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[En coulisses] Le centre de soins de Dudelange, l’hôpital des animaux


Le centre de soins recueille des animaux sauvages, mais aussi de plus en plus d’espèces domestiques et exotiques.

Implanté à Dudelange, le centre de soins pour la faune sauvage est un lieu unique qui recueille, soigne et remet en liberté des animaux blessés ou abandonnés.

 

Ce matin-là, à peine quelques heures après l’ouverture du centre de soins, le personnel s’active déjà. À l’accueil, Cécile Benz a réceptionné et enregistré près d’une douzaine d’entrées d’animaux. «Pendant toute la journée, nous avons des personnes qui viennent nous les amener ou les déposer dans la cabane qui se trouve à l’entrée. Avant de l’emmener au centre, je fais un petit check pour examiner son état», explique-t-elle en notant sa prochaine entrée, un oiseau blessé, retrouvé par un passant.

Depuis le mois d’avril, le centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange est entré dans «la haute saison». Une période qui s’étale jusqu’en septembre et durant laquelle l’établissement reçoit le plus d’animaux à soigner. Pour y faire face, des soigneurs viennent spécialement renforcer les équipes.  «Nous avons plus d’activité en été, le plus calme, c’est janvier et février», précise la directrice du centre de soins, Jill Gaasch.

En cette fin du mois de juillet, l’activité est toujours intense, même si elle s’est quelque peu calmée. «Avec le temps pluvieux de ces derniers temps, on a un peu moins d’entrées. La plus grosse période est le printemps, car c’est aussi le moment de la reproduction pour certains animaux comme les oiseaux. On a aussi des vagues à Noël, à Pâques et parfois pendant les vacances d’été», détaille la responsable qui a pris les rênes du centre de soins en 2022.

Malgré une période plus calme, les transferts vers les soigneurs et les vétérinaires continuent. Dans la salle de soins intensifs, une chouette se fait examiner par une spécialiste. Gravement blessée à l’œil, elle est atteinte d’une commotion cérébrale. «Nous faisons tout pour soigner et sauver les animaux, mais malheureusement, nous n’arrivons pas à tous les sauver», regrette Jill Gaasch.

Le chiffre : 4 000

C’est le nombre d’animaux récupérés chaque année par le centre de soins pour la faune sauvage de Dudelange. Près des trois quarts des espèces sont des oiseaux. Parmi ces 4 000 animaux, le centre soigne et réhabilite 160 espèces différentes.

Davantage d’animaux domestiques

Ouvert il y a plus de 30 ans à Dudelange, le centre de soins accueille depuis sa création des animaux sauvages blessés et abandonnés, comme des écureuils, des hérissons, des renards ou encore des chevreuils. Et parmi ces espèces, il en récupère parfois certaines plus insolites. «Nous avons déjà eu un serval. Ce n’est pas quelque chose que les gens ont souvent à la maison. On a aussi parfois des oiseaux indigènes. Au total, nous avons près de 160 espèces différentes.»

Mais depuis quelques années, le centre recueille également de plus en plus d’animaux domestiques. «Nous avons beaucoup de NAC (NDLR : nouveaux animaux de compagnie). Une fois qu’ils sont en bonne santé, on cherche une famille pour les adopter, car nous ne pouvons pas les remettre en liberté», précise Jill Gaasch.

Les oiseaux sont les espèces les plus recueillies par le centre de soins de Dudelange.

 

Des perruches, lapins, reptiles, serpents ou encore des iguanes sont ainsi recueillis et soignés par le centre. «Ils ont peut-être été abandonnés, ou se sont perdus ou échappés. On ne connaît pas vraiment la cause. Parfois, des personnes viennent directement au centre pour se séparer de leur animal. C’est difficile de vraiment savoir pourquoi ils sont chez nous.»

Chaque année, le centre de soins récupère 4 000 animaux de toutes espèces confondues. «Cela reste principalement des animaux sauvages et pour la grande majorité des oiseaux. Sur les 4 000, nous avons près de 3 000 oiseaux, soit les trois quarts de nos espèces», assure la directrice du centre de soins. Depuis 1988, le nombre d’espèces a sans cesse augmenté, sauf l’année dernière. «Cela reste une exception, car nous avons toujours eu des augmentations», confirme Jill Gaasch.

«Je remplace en quelque sorte la mère»

Des milliers d’espèces qui, chaque année, sont retrouvées dans un périmètre de 200 km autour de Dudelange. «Le problème, c’est qu’un centre de soins comme le nôtre, on n’en trouve pas partout. Comme nous sommes très proches des frontières française, belge et allemande, on récupère beaucoup d’animaux qui viennent de l’étranger, mais principalement, ce sont ceux du Luxembourg», indique Jill Gaasch.

