Accueil | A la Une | Affaire Bisdorff : «Ce n’était plus la peine de lui parler»

Affaire Bisdorff : «Ce n’était plus la peine de lui parler»


Les étangs avaient notamment été asséchés dans l’espoir d’y retrouver le corps du nourrisson. (Photo : archives LQ)

Toujours pas de Sarah et encore moins de Bianka. À mesure que les jours passent, la piste de la négligence apparaît comme de plus en plus plausible, mais impossible de l’affirmer.

En ce cinquième jour de procès, la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg cherche toujours à établir avec certitude ce qui est arrivé à la petite Bianka quelques jours après sa naissance, le 6 juin 2015.

L’enfant n’a plus donné signe de vie depuis le 15 juin 2015, quand deux ouvriers communaux ont croisé sa maman portant «un paquet» près des étangs entre Pétange et Linger. Puis à nouveau quelques minutes plus tard, cette fois sans ce qu’ils ont pris pour un bébé emmailloté dans une couverture rouge.

Sarah, sa maman, se joue depuis de ses proches et de la justice en refusant de révéler si la petite fille, qui aurait sept ans aujourd’hui, est toujours en vie ou si elle est décédée.

La jeune femme de 39 ans a toujours avancé que sa fille se trouvait sous la bonne garde d’une certaine Christelle ou d’une tante. Elle la lui aurait confiée alors que la justice voulait la lui enlever pour la placer dans un foyer. Car Sarah n’aurait pas été la bonne maman qu’elle prétend être. La garde de ses cinq aînés lui avait déjà été retirée.

La mère de Sarah n’a jamais vu le nourrisson

Aux enquêteurs de la police judiciaire, elle avait juré qu’ils ne retrouveraient jamais Bianka, mais que le nourrisson allait bien. Depuis plus de sept ans, elle conserve précieusement pour elle la clé de la disparition de sa fille. Une disparition qui semble ne regarder qu’elle seule.

Sarah a choisi d’ignorer son propre procès. Tout comme les membres de sa famille ou des amis avec qui elle a rompu tout contact depuis juin 2015. Sa maman et une amie, qui ont témoigné mercredi après-midi, n’ont plus jamais eu de nouvelles de Sarah.

Leurs témoignages n’ont pas vraiment fait avancer l’affaire. La maman et la tante de Sarah ont indiqué ne jamais avoir vu le nourrisson, et ce, bien que Sarah se soit rendue chez sa maman à trois reprises entre la naissance et la disparition de Bianka.

«Elle venait pour me faire du mal. Elle a toujours été comme cela. Elle m’annonçait qu’elle était maman, mais ne voulait pas me faire le plaisir de me montrer ma petite-fille», raconte la quinquagénaire à la barre. Elle explique également n’avoir connu que les deux premiers enfants de Sarah et n’avoir que depuis récemment fait connaissance de la fratrie au complet.

Bianka dormait dans une baignoire

La dernière fois qu’elle a vu sa fille, elle aurait essayé de lui tirer les vers du nez. «Je savais que la police cherchait la petite. J’ai tout essayé pour savoir où se trouvait Bianka, mais elle n’a rien dit. Elle s’est contentée de sourire», se souvient sa maman.

«Puis, elle m’a dit que son père allait recommencer à fumer et que je ne partirai pas aux États-Unis.» Sarah s’en serait ensuite allée.

Sarah aurait également tourné le dos à son amie Patricia, trop intrusive à son goût. «Je me suis tout de suite dit quand j’ai su qu’elle était enceinte que cela allait mal tourner», note cette dernière à la barre. Patricia a vu Bianka à deux reprises.

«Le bébé était tout petit. Beau, beau, vraiment mignon», indique-t-elle avant de préciser qu’il dormait dans une baignoire pour bébé dans l’appartement «très sale» de Daniel. Quand elle l’a revue – le 11 ou le 12 juin, estime le premier substitut du procureur –, Bianka avait, selon elle, perdu du poids et «avait les lèvres bleu foncé, presque violettes».

«Elle ne voulait rien savoir»

Patricia se serait émue de la santé du nourrisson, ce qui n’aurait pas plu à Sarah. «Elle ne voulait rien savoir. Ce n’était plus la peine de lui parler. Elle est partie et est revenue une heure plus tard sans le bébé», précise la témoin. «Quand elle est partie, son sac était vide et quand elle est revenue, le sac était plein.» Plein de quoi, elle ne le sait pas.

L’enquête démontre que Bianka était en vie le 12 et le 13 juin 2015. Soit une semaine après sa naissance. La suite est aussi trouble que l’eau des étangs entre Pétange et Linger.

Des témoins doivent encore être entendus cet après-midi. Une amie de Sarah, un des ouvriers communaux, ainsi que Mike et Daniel, un ami et le colocataire de Sarah, qui disent avoir des révélations à faire.

Puis seront projetées les vidéos de Sarah filmées par Daniel dans lesquelles elle avouerait avoir mis fin aux jours de sa fille. Des «aveux» à prendre avec des pincettes tant que le contenu de ces vidéos n’a pas été dévoilé.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.