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Budget 2023 : Backes sévèrement recalée


Le CSV de Laurent Mosar et Gilles Roth n’a pas épargné la ministre des Finances, Yuriko Backes (à l’arrière-plan).

Les partis de l’opposition estiment en bloc que les priorités budgétaires de la ministre des Finances ne sont pas à la hauteur des défis auxquels est confronté le Luxembourg. La campagne électorale est lancée.

Le marathon budgétaire doit s’achever aujourd’hui en fin de matinée, au bout de près de 15 heures de débats à la Chambre. Le premier tour des discussions est venu confirmer ce qui était déjà acté au moment du dépôt du projet de budget, à la mi-octobre : le cadre financier que se donne l’État pour 2023 sera validé par les seuls 31 élus de la majorité gouvernementale, contre les 29 élus de l’opposition, vent debout contre les chiffres, projets et investissements inscrits dans le premier budget de la ministre des Finances, Yuriko Backes.

Tout au plus, c’est le député pirate Sven Clement qui a eu un demi-mot plus positif adressé au gouvernement : «Tout n’est certainement pas mauvais, mais on aurait voulu voir d’autres priorités fixées, plus proactives, plus courageuses et plus ciblées». Pour le reste, l’élu s’est dit «déçu» par «un budget de crise qui ne correspond pas aux exigences», notamment dans les domaines du logement, de l’énergie et de la crise climatique. Sa conclusion est sans appel : «La ministre clame ne pas vouloir faire un harakiri financier. Elle a raison. Ce budget saigne lentement à blanc les caisses de l’État».

«Aucun jalon n’est posé pour l’avenir»

Le ton avait été donné dès le début de la matinée par Gilles Roth (CSV), orateur du principal parti d’opposition. À l’image d’autres intervenants, son analyse sur le budget 2023 a pris des allures de discours électoral avant l’heure. «Nous avons besoin d’une autre politique», clame-t-il. Car la politique menée par le gouvernement tricolore serait faite de «promesses non tenues». «L’État n’avait jamais encore été autant endetté. Les citoyens n’avaient, lors des 30 dernières années, jamais encore payé autant d’impôts. Les prix du logement n’avaient jamais encore été aussi élevés. Les gens n’avaient jamais encore été autant bloqués dans les bouchons. Le surplus dégagé par le système de pensions n’avait jamais encore été aussi peu important», tranche le député chrétien-social.

L’ADR de Fernand Kartheiser en a remis une couche en se voyant déjà intégrer le prochain gouvernement, avec comme promesse clé de réduire la dette publique. Des coupes à l’échelle de l’aide à la coopération au développement et de la politique migratoire ainsi qu’une baisse des contributions financières aux fonds climatiques ou au budget de l’UE sont annoncées. Une autre piste : le retour à un approvisionnement en gaz à bon prix, y compris depuis la Russie, et un soutien renforcé du nucléaire. «Nous sommes les seuls à offrir de nouvelles perspectives au pays, qui sont rationnelles et non pas sectaires», lance l’élu à l’adresse du CSV, mais aussi à déi gréng. Le budget 2023, par contre, «n’est pas dans l’intérêt du pays».

Une proposition majeure de déi Lénk est l’introduction d’un impôt de crise de 15 % à prélever sur les revenus de plus de 150 000 euros et les entreprises signant d’importants bénéfices. Plus de la moitié de la population soutiendrait une telle mesure. Or, le gouvernement n’aurait aucune intention de cibler davantage sa politique fiscale, préférant rester en mode «autopilote» avec pour objectif de garder le «statu quo». «Des priorités politiques, voire une vision politique, ne sont pas à identifier dans ce budget. Il ne pose pas d’accents, ne remet pas en question des concepts dépassés et, surtout, ne pose aucun jalon pour l’avenir.»

Des allègements fiscaux
annoncés fin avril?

Le conditionnel reste de mise, mais la ministre des Finances a souligné, hier, devant les députés «vouloir maintenir la promesse de proposer des allègements fiscaux socialement échelonnés et ciblés». La condition sine qua non sera cependant que les finances publiques présentent au printemps prochain la marge financière suffisante pour procéder à ces allègements.

En tout état de cause, il n’y aura ni adaptation du barème d’imposition à l’inflation ni réforme fiscale intégrale. Yuriko Backes souhaite être fixée sur le solde final du budget 2022, la situation des recettes et dépenses à la fin du premier trimestre ainsi que les perspectives actualisées sur la conjoncture et l’inflation avant de trancher.

En attendant, les mesures prises par la tripartite et inscrites dans les deux paquets de solidarité successifs vont permettre d’augmenter, en 2023, le pouvoir d’achat des ménages de 2 %. «Une adaptation du barème n’est donc pas forcément nécessaire pour compenser une perte du pouvoir d’achat», conclut la ministre libérale.

Des annonces concrètes sont annoncées au plus tôt pour la fin du mois d’avril 2023.

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