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[Élections sociales] Eux aussi veulent caser des délégués


Tous les syndicats qui se présentent aux élections sociales de ce mardi se sont vu attribuer un numéro de liste, y compris les plus petits, qui ne comptent qu’un très petit nombre de candidats.

Six «petits» syndicats se présentent aux élections sociales de mardi prochain. Ils défient l’OGBL, le LCGB et l’ALEBA, mais aussi les quelque 60 % d’élus neutres dans les entreprises.

Un peu à l’image des législatives en octobre dernier, les élections sociales ne sont pas réservées aux plus grandes entités, qu’elles soient politiques ou, pour ce scrutin, syndicales. Les travailleurs, appelés à élire leurs représentants à la Chambre des salariés (CSL) et leurs délégués dans les entreprises, auront, en effet, le choix entre neuf listes, même s’il faut opérer une distinction. Car parmi les syndicats en lice, seuls six se présentent pour, à la fois, intégrer le «Parlement du travail» et être représentés dans un ou plusieurs secteurs d’activité du pays.

La CLSC, rattachée au LCGB, ne figurera sur le bulletin de vote que dans trois entreprises. Le SEA-LCGB se limitera à l’aviation, tandis que les candidats du Syndicat neutre pour la Ville de Luxembourg (NVGL) ne chercheront, en toute logique, que les suffrages du personnel de l’administration communale de la capitale.

Le Landesverband a fusionné avec l’OGBL

Tous les syndicats en lice, y compris les «filiales» du LCGB, se sont toutefois vu attribuer un numéro de liste. L’OGBL (liste 2) et le LCGB (liste 1) présenteront des candidats dans (quasiment) tous les secteurs. L’ALEBA (liste 3), syndicat historique de la Place financière, vise plus large lors de ce scrutin (lire nos éditions précédentes). Le Landesverband (FNCTTFEL) fait désormais partie intégrante de l’OGBL, ce qui offre au Syprolux (liste 5) le statut de seul syndicat de cheminots à part entière. Le NGL-SNEP (liste 7) et la FGFC (liste 4) sont les deux derniers syndicats engagés sur deux fronts.

Ces neuf organisations tenteront de peser le plus lourdement possible face au top 3 syndical, avec en tête les deux seuls syndicats dotés de la représentativité nationale : l’OGBL et le LCGB. Il faudrait y ajouter la CGFP, mais le syndicat de la fonction publique n’est pas concerné par les élections sociales, réservées au secteur privé.

Si l’on jette un regard dans le rétroviseur, on constate toutefois que ni l’OGBL ni le LCGB ne mènent la danse dans les entreprises. Crédités respectivement de 23 % et 13,6 % à l’échelle des délégations du personnel (3 359 entités concernées en 2019), la Confédération syndicale indépendante et le syndicat chrétien sont devancés – et de loin – par les 60 % de délégués neutres.

Lors des dernières élections sociales, en effet, 5 197 délégués effectifs et 4 340 délégués suppléants (un total de près de 9 600 délégués) ont été élus sans coloration syndicale. Les «rouges» de l’OGBL ont dû se contenter de 2 042 élus effectifs et 1 843 suppléants (soit quelque 3 900 délégués). Derrière, les «verts» du LCGB avaient décroché 1 211 mandats de délégués effectifs et 1 110 mandats en tant que «suppléants» (environ 2 300 élus).

La CLSC et ses deux seuls délégués

Le NGL-SNEP, qui, en 2013, s’était contenté de présenter des listes dans les entreprises, suit avec une quarantaine de délégués (effectifs et suppléants). Le tableau est complété par le SEA-LCGB (liste 6) et sa vingtaine de délégués dans l’aviation et les 9 délégués placés par le NVGL (liste 9) dans la représentation du personnel de la Ville de Luxembourg. La CLSC (liste 8) avait décroché, dans le seul secteur de la Santé, deux petits mandats de délégués (1 effectif et 1 suppléant).

Le Syprolux veut voir son travail «valorisé»

Un siège à la CSL et 4 mandants dans la délégation centrale des CFL. Pourtant centenaire, le Syprolux connait toujours du mal à s’imposer, même si les chiffres bruts doivent être remis dans leur contexte.

Crédités d’environ 37 % des suffrages lors du renouvellement, en 2008 et 2013, du «Parlement du travail», le Syprolux a réussi à dépasser, en 2019, la barre des 40 %. Le rapport de force avec le Landesverband, l’autre syndicat historique des cheminots, est cependant resté inchangé : 59,7 % et 2 des 3 sièges du groupe «CFL» contre un seul siège pour le Syprolux.

Est-ce que le fait que le Landesverband soit dorénavant intégré à l’OGBL peut servir la cause du désormais seul syndicat dédié au rail? «On espère toujours signer un bon résultat. Notre plus grand objectif est toutefois, au-delà du scrutin, d’inclure nos 60 candidats, y compris ceux qui ne seront pas élus, dans notre travail syndical», répond Mylène Bianchy, la présidente du Syprolux. Pour le reste, ce seraient ses collègues du Landesverband qui «doivent se poser la question s’ils ont fait le bon choix d’intégrer l’OGBL».

Le syndicat des cheminots veut toutefois tirer profit de son «travail livré pendant ces cinq dernières années, dans des conditions assez difficiles. Il suffit de se rappeler la pandémie de covid.» Mylène Bianchy espère que l’engagement sans faille sera «valorisé» dans les urnes. Le Syprolux vise ainsi à décrocher un 5e siège sur les 10 qui sont en jeu dans la délégation centrale.

Une liste de candidats, dont plus de 50 % de néophytes et 20 % de femmes, est une autre force aux yeux de la présidente. Elle mise aussi sur un programme fort, avec comme grandes priorités une revalorisation des carrières et une sécurité renforcée.

À la CSL, le Syprolux veut défendre son seul siège, tout en se réjouissant que les CFL soient toujours représentés par un groupe à part entière au «Parlement du travail».

Le NGL-SNEP à la relance

«Vous êtes déçu(e) des syndicats en général? Vous n’aimez pas la langue de bois? Vous préférez un syndicat non financé par l’État?» Sur son site internet, le NGL-SNEP s’adresse sans détour à de nouveaux membres et électeurs. Existant sous sa forme actuelle depuis 1985, le «seul syndicat politiquement neutre et indépendant» compte se relancer lors des élections sociales de cette année. Après avoir présenté, en 2019, des listes de candidats dans certains secteurs d’activité, le NGL-SNEP figure à nouveau sur les bulletins de vote pour la Chambre des salariés. Le nouveau président, Armand Wildanger, en poste depuis février 2023, précise que trois listes ont pu être complétées : dans la construction (groupe 3), les «Autres Services» (groupe 5) et les Retraités (groupe 9). «Ces trois secteurs reflètent bien nos membres (NDLR : environ 3 000)», a affirmé le chef de file du NGL-SNEP, interrogé récemment par nos confrères de la radio 100,7.

Décrocher un siège au «Parlement du travail» s’avère compliqué. En 2013, le syndicat neutre s’est retrouvé les mains vides, à la fois dans la Sidérurgie, les Autres Industries, la Construction, les Autres Services, la Santé (Action sociale comprise) et les Retraités.

Le NGL-SNEP reste cependant bien ancré dans certains secteurs, avec 21 délégués du personnel effectif et 20 délégués suppléants. Il s’agit en premier lieu du gardiennage, loin devant l’industrie et la construction. Le syndicat était aussi fortement engagé aux côtés de l’OGBL et du SEA-OGBL lors du bras de fer avec la direction de Luxair, même si le syndicat ne compte plus qu’un délégué effectif dans la compagnie aérienne.

L’objectif est de continuer à miser sur son statut de «syndicat de niche» pour convaincre les électeurs. «On a trouvé notre propre chemin», souligne Armand Wildanger.

Deux syndicats, une seule fonction communale

Il existe une nette différence entre la FGFC et le NGVL, les deux syndicats «communaux» en lice pour ces élections sociales. La Fédération générale de la fonction communale (FGFC), présidée par Claude Reuter (photo), se présente en priorité à la CSL, tandis que le Syndicat neutre de la Ville de Luxembourg vise, par la force des choses, à rafler la mise dans la délégation du personnel de l’administration communale de la capitale. Mais, le fait que deux associations syndicales se présentent à ce scrutin social n’enchante guère la FGFC, qui milite à former un front uni afin de défendre les intérêts des personnes travaillant dans les administrations communales et les syndicats intercommunaux.

En attendant un rapprochement – y compris avec l’OGBL et le LCGB –, la FGFC vise à signer le meilleur résultat possible dans le groupe 6 réunissant les salariés des Administrations et entreprises publiques. En 2019, les 14,45 % des suffrages récoltés n’étaient pas suffisants pour décrocher un des 4 sièges en jeu. L’OGBL a raflé la mise avec 56 % et 3 sièges. Le 4e siège est revenu au LCGG, crédité de près de 30 %.

À Luxembourg-Ville, il y aura match entre la FGFC et le NGVL, qui avec ses 9 sièges, dispose de la majorité absolue dans la délégation du personnel, comptant 16 élus. Le syndicat neutre, créé en 1991, mène depuis 1998 la danse parmi les employés de la Ville de Luxembourg. Il compte quelque 900 membres, dont 140 retraités.

La FGFC présente aussi une liste à Esch-sur-Alzette. Le syndicat comptera y briser un peu la suprématie de l’OGBL.

Quatre grandes priorités ont été définies pour convaincre les électeurs : une convention collective unique, un dialogue social proactif, des délégations compétentes et engagées ainsi que des conditions de travail sûres et orientées vers le futur, grâce à un accès renforcé à la formation continue.

Le LCGB-SEA veut continuer à planer

Le LCGB voit triple lors de ces élections sociales. Alors que le «syndicat mère» vise à glaner des sièges supplémentaires à la CSL et dans les délégations, le syndicat chrétien compte aussi renforcer sa position chez Luxair et Cargolux, grâce à son antenne SEA.

Depuis 2019, le Syndicat des employés du secteur de l’aviation, emmené par le président Dirk Becker (photo), compte 10 délégués chez Luxair (5 effectifs et 5 suppléants) ainsi que 16 délégués (6 plus 10) chez Cargolux. L’OGBL est au même niveau dans la délégation de la compagnie aérienne nationale, mais est relégué au deuxième rang dans la compagnie de fret aérien. Le NGL-SNEP est le seul autre syndicat à être représenté dans l’aviation (2 délégués chez Luxair).

Il y a cinq ans, le SEA – également proche de l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL) – était crédité de 45 % des suffrages chez Luxair et de 50 % chez Cargolux (41,6 % pour l’OGBL). C’est donc bien le syndicat chrétien qui est majoritaire dans le secteur. Cela n’a pas empêché les deux grands représentants du personnel, soutenu par le Petit Poucet qu’est le NGL-SNEP, de faire front commun lors des rudes bras de fer menés avec Luxair et Cargolux. La grève de septembre dernier aux portes de la compagnie de fret est la meilleure illustration de cette union syndicale.

Il n’empêche que le LCGB-SEA compte sortir renforcé des élections sociales dans l’aviation, mais aussi dans le secteur des transports dans sa globalité. En 2019, le syndicat chrétien avait raflé près de 300 mandats de délégués (22,2 %), suivi par l’OGBL et ses 245 élus (19,3 %).

La troisième entité du LCGB, la CLSC, bien que dotée d’un numéro de liste national, n’aura aucune chance de peser lors de ces élections sociales, avec une présence sur à peine trois bulletins de vote, tous hors aviation.

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