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Crise énergétique : «Les sanctions ne seront pas levées»


«L’UE ne peut pas cracher sur ses valeurs en se pliant à un autocrate», a martelé, hier, Jean Asselborn lors de sa conférence de rentrée, axée sur la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine.  (Photo : julien garroy)

Jean Asselborn juge «illusoire» qu’une levée des sanctions infligées à la Russie en réponse à l’agression de l’Ukraine «nous ramènerait à la situation d’avant-guerre», et donc une réduction des prix de l’énergie.

Les sanctions ne servent à rien.» Ce genre de commentaires fleurissent de plus en plus sur les réseaux sociaux, mais aussi dans le camp politique. Ou du moins dans une frange bien spécifique, comme le rappelle, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn : «J’espère que le discours mené par Salvini, Le Pen ou l’AfD ne va pas devenir la norme. D’ailleurs, au Luxembourg, l’ADR semble s’être rangé dans le même camp. Ils se retrouvent en bonne compagnie.»

Alors que la crise énergétique s’accentue, les regards se dirigent de plus en plus vers l’Union européenne, qui, en réponse à l’invasion russe de l’Ukraine, a infligé des sanctions économiques sans précédent à l’agresseur russe. Vladimir Poutine a riposté en coupant progressivement les livraisons de gaz vers l’Occident. S’est ensuivie une flambée généralisée des prix et une crainte de pénurie. «Les sanctions sont insensées. Leur seul effet est que ce sont nos citoyens qui font face à de graves problèmes», martèle le député Fernand Kartheiser (ADR), interrogé jeudi dernier sur les ondes de RTL.

«La Russie propulsée des décennies en arrière»

Hier, Jean Asselborn a tenu à contrer les détracteurs de la riposte européenne. «Une levée des sanctions ne nous ramènerait pas à la situation d’avant-guerre. Il s’agit d’une illusion totale», souligne-t-il, avant d’ajouter que «nous devons maintenir la pression. Les sanctions ne seront pas levées. L’UE ne peut pas cracher sur ses valeurs en se pliant à un autocrate».

Le ministre socialiste admet toutefois que «l’économie russe ne s’est pas effondrée». Mais «ce n’était jamais notre intention. L’objectif demeure de priver Poutine de moyens pour financer la guerre et le forcer à se mettre à la table des négociations». Par contre, «l’UE a bien été consciente que dans une première phase, en raison de la hausse drastique du prix du gaz et du pétrole, Poutine encaisserait un surplus d’argent, avec à la clé une stabilisation du rouble». Le vent serait néanmoins en train de tourner.

La Russie est confrontée, elle aussi, à une inflation de 15 %. La Banque mondiale prédit pour cette année 2022 une chute de la croissance économique russe de +3 % à -6 %. «Les sanctions produisent leurs effets à moyen et long terme», insiste Jean Asselborn. Il livre des chiffres supplémentaires pour illustrer ses propos. Quelque 1 200 entreprises occidentales ont quitté la Russie, parmi eux «de grands investisseurs dans l’innovation». «L’économie russe repose beaucoup sur l’innovation, la digitalisation et l’automatisation. Tous ces secteurs sont sur le recul», détaille le chef de la diplomatie luxembourgeoise.

Une chute de 66 % de la production de voitures, une baisse de 10 % de consommation d’acier ou encore des avions qui, en raison des sanctions, ne peuvent plus être réparés ou révisés. «Nous devons maintenir la pression. Il est à espérer que dans les mois à venir, une plus grande partie des Russes prend conscience que Poutine est en train de propulser la Russie des décennies en arrière», martèle Jean Asselborn.

«La diplomatie ne doit pas être taboue»

Les sanctions seront-ils suffisantes pour faire plier le maître du Kremlin? Rien n’est moins sûr. Quelle issue donc pour cette guerre sanglante? «La diplomatie ne doit pas être taboue», affirme le diplomate en chef du Luxembourg. Rien ne pourra cependant être forcé : «La situation est claire. Nous avons d’un côté un agresseur qui ne pourra pas imposer ses conditions pour négocier. Et puis, nous avons un agressé. Il reviendra à la seule Ukraine de décider du moment et des conditions sous lesquelles des négociations de paix pourront être engagées.»

