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[C’était mieux avant] Ralf Lentz : «La victoire contre Modène, c’était énorme !»


Avec Strassen, son club de toujours, Ralf Lentz a remporté 12 championnats et 12 Coupes. (photo DR)

L’illustre central de Strassen et ancien capitaine de la sélection nationale revient sur les moments marquants de sa riche carrière.

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Quel est le joueur le plus fort avec lequel vous avez joué ?

Ralf Lentz : Celui qui m’a le plus impressionné, c’est Jury Kovalev, un ancien international russe qui nous a rejoints à Strassen au début de ma carrière. C’était un joueur extraordinaire par sa maîtrise du jeu et son calme. Il dominait la réception et avait ce don de calmer les joueurs à côté de lui, au point qu’il donnait une assurance énorme à toute l’équipe.

Pour moi, la valeur d’un joueur pour une équipe, c’est non seulement sa performance propre, mais aussi l’effet qu’il a sur ses coéquipiers. C’était un vrai meneur de jeu et il avait un tel impact positif sur tout le monde que je le trouvais vraiment énorme. Sa technique en attaque était aussi formidable. Il arrivait à trouver des angles merveilleux, chose qu’on ne pouvait pas soupçonner en raison de sa taille.

Et le plus fort que vous ayez affronté ?

C’est très difficile à dire ! J’ai vu énormément de joueurs passer et il n’y en a pas un seul qui sort du lot. Mais le match le plus dur, c’était en Coupe d’Europe face aux Italiens de Trente, club dans lequel joue actuellement Kamil Rychlicki. On n’avait aucune chance contre eux. Ils étaient tellement forts… on était dépassés.

Moi-même, je n’avais aucune chance face à mon adversaire direct, le central tchèque Michal Rak, qui faisait 2,10 ou 2,08 m (NDLR : 2,06 m). Sa détente, qui était tellement énorme, et la rapidité avec laquelle il jouait faisaient que je n’arrivais pas à toucher un ballon. C’est l’un des seuls matches lors desquels on a été véritablement dépassés dès le début.

Ses faits d’armes

Photo : julien garroy

Ralf Lentz a effectué l’intégralité de sa carrière à Strassen. Avec son club de toujours, celui qui évoluait au poste de central a remporté pléthore de titres sur la scène nationale : 12 championnats et 12 Coupes. Il a également fait les beaux jours de la sélection nationale pendant 17 ans. C’est avec le brassard de capitaine qu’il a gagné l’or aux JPEE en Islande en 2015 avant de triomphé quelques semaines plus tard à domicile lors des championnats d’Europe des Petits États.

Votre plus belle victoire ?

En 2015, avec l’équipe nationale, dans laquelle je jouais, on avait remporté pour la première fois les Jeux des Petits États d’Europe en Islande. D’ailleurs, la même année, on avait gagné le championnat d’Europe des Petits États en battant Chypre en finale. C’était une année parfaite ! Après tellement d’années durant lesquelles on avait essayé sans y arriver, puisqu’on avait perdu une douzaine de matches contre Chypre – qui n’était pas présent aux JPEE en 2015 en Islande –, on avait réussi à atteindre cet objectif. Ça faisait des années qu’on travaillait pour, donc c’était incroyable de réaliser cela. Et puis, les années suivantes, on a réussi à battre des nations bien plus fortes, parce que l’équipe poursuivait son développement. Mais ce moment-là, après tant d’années…

Remporter les JPEE en 2015 après tant d’années à essayer d’y arriver, c’était incroyable

Et à l’inverse, votre plus grosse déception ?

C’était aussi lors des Jeux des Petits États d’Europe, à Chypre en 2009. On s’était vraiment bien préparés ! On avait un groupe soudé et fort. Mais si je me souviens bien, on n’avait gagné qu’un seul set durant tout le tournoi. Le problème était que nos attentes étaient trop élevées. Psychologiquement, on était surexcités, surmotivés, mais on avait atteint notre pic de forme trop tôt, deux à trois semaines avant. On avait perdu le premier match, c’était assez inattendu.

Psychologiquement, on n’avait pas tenu le cap et on était entrés dans une spirale négative. On avait terminé le tournoi par un résultat vraiment mauvais qui ne correspondait pas à nos capacités. C’était très dur de remarquer qu’on avait échoué sur un plan psychologique alors qu’on était bien préparés et qu’on avait énormément travaillé. Et revenir au Luxembourg avec ce résultat et en étant critiqués, c’était très dur !

