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Bagarre à la fête nationale 2021 : malentendus et violences policières


Parole contre parole : policiers et fauteurs de troubles présumés s’accusent mutuellement. (Photo : archives editpress)

Trois jeunes hommes sont accusés de rébellion et de coups et blessures envers la police à la suite d’incidents survenus à la veille de la fête nationale 2021 derrière le palais, à Luxembourg.

Après avoir entendu la version des policiers mardi, la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a écouté hier le récit de la soirée qui a précédé la fête nationale 2021 fait par les trois prévenus et deux de leurs amis. Ils sont accusés de rébellion, d’outrage ainsi que de coups et blessures volontaires à l’encontre de policiers à la suite d’un contrôle d’identité qui a mal tourné vers 2 h 30. Selon la police, la quinzaine de jeunes se serait fait remarquer tout au long de la soirée par leur attitude provocante. Les jeunes accusent la police de s’être moqués du physique musclé d’un des prévenus, ainsi que de violences policières.

«Nous sommes des gens calmes», assure un des amis des prévenus dont la main a été brisée par un coup de matraque en voulant prêter main forte à un ami. «Je ne sais pas pourquoi la situation a dégénéré. Nous n’avons insulté ou provoqué personne.» Policiers et jeunes semblent avoir été dépassés par la situation. Des fêtards présents derrière le palais grand-ducal se sont mêlés à la bagarre et ont compliqué la tâche des forces de l’ordre pour ramener le calme.

«Nous ne sommes pas des bagarreurs»

Le deuxième témoin accuse un des policiers de s’être montré agressif envers un des prévenus. «Nous avons essayé de calmer le jeu, mais notre ami et le policier ne nous écoutaient plus. (…) Quand les renforts sont arrivés, leur attitude était déjà agressive», raconte le jeune homme. «C’était le chaos. J’ai reçu du spray au poivre. Je ne voyais plus rien, je n’arrivais plus à respirer, j’étais au sol. J’étais balloté dans tous les sens, incapable de réagir.»

La bande voulait partir. «Nous étions nombreux, nous attendions une partie du groupe et puis, il y a eu l’histoire avec les filles. Nous ne sommes pas des bagarreurs. J’ai montré ma carte d’identité», témoigne nerveusement le premier des prévenus. C’est parole contre parole. «Tous les témoins, et pas uniquement des policiers, ont dit que le groupe n’avait pas cessé les provocations», le reprend la présidente. Le prévenu n’aurait fait qu’essayer de comprendre le «manque de respect» et «l’attitude illogique» des policiers à leur égard en parlementant.

Une question de moment

Le jeune homme nie tout et rejette la responsabilité des faits sur d’autres fêtards ainsi que sur un policier. Le deuxième et le troisième prévenu aussi. Selon eux, le trio prend pour les autres. Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment. «Les gens autour se faisaient une joie d’insulter les policiers. Ils ont profité de la situation», ajoute le troisième prévenu tremblant et reprenant son souffle. «Nous n’avons insulté personne. Nous avons juste discuté. Si j’avais su où cela allait nous mener, je me serais tu.»

Le deuxième prévenu explique avoir été encerclé par les policiers alors que le groupe essayait de se faufiler dans la foule pour quitter les lieux. Il n’a pas apprécié qu’un des policiers ait insinué que son ami prenne des anabolisants et de la testostérone, mais toute discussion avec le policier aurait été vaine. «J’ai été attaqué au spray au poivre. Je n’ai pas obtempéré parce que j’ai eu peur de me prendre un coup de matraque. J’ai juste demandé de l’aide», insiste le jeune homme qui affirme avoir montré ses papiers.

Un alibi en béton

Aucun des trois prévenus n’aurait eu conscience que leurs propos pouvaient être mal interprétés par les policiers. Une explication à laquelle le procureur ne croit pas. Il appuie son opinion sur les nombreux témoignages démontrant le contraire. Selon lui, le groupe a bien sciemment donné du fil à retordre aux membres des forces de l’ordre. Contre le premier prévenu, le représentant du ministère public retient la rébellion sans armes et concertation au préalable, les coups et blessures volontaires ainsi que l’outrage à agent. Contre le deuxième, la rébellion et l’outrage. Et uniquement la rébellion à l’encontre du dernier. Il a requis des peines de 12, 9 et 6 mois de prison ainsi qu’une amende à l’endroit du trio et ne s’est pas opposé à un sursis éventuel.

L’avocat du trio, Me Rollinger, répondra au réquisitoire du parquet ce jeudi après-midi. Le représentant du parquet a demandé l’acquittement pour le quatrième prévenu qui ne s’est pas présenté au procès et a un alibi en béton : il était incarcéré au centre pénitentiaire au moment des faits et doit avoir un sosie dans la nature. Cette personne non identifiée est, selon le parquet, l’auteur principal des faits.

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