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[C’était mieux avant] Roby Langers : «Zidane, on l’engueulait beaucoup!»


L’ancien attaquant international, légende vivante à Nice, revient sur sa carrière de buteur, entre mâchoire cassée, JPP, chauds derbies et transfert avorté au PSG.

Beaucoup de gens en France se souviennent de vous pour votre quadruplé inscrit en mai 1990 avec Nice contre Strasbourg (6-0), en barrages pour le maintien en D1. Est-ce votre plus grand exploit  ?

Certainement, oui. À l’aller, on perd 3-1 et je marque déjà le but très important à l’extérieur. Au retour, le Ray (l’ancien stade de Nice) était plein à craquer, on mène 4-0 à la mi-temps et j’inscris les quatre buts. J’aurais même pu marquer le cinquième, mais je l’ai donné sur un plateau à El-Haddaoui! Pour moi, c’était une très belle saison : je marque 17 buts, plus les cinq en barrages. Mais si vous aviez vu, après le match, l’ambiance qu’il y avait dans le stade, et en dehors du stade… Quelle folie! Encore aujourd’hui, quand je vais à Nice, les gens me parlent toujours de ce match mythique. Au niveau collectif, ce match est aussi mon plus grand exploit, mais au foot, tout est justement collectif : tes buts, tu les marques toujours grâce aux autres. À Orléans (1988/89), quand j’ai marqué 27 buts en D2, plus huit en Coupe, j’avais aussi de très bons joueurs à côté de moi.

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Quel est le plus beau souvenir de votre carrière ?

Ce match contre Strasbourg, et la fois où on (le Luxembourg) a joué l’Allemagne, qui venait d’être championne du monde, et qu’on n’a perdu que 3-2 (le 31 octobre 1990 au stade Josy-Barthel). J’ai d’ailleurs marqué le deuxième but. Mais on aurait pu faire match nul!

Quel est le plus joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?

Sans ces neuf matches ratés, j’aurais pu finir meilleur buteur devant Papin

Sans discussion, c’est Zinédine Zidane, à Cannes (1991/92). À l’époque, il était déjà très fort. Le problème, c’est qu’il était jeune et qu’il aimait bien garder le ballon. On l’engueulait beaucoup à l’entraînement, hein! Même pendant les matches, parfois. Il était encore inconnu, mais tu voyais qu’il avait du ballon. À Mönchengladbach (1980-82), j’ai aussi eu la chance de démarrer ma carrière avec Lothar Matthäus (champion du monde et Ballon d’or en 90). Tu voyais aussi, à cet âge-là (19 ans) qu’il allait faire quelque chose de super.

Y a-t-il des équipes que vous n’aimiez pas affronter ?

En D2 française, il y en avait beaucoup (il rit)! Tu prenais beaucoup de coups. Quand tu allais en Corse, à Martigues ou Istres, oh purée, c’était très chaud! D’autant plus qu’il n’y avait pas les caméras comme aujourd’hui : si quelqu’un voulait te mettre une gifle dans le dos de l’arbitre, il te la mettait. J’ai joué à Marseille en D2, mais avec Nice, je n’aimais pas les affronter. C’était une grande ambiance, un petit derby, un public de fou et en plus, tu avais soit Basile Boli, soit Carlos Mozer sur le dos. Des tueurs!

Quelle est l’équipe la plus forte que vous ayez affrontée ?

En équipe nationale, je dirais la France, quand on a perdu 6-0 au Parc des Princes (le 30 octobre 1985) et qu’ils avaient le carré magique au milieu : Platini, Fernandez, Tigana et Giresse. Très, très belle équipe. En championnat, il y avait le grand Bordeaux, mais j’ai un faible pour l’OM de Bernard Tapie. Ils étaient très durs à jouer.

Et la plus belle dans laquelle vous ayez joué ?

Nice, en D1. Je m’entendais superbement bien avec Jules Bocandé (décédé en mai 2012). C’était un pote, un frère et sur le terrain, il se battait pour l’équipe, et je suis désolé qu’il ne soit pas plus parmi nous, car c’était un grand monsieur. Footballistiquement, il était déjà en train de décliner, mais il m’a donné un gros coup de main sur le terrain.

Quelle a été votre blessure la plus grave ?

On a envoyé une photo à Zizou. Une demi-heure après, il a répondu : «Roby Langers, la classe!»

Quand on a fait 0-0 contre l’Écosse à la Frontière (le 2 décembre 1987 à Esch), j’ai eu une double fracture de la mâchoire en recevant un coup de coup volontaire d’un adversaire. J’étais à Guingamp à l’époque, j’ai mangé à la paille pendant six semaines et n’ai pas joué durant trois mois. Et puis malheureusement, à Nice, alors que j’avais inscrit 12 buts en 15 matches et que j’étais devant Jean-Pierre Papin au classement des buteurs, j’ai eu un double claquage aux adducteurs : j’ai été arrêté cinq semaines, ils m’ont fait redémarrer trop vite et j’ai rechuté. Sans ces neuf matches ratés, j’aurais pu finir meilleur buteur de D1, je pense (hors barrages, il finit à 17, «JPP» à 26).

Y a-t-il un joueur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Je voyage beaucoup, alors j’en revois! L’été dernier, j’étais à Cannes, et j’ai revu José Bray, un ancien équipier. On a envoyé une photo sur Whatsapp à Zizou. Une demi-heure après, il a répondu : «Roby Langers, la classe! Bisous à vous deux.» J’ai aussi beaucoup de contacts avec Luis Fernandez, c’est un très bon pote! Zizou, j’aimerais bien le revoir, mais il est difficile à croiser.

Quel est votre plus grand regret ?

De ne pas avoir pu signer au Paris Saint-Germain en 1990, quand j’ai fini 3e meilleur buteur du championnat de France. Je m’étais mis d’accord sur un super contrat avec le président Borelli, sur trois ans, avec le triple du salaire que j’avais à Nice… j’avais encore un an de contrat et Nice a mis la barre trop haut.

Quel est le coach qui vous a le plus marqué ?

Je dirais Paul Philipp, et pas seulement parce que j’ai joué avec lui et que nous avions une relation spéciale. Il a apporté beaucoup à l’équipe nationale. Même si on n’avait que trois ou quatre professionnels, on était toujours contents de venir en sélection! En club, il y a bien sûr Carlos Bianchi à Nice, mais à Quimper (1984-86), j’avais Włodzimierz Lubański, un Polonais qui avait fait trois Coupes du monde! Très bon coach aussi. À «Gladbach», Jupp Heynckes ne me faisait pas beaucoup jouer, car il n’avait droit qu’à deux étrangers sur la feuille de match, mais c’était un très bon entraîneur.

Vous souvenez-vous du jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?

Tu ne décides pas! La carrière professionnelle, ça se fait automatiquement, tu le sais quand tu ne peux plus. Mais je voulais arrêter dans le club où j’avais commencé, alors j’ai fait encore une saison à l’Union (aujourd’hui RFCU). J’ai joué une quinzaine de matches (17) et ai marqué 14 buts. C’était bien, pour boucler la boucle.

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