiste» au Luxembourg, dit-elle, évoquant selon son propre vécu un «manque de soutien» et de considération dû à la petitesse du pays et de sa scène.

«Certains croient encore que c’est une ville en Belgique!», clame-t-elle dans un grand rire. D’où l’importance de l’Eurovision pour le pays, qui peut lui «donner une visibilité et une résonance à l’international». Celle qui préfère qu’on l’appelle Krick que Christine se souvient des qualifications, de sa propre chanson (non retenue car «pas à la hauteur» selon elle) et des «chouettes rencontres», notamment celle d’Angy et Rafa Ela avec qui elle a poussé la chansonnette.

«C’est marrant de se retrouver toutes les trois en finale!» Finalement, après ces circonvolutions, c’est Drowning in the Rain qui lui tombe dans les mains, chanson sur un amour perdu, tout en émotion, qui lui permet d’exprimer les siennes : «Je pleure beaucoup, mais il n’y a pas de honte à ça. Après, ça va toujours mieux!».

Soutenue par un orchestre qui va donner de la puissance à ces émois, Krick est impatiente de prouver qu’avec peu, on peut faire bien : «C’est la voix et la mélodie qui vont parler». Oui, avec elle, pas besoin de beaucoup pour que ce soit «un grand show».

Découvrez sa chanson ➡️ Drowning in the rain

Tali – «Mon amie m’a répondu : « Mais c’est quoi l’Eurovision? »»

Depuis New York où elle réside toute l’année, l’Eurovision n’est pas quelque chose de très réputé. Tali en rigole : «Quand j’en ai parlé à ma meilleure amie, elle m’a répondu : « Mais c’est quoi? Le film?» (NDLR : The Story of Fire Saga, avec Will Ferrell et Rachel McAdams).

Pour celle qui étudie le théâtre et la comédie musicale au cœur de la «Grosse Pomme», et y enseigne en tant que coach vocal, le concours, véritable «institution» à ses yeux, a une tout autre signification, comme elle le précise, un pincement au cœur :

«C’est mon grand-père, dont j’étais très proche, qui m’envoyait des mails chaque année avec des vidéos sur les chansons, les artistes… Il est décédé depuis. Être là, c’est une façon de lui rendre hommage».

Sa famille vivant au Luxembourg depuis plus de dix ans, la jeune musicienne multiplie les allers-retours, surtout ces derniers temps, avec plus ou moins de réussite au bout. Ainsi, sa chanson n’a pas été retenue («pour une compositrice, c’est toujours douloureux») mais celle dont elle a hérité résume bien ses impressions en tant qu’artiste : «C’est une vie dure, instable. On ne sait jamais ce qui va arriver».

Il faut donc se battre, encore et encore, malgré les hauts et les bas. «Fighter, c’est le combat entre deux voix intérieures, l’une forte et l’autre faible.» Une dualité «très humaine» pour un morceau qui saute du français à l’anglais sans sourciller, «à la luxembourgeoise!». Pour le reste, à l’entendre, tout est «merveilleux», des costumes aux danseurs. Le résultat n’en sera forcément que «subjectif».

Découvrez sa chanson ➡️ Fighter

Joel Marques – «Je suis là où je voulais être»

Depuis la fin d’année dernière, tout s’est bousculé pour le jeune animateur de Differdange de 26 ans. Il y a eu, déjà, la sortie en décembre de son premier single (Stranger). Et surtout, sa présence à The Voice of Germany, émission dans laquelle il s’est hissé jusqu’aux demi-finales, au point de douter de sa possible participation pour le dernier round du Luxembourg Song Contest.

«Question timing, c’était chaud! Je n’étais pas certain d’être disponible, mais finalement, ça l’a fait! J’ai fait un saut d’une scène à l’autre, de l’Allemagne au Luxembourg!» Une «croissance accélérée» qui, précise-t-il, ne doit rien à personne, notamment pour répondre aux commérages.

«J’ai tout fait de manière transparente, pour pas que l’on dise que je suis là parce que j’ai fait The Voice! Je n’ai rien à cacher. Il y en a qui parle, mais je m’en fous! J’ai saisi ma chance. Je suis bien, là où je voulais être.»

Une façon d’affirmer à haute voix ce que sa chanson, Believer, raconte en creux, soit de croire en soi. «Ça n’a jamais été mon cas, mais aujourd’hui, je veux prouver le contraire.» Dans ce sens, il pourra compter sur ses soutiens, qui risquent juste d’être surpris de le voir dans d’autres dispositions. «D’habitude, je chante avec une guitare acoustique ou derrière un piano, explique-t-il. Mais ici, c’est plus orchestré.

Grandiloquent même!» Une «belle alternative» qui ne l’inquiète aucunement. Il y aura toujours cette voix, puissante, qui espère «porter toutes les envies d’un pays» jusqu’en Suède. «S’il décide de m’y envoyer, bien sûr!»

Découvrez sa chanson ➡️ Believer

EDSUN – «Je jouais à l’Eurovision dans ma chambre!»

EDSUN (Edson Pires Domingos de son vrai nom), 33 ans, bien connu de la scène musicale au pays qu’il agite depuis presque dix ans, est un candidat à part pour deux raisons : avec Finally Alive, il est le seul à proposer une chanson 100 % «made in Luxembourg» – elle a été composée avec Sergio Manique et Jana Bahrich (Francis of Delirium).

Et celle-ci est plus remuante et dansante que les sept autres. «Je voulais créer quelque chose qui élève les gens, les rende plus heureux», confie-t-il. Son destin, comme le suggèrent les paroles du morceau, il l’a décidé de le prendre en main et, qui sait, d’accrocher son nom aux «lumières» de l’Eurovision avec lequel il entretient une longue histoire.

«Je le regardais avec ma mère, se souvient-il. Après, quand c’était fini, j’allais dans ma chambre et je faisais la même chose (il rit). J’invitais alors mes sœurs et mes cousines, je leur donnais un papier avec toutes les chansons que j’allais chanter, et elles me mettaient des notes! J’avais même un drap que je tendais au-dessus de mon lit avec deux balais, comme pour faire un rideau…»

Des souvenirs qui se dissipent vite quand la réalité du concours le rattrape. S’il est conscient que «chaque artiste et chaque chanson aura ses favoris», il sait qu’il faudra «tout donner» le jour J pour ne rien regretter.

«Je travaille dur tous les jours dans ce sens, et si je suis là, c’est que je commence à récolter les fruits» de cet investissement. Reste à le démontrer sur scène, où il se sent «libre et vivant», face à un public qu’il souhaite tout aussi complice.

Découvrez sa chanson ➡️ Finally Alive

Un commentaire

  1. Go joel joel as den bechten

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