«Aussi longtemps que les attaques militaires perdurent, je vois difficilement comment des pourparlers directs pourraient avoir lieu», précise encore Jean Asselborn. La médiation des Nations unies constituerait un espoir, vu que celle-ci a réussi à mettre fin au blocage des exportations de céréales et à imposer la présence d’inspecteurs onusiens à la centrale nucléaire de Zaporijjia.

La Russie comme partenaire?
«Des erreurs ont été commises»

Jean Asselborn souligne qu’il est hors de question de refaire la cour au Kremlin pour obtenir de l’énergie fossile à bon prix. «Nous avons toujours pensé que l’établissement d’un partenariat commercial étroit avec la Russie pourrait stabiliser nos relations. Or des erreurs ont été commises. Moi aussi, j’ai fait des erreurs d’appréciation», admet le ministre des Affaires étrangères. «Le partenaire que fut la Russie est devenu un ravisseur», ajoute-t-il.

Le chef de la diplomatie luxembourgeoise se dit toutefois conscient des craintes de la population luxembourgeoise à cause de l’incertitude qui existe sur le coût de l’énergie. Les solutions pour venir soutenir les gens devront être négociées lors de la tripartite à venir, estime Jean Asselborn, renvoyant la balle dans le camp du Premier ministre et du ministre de l’Énergie.

2 plusieurs commentaires

  1. On voit bien que M. Asselborn n’a pas mis les pieds en Russie et qu’il prend ses désirs pour des réalités.
    Les sanctions sont un bien pour la Russie qui va, comme après 2014, retrousser ses manches et compenser les effets des sanctions en produisant localement.
    Actuellement, dans une ville comme St Petersbourg, les magasins croulent sous les marchandises, les gens sont bien habillés; les instituts de beauté fleurissent à tous les coins de rue, ce qui n’est vraiment pas le signe d’un appauvrissement de la population.
    La Russie développe de nouveaux partenariats avec la Chine et avec l’Inde, deux pays qui représentent un quart de la population mondiale, une bonne partie des ressources de matière premières et la première « usine du monde ».
    En face, les anglais ne peuvent même plus payer leur électricité, bientôt ce sera en Europe continentale. Avec les prix du gaz et de l’électricité qui s’envolent de nombreuses industries vont fermer ou faire faillite.
    Comme M. Asselborn n’est sans doute pas un expert en économie, voilà qui le laisse indifférent.
    La réalité va bientôt nous ratrapper et ce ne sera pas joli joli.

  2. Une autre réalité

    Plus que jamais, le dirigeant russe a bien raison d’appeler les pays européens à « revenir à la raison »… visiblement cette personne qui est Jean Asselborn ça doit faire un moment que la raison est partie!
    Dire que  »L’UE ne peut pas cracher sur ses valeurs en se pliant à un autocrate », ça fait bien longtemps que les non-élus de l’EU n’ont plus de valeurs envers leur concitoyens. Vous plier à des voleurs impérialistes tels que l’amérique c’est plus valorisant?? pour votre gouverne le luxembourg est insignifiant comme pays pour la Russie.  »L’économie russe repose beaucoup sur l’innovation, la digitalisation et l’automatisation » ils ne vous ont pas attendu ni vos diplômés pour avoir la technologie qu’ils ont et leur système éducatif est bien plus poussé que le notre qui ne font que des zombis. Le doux rêve de Asselborn et d’autre en plus de voir Monsieur Poutine mort voudraient bien voir la Russie propulsée à des décennies en arrière, c’est le but des oligarques anglo-saxons mais c’est leur but aussi de voir le vieux continent dans le même état… Le jour où on verra la Russie des décennies en arrière, nos les européens on serra sûrement mort ou mieux retournés aux champs de patates….

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