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[Basket] Clancy Rugg, la force tranquille


Clancy Rugg a le sourire en regardant ce ballon de basket qui a changé sa vie. Le conduisant de Burlington à l’équipe nationale luxembourgeoise.  (Photo : Mélanie Maps)

Aussi impressionnant sur un parquet que discret dans la vie, Clancy Rugg s’est installé comme une personnalité incontournable du basket luxembourgeois.

Même s’il est capable de dunker depuis qu’il a 1415/15 ans, le bling-bling, très peu pour lui. Clancy Rugg est un homme simple. Affable. Qui préfère s’exprimer balle en main qu’avec des mots. Et cela fait neuf ans qu’il le fait au Luxembourg : «C’est devenu ma deuxième maison», explique le natif de Burlington, dans le Vermont.

Alors qu’il rêvait de faire du baseball, qu’il a pratiqué en parallèle avec le basket jusqu’à 16 ans, il a choisi la balle orange : «J’ai grandi et j’ai vu que je me débrouillais mieux en basket», confie l’ancien lycéen, élu Mr. Basketball du Vermont en 2009.

Il débute ensuite sa carrière universitaire chez les Catamounts du Vermont, où il étudie notamment l’histoire : «Mon père m’a souvent parlé de mon grand-père qui a combattu dans le Pacifique et qui a pris une balle dans la jambe à Iwo Jima lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette période m’a toujours intéressé.»

Sur le terrain, les débuts sont compliqués : «La première année, j’étais au bout du banc. Il faut dire que j’étais tellement maigre…», sourit celui qui est devenu un joueur athlétique de 2,03 m qui sait se faire respecter dans la raquette.

Je n’ai jamais rêvé de NBA. Je suis un joueur qui vient de Vermont et pas de Duke ou North Carolina

Mais il s’accroche. Et est récompensé de ses efforts en bénéficiant d’une bourse pour ses deux dernières années universitaires, où il se distinguera (2e équipe de la Conférence en 3e année puis 1re en 4e).

Avant de se lancer dans le monde professionnel «normal», il veut tenter sa chance dans le basket. Attention, le garçon connaît sa valeur : «Je n’ai jamais rêvé de NBA. Je suis un joueur qui vient de Vermont et pas de Duke ou North Carolina. Je me suis dit que si j’arrivais à faire une carrière de quelques années, ce serait déjà très bien.»

Il vivra quelques grands moments avec les Catamonts, notamment lors de sa seule apparition en March Madness, en 2012, face aux stars de North Carolina devant 23 000 spectateurs : «Il y avait six futurs joueurs NBA, ils nous ont tués.»

Ou encore à l’occasion d’une défaite rageante en novembre 2013 (91-90) contre Duke, du légendaire coach K : «Un match dingue. J’avais joué contre Jabari Parker (NDLR : futur n° 2 de la draft en 2014) et j’avais mis 20 pts.»

Les Musel Pikes cherchaient un joueur. C’était ma seule offre

Une fois diplômé, il attend un coup de fil de son agent : «En août, rien. J’étais très nerveux. Mon père m’a dit que je devrais chercher un job à la poste.» Allait-il devenir l’un des plus grands postiers du Vermont? Non! «En septembre, j’ai enfin reçu un appel : les Musel Pikes cherchaient un joueur. C’était ma seule offre. Pour moi, le choix était vite fait.» 

Évidemment, il n’avait aucune idée de l’endroit où il arrivait : «J’ai pensé que c’était une ville en Allemagne. Mais avant de m’envoler, je suis allé sur Wikipédia, j’ai regardé un peu le pays, la ligue. Et deux jours après, j’ai débarqué au Luxembourg.»

Il ne le sait pas encore, mais il ne partira plus jamais. Il s’impose rapidement comme un joueur majeur du championnat, butant chaque fois sur la dernière marche avec les Musel Pikes. Et après trois saisons, il rejoint le Basket Esch : «Chez les Pikes, on partageait un appartement et une voiture pour quatre. J’avais besoin de plus d’espace et de ma propre voiture. Esch m’a donné tout ça.»

Il faut dire que sa femme, Tatsiana Khatsko, Biélorusse qui jouait au Telstar, était enceinte de leur premier enfant, un petit James, désormais âgé de cinq ans et qu’il espère prochainement initier au golf, son autre sport de prédilection.

C’est grâce à Clancy qu’on a réussi à élever notre niveau

C’est donc à Esch qu’il remportera son premier titre au Luxembourg, la Coupe la saison dernière. Ben Kovac, désormais au Patrioti Levice, est resté très proche de son ancien coéquipier : «Je l’ai toujours considéré comme mon grand frère. Et depuis 2017, on s’entraîne chaque été ensemble. Et on se voit en dehors du basket.»

Modèle d’intégration, Clancy Rugg a tout de suite voulu s’installer durablement au pays. Et il a donc fait les démarches pour être naturalisé : «On peut le faire au bout de cinq ans. J’en ai parlé à Ken (Diederich). Il m’a expliqué qu’il fallait parler luxembourgeois, c’est ce que j’ai fait. Maintenant, je le parle tous les jours.»

Il faut dire que venant du Vermont, l’un des plus petits États des États-Unis, situé entre Québec et New York, pas très loin de Boston où évolue son équipe favorite, les Celtics, il a des facilités pour apprendre les langues étrangères. Notamment le français qu’il maîtrise très bien.

Cela fait donc plusieurs années qu’il fait le bonheur d’une équipe nationale en pleine progression : «Même si on a gagné des matches avant lui, c’est grâce à Clancy qu’on a réussi à élever notre niveau», constate l’entraîneur national Ken Diederich. 

Le truc avec lui, c’est que tant humainement qu’au niveau du basket, il n’y a pas grand-chose à redire

Franck Mériguet, son coach à Esch, n’a également que du positif à dire de son joueur majeur, en lice pour être MVP du championnat (24,6 pts et 11,3 rebonds par match) : «Le truc avec lui, c’est que tant humainement qu’au niveau du basket, il n’y a pas grand-chose à redire. Je suis impressionné par sa régularité. C’est un leader naturel qui n’a pas besoin d’élever la voix. Simplement par son attitude et son comportement. C’est pour cela que tout le monde l’apprécie.»

Clancy Rugg, qui a un CDI avec Esch, se voit encore jouer «quatre ou cinq ans». L’homme de 31 ans, qui donne également des cours à la Lasep, a commencé à réfléchir à sa reconversion.

Et en parallèle, il s’occupe de son autre bébé, son camp de basket : «On est partis de rien. Au début, il y avait 25 enfants. Maintenant, on en a 75 qui viennent de tout le pays. C’est complet. On propose des activités, des concours. C’est sympa pour les enfants et les parents.» Vous avez dit bien occupé…

Un commentaire

  1. Decker Alain

    Clancy est un joueur doté de toites les qualités entant que sportif. Non seulement ses qualités de basketteur mais aussi sa modestie et le fait de s’intégrer à la culture luxembourgeoise ont fait de lui mon favori absolu entant de basketteur. ppur moi c’est le basketteur le plus complet au luxembourg (et ailleurs au monde)

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