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Remboursement des séances : la CNS rompt le dialogue avec les psys


La CNS siffle l’arrêt de la partie et veut désormais avancer, quitte à écarter les professionnels du secteur.(Photo : Adobe Stock)

Douche froide pour la Fapsylux : dans le dossier du remboursement des psychothérapies, la CNS acte l’échec des négociations, pointant des «positions trop éloignées».

Alors qu’on pensait les négociations pour le remboursement des séances de psychothérapie en bonne voie, la CNS a annoncé mardi, dans un communiqué laconique, son intention de stopper toute discussion avec les professionnels, évoquant des positions «tellement éloignées» qu’elles ne lui laisseraient pas d’autre choix que d’acter l’échec des pourparlers, lors de son prochain conseil d’administration fixé au 14 septembre.

Une décision radicale et unilatérale, si l’on en croit Catherine Richard, nouvelle présidente de la Fapsylux, qui représente les psychothérapeutes du pays : «Franchement, on ne s’attendait pas à ça. Au contraire, ces derniers mois, on avançait vraiment dans le bon sens», confie-t-elle, sous le choc de ce couperet, après cinq années d’échanges plutôt tendus.

Les dernières revendications des professionnels semblaient pourtant avoir été entendues, notamment la possibilité, pour le public, de consulter un psychothérapeute sans prescription médicale préalable. «Nous avions même exprimé notre satisfaction en juillet dernier, lorsque le ministre avait convoqué une commission de nomenclature», rappelle la jeune femme.

Selon elle, les parties avaient aussi trouvé un accord sur plusieurs points de friction, comme le remboursement des séances pour tous – là où la CNS souhaitait les limiter aux patients de 18 à 60 ans – ou encore l’autorisation de l’ensemble des courants psychothérapeutiques.

La tarification au cœur du litige

C’est donc confiante qu’elle s’est rendue mardi matin à une réunion, pensant poursuivre les travaux en cours : «Au final, la rencontre a été expédiée en une heure : on a validé les rapports, puis ils m’ont indiqué qu’ils fermaient la porte aux négociations», rapporte-t-elle, parlant d’une véritable douche froide.

Mais le cœur du litige, c’est bien la tarification : les professionnels défendent, en effet, une prise en charge de qualité et estiment que cela a un certain coût.

En mars dernier, la Fapsylux avait recommandé à ses 500 adhérents de facturer 175 euros la séance, espérant susciter une «prise de conscience» tandis que certains praticiens baissaient leur prix pour compenser le non-remboursement par la CNS. Une mesure choc qui avait fait bondir la Patiente Vertriedung, estimant que les patients se retrouvaient injustement pris en otage.

Les citoyens s’impatientent

Alors que les ministres de la Santé et de la Sécurité sociale, les socialistes Paulette Lenert et Claude Haagen, ont fait de la santé mentale de la population leur fer de lance, rien n’empêche la CNS, désormais affranchie de l’avis de la Fapsylux, de fixer elle-même le tarif de la consultation ouvrant droit au remboursement.

«C’est notre crainte», lâche Catherine Richard. «Qu’ils passent en force avec un cadre qui ne nous convient pas.» Avec le risque, pour les psychothérapeutes qui pratiqueraient un prix supérieur, de voir leur patientèle fuir chez un confrère.

Il faut dire que cinq ans après la loi prévoyant le remboursement des soins psychothérapeutiques, la pression politique devient difficilement tenable et les citoyens, de plus en plus nombreux à consulter, s’impatientent eux aussi : une pétition réclamant le remboursement a récemment recueilli plus de 5 000 signatures et donnera lieu à un débat public à la Chambre des députés le 23 septembre.

Ce serpent de mer pourrait donc être bouclé avant la fin de la législature si on en croit la CNS, qui espère «pouvoir continuer les démarches prévues par les procédures légales» pour une prise en charge «courant de l’année 2023», indique-t-elle dans son communiqué.

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