Après mon dernier titre, le moment passé avec Peter Schmitt, Olivier De Castro et Tim Laevaert était rempli d’émotions

Votre plus grand exploit ?

La victoire en 2011 avec Strassen contre Modène et aussi le résultat du match d’après face à Tel-Aviv. On avait perdu l’aller 3-0 en Italie. Au retour, Modène était venu avec une équipe remaniée parce que le club avait un match hyper-important en championnat juste après. En volley-ball, même si les individualités sont supérieures à celles de l’adversaire, ce qui était le cas, si le groupe ne fonctionne pas à 100 %, ça devient très dur. C’est ce qu’a vécu Modène.

La salle était archicomble et on avait réussi à gagner 3-0. Ensuite, on avait gagné le golden set. C’était un sentiment énorme de gagner devant notre public contre l’un des clubs les plus connus et les plus emblématiques du monde. Le tour suivant, on avait perdu 3-0 à Tel-Aviv et lors du retour à Strassen, on avait gagné le premier set. On avait alors ce sentiment qu’on pouvait recréer un exploit. Mais on a perdu la manche suivante 31-29 et finalement Tel-Aviv avait gagné 3-1. On ne sait pas ce qui aurait pu se passer si on avait gagné le deuxième set. C’était une campagne énorme contre des équipes professionnelles ! La Coupe d’Europe, c’est toujours un moment extraordinaire.

Votre plus grosse fête ?

Avec 24 titres, c’est très dur de citer une fête en particulier (il rit). Et puis, on n’a jamais été énormément fêtards à Strassen. On savourait, on fêtait un peu, mais ce n’était jamais extraordinaire. Pour moi, le moment qui a été le plus spécial, c’est après le dernier titre de champion que j’ai remporté. On avait fêté dans la salle à Strassen, comme on le faisait toujours, et après, avec Peter Schmitt, Olivier De Castro et Tim Laevaert, les trois joueurs desquels j’étais le plus proche durant toutes ces années, on était rentrés chez moi à pied, comme je n’habitais pas loin.

Une fois chez moi, on a cuisiné et on a continué à discuter de nos exploits. Bien évidemment, on a picolé (il rit), on a tous dormi chez moi, et vu qu’il faisait beau, on a passé toute la journée du lendemain, le dimanche, chez moi dans les transats, sur la terrasse au soleil, en continuant à discuter de toutes ces années, tout en savourant de bonnes bières luxembourgeoises. Ce n’était pas une grosse fête, mais pour moi, c’était un moment rempli d’émotions. Je peux dire que je m’en souviendrai toute ma vie.

Votre pire blessure ?

Je n’ai jamais eu de grave blessure. Quand j’étais âgé de 25-26 ans, j’ai eu des soucis à l’épaule et au genou. C’était dû au fait qu’à l’époque, l’entrainement physique n’était pas aussi développé qu’il l’est aujourd’hui. On s’entraînait pendant de nombreuses heures sur les aspects tactique et technique, mais pas assez sur le plan physique. Mais j’ai su résoudre ces problèmes par la suite avec des entraînements spécifiques.

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière?

J’avais décidé de réduire l’intensité de l’entraînement, comme beaucoup de joueurs le font, arrivés à un certain âge. J’ai échangé avec l’entraîneur Massimo (Tarantini), qui m’a donné son accord. L’idée était d’aider l’équipe quand il le fallait, mais sans avoir un rôle premier sur le terrain. Ça peut être utile d’avoir des joueurs d’expérience sur le bord de la touche si jamais il y a une catastrophe dans l’équipe. Mais forcément, si on réduit l’intensité à l’entraînement, le niveau baisse. Et un jour, un jeune est venu me voir avec beaucoup de respect et m’a félicité pour mon entraînement. J’avais été bon, mais j’estimais que j’étais loin des capacités que j’avais dans le temps. Alors, je me suis dit que c’était le moment d’arrêter.

Aujourd’hui
Âgé de 43 ans, Ralf Lentz occupe le poste de secrétaire général au Comité olympique et sportif luxembourgeois (COSL) depuis 2022. Sa carrière de joueur derrière lui, l’ancien central est toujours actif au VC Strassen, puisqu’il fait partie de la direction technique du club. Lorsque les finales approchent, comme c’est le cas cette semaine – les Strassenois reçoivent Bertrange demain pour le match 1 –, il aide à la préparation des rencontres sur plusieurs aspects, comme la tactique ou le scouting. Il assiste aussi en cas de besoin l’entraîneur Massimo Tarantini et son adjoint, Olivier De Castro.

 

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