Des animaux qui parfois n’auraient pas besoin d’aide. «Beaucoup de personnes nous emmènent des oiseaux pensant que la mère les a abandonnés. Sauf que très souvent, ce n’est pas le cas.» La directrice conseille ainsi de s’éloigner du petit pendant quelques heures. «Si la mère ne revient pas, c’est que l’oiseau est bien orphelin», ajoute-t-elle.

Alors quand les oisillons sont retrouvés sans leur mère, c’est au centre de s’en occuper. Dans une salle exiguë, Sarah, soigneuse, nourrit avec délicatesse des jeunes martinets égarés. «Je remplace en quelque sorte leur mère. C’est une manipulation assez délicate, car si on n’est pas assez expérimenté, on peut faire une fracture au niveau du bec», précise la jeune femme, une pipette et des vers en main.

Un centre qui s’agrandit

Le projet d’agrandissement est toujours sur les rails. Des premières volières ont été déjà construites. (Photo : alain rischard)

Face au nombre toujours conséquent d’animaux, le centre de soins projette depuis longtemps d’agrandir son établissement. Après plusieurs années d’attente pour obtenir certaines autorisations, les premiers coups de pelle ont commencé en 2022 avec la construction des fondations et de volières. À travers cet agrandissement, l’objectif est d’accueillir davantage d’espèces animales et de bien séparer la faune sauvage et exotique.

«Nous devons encore construire un nouveau bâtiment. Les fondations sont toujours en route et les volières ne sont pas encore vraiment terminées. Il nous manque encore pas mal de financements», assure Jill Gaasch. Pour soutenir ces projets, le centre compte à la fois sur les subventions de l’État et surtout sur des dons. «On ne peut pas tout financer par les donations, les subventions couvrent les salaires des employés, la nourriture des animaux qui a d’ailleurs fortement augmenté avec l’inflation. Certains coûts ont doublé, voire triplé», observe-t-elle.

L’augmentation des prix qui ne touche, en revanche, pas les dons à destination du centre. «On en a toujours autant, les gens veulent toujours bien nous aider, donc on ne ressent pas sur ce point l’impact de l’inflation.»

Le centre espère voir se finaliser l’année prochaine ce projet d’agrandissement.

«Nous ne sommes pas un zoo»

Remplacer la mère de l’animal, Jill Gaasch le fait, elle aussi, régulièrement. Cette passionnée d’animaux depuis son enfance est arrivée en 2018 au centre de soins en tant que bénévole, puis soigneuse. Ce matin-là, elle doit nourrir, au biberon, un écureuil qui souffre de problèmes de croissance. «Il est beaucoup trop petit par rapport à son âge. Je dois donc lui donner plusieurs fois par jour du lait», explique-t-elle. Des gestes qui peuvent se faire uniquement par des personnes expérimentées. «Le problème, c’est que les gens veulent bien faire en les soignant, mais ils ne connaissent pas les bonnes méthodes, donc finalement, ils leur font plus de mal que de bien», regrette la responsable.

Le centre de soins est ouvert tous les jours de l’année. Les horaires varient en fonction des saisons.

 

Après les soins et la réhabilitation, qui peut durer de quelques jours à plusieurs mois, le centre de soins peut relâcher les animaux à l’endroit même où ils ont été trouvés. «Nous ne sommes pas un zoo ni un parc animalier. Dès que nous jugeons le soin terminé, nous relâchons les animaux dans la nature et dans les meilleures conditions.» Une démarche visant à garantir au maximum le bien-être animal. «C’est toujours mieux de les laisser dans la nature, avec leurs parents. Le fait de les ramener ici leur procure beaucoup de stress.»

Il est presque midi, les employés du centre de soins s’apprêtent à terminer leur matinée et à retrouver et soigner les animaux qui viennent d’être déposés ou amenés par les bénévoles.

Un manque de bénévoles

Pour répondre aux besoins des dizaines d’espèces qui arrivent chaque jour au centre, l’établissement peut compter sur ses bénévoles. «Nous en avons beaucoup, mais c’est vrai que si on pouvait en avoir plus, ça nous aiderait beaucoup», sourit la responsable du centre de soins.

Des bénévoles qui ont plusieurs missions et rôles au sein du centre. Ils peuvent ainsi s’occuper des animaux, les soigner ou se rendre sur les lieux où ils ont été retrouvés pour les récupérer. «Ils ont aussi un rôle de sensibilisation. Nous organisons parfois des journées pour faire découvrir le centre aux enfants.»

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Un commentaire

  1. Ne ramenez pas les animaux blessés au travail ce sont des êtres vivants . L animal souffre peut être il a besoin de calme et soin . .. il faut sensibiliser les gens , beaucoup pensent bien faire et sont à la masse .

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