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Julien Klein face au cancer : «L’objectif, c’est de rejouer au foot un jour !»


Demain, il commence le match de sa vie.

BGL LIGUE Le capitaine du Fola, Julien Klein, malade depuis début mai, entame demain sa chimiothérapie avec confiance et combativité. «Dans six mois, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir», nous assure-t-il, alors qu’il est soutenu par tout le foot luxembourgeois.

Comment allez-vous, physiquement et moralement?

Julien Klein : Ça va. Le moral aussi. Je commence ma chimiothérapie vendredi et je vous avoue que je suis content parce que c’était long, cette attente. Je vais faire ça à l’hôpital de Mercy. J’ai déjà rendez-vous ce jeudi (NDLR : l’interview a été réalisée le 27/06) avec le chirurgien pour qu’il m’installe un boîtier sous la peau sur lequel on pourra se brancher à chaque nouvelle séance de chimio. Et donc vendredi, c’est parti pour une première séance de trois heures. J’en ai déjà une autre de prévue le 17 juillet et après, on verra bien comment mon corps réagit. Normalement, on devrait combiner avec de la radiothérapie et l’avantage, c’est que je pourrai rentrer chez moi.

On ne vous sent pas particulièrement affecté. Êtes-vous confiant?

Je suis vraiment serein! Je me dis juste que ce n’est qu’un mauvais moment à passer et que dans six mois, ce sera un mauvais souvenir qui sera derrière moi. Alors après, oui, il y a des cas où ça ne marche pas, mais ils sont rares. Mon pronostic de guérison, à moi, est assez bon. Déjà, c’est un lymphome hodgkinien et en général, les gens réagissent bien à ce genre de traitement. C’est la variante qui touche souvent des jeunes, mais à la clinique, on m’a bien dit que comme je ne bois pas et que je ne fume pas, mes chances sont encore plus élevées. C’est pour ça que je suis confiant. Même si je me doute aussi qu’il y aura des effets secondaires.

Et ça, ça vous fait peur?

Chaque personne réagit différemment à ce genre de traitement. Je n’aurai pas forcément à subir tous les inconvénients. Étant donné que je suis sportif, je réagirai peut-être mieux que d’autres, mais pour ce qui est de la perte des cheveux, de la fatigue, vraiment ça, je ne sais pas…

La tumeur fait neuf centimètres sur douze, c’était très difficile à opérer

Quand et comment cette malheureuse affaire a-t-elle commencé?

C’était fin avril. J’étais à l’entraînement et je me suis retrouvé très essoufflé au début de l’entraînement. Au début, j’ai immédiatement pensé à une connerie du genre covid et j’ai coupé. Mais une semaine plus tard, cela n’allait pas mieux alors je suis allé voir mon médecin de famille et au bout de deux minutes, il me tend un papier en me disant d’aller d’urgence à l’hôpital, pensant que j’étais en train de faire un pneumothorax. Et je me suis retrouvé aux urgences de Thionville, sur un brancard et sous oxygène parce que je n’avais plus qu’un seul poumon qui fonctionnait. On a fait un scanner et on a vu qu’une tumeur s’était logée pile entre les deux poumons. On a alors fait une biopsie. J’étais sous anesthésie locale et je ne voyais rien, mais j’entendais des bruits très bizarres dans ma poitrine. Puis on m’a retiré deux des quatre litres de liquide. Pas plus, pour éviter que le poumon ne regonfle trop vite. Mais pas étonnant si j’avais des problèmes pour respirer. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas d’où ça vient. Si c’est génétique ou quoi…

Quand le diagnostic est-il tombé?

Et bien le lendemain, le 6 mai. Honnêtement, je m’y étais préparé. Tellement bien que quand j’ai appris ce que c’était, je n’étais pas dévasté non plus. J’espérais que cela ne soit pas ça, bien sûr, mais mon médecin m’a dit que ce n’était finalement pas plus mal que cela soit quelque chose qui puisse se soigner ici, à Metz, par chimiothérapie. La tumeur fait neuf centimètres sur douze, c’est très difficile à opérer et il aurait vraisemblablement fallu que j’aille jusqu’à Paris, en sachant que c’est collé aux poumons et au cœur et que c’est très dangereux à opérer. J’ai eu de la chance d’être pris assez rapidement : honnêtement, en attendant les traitements, pour le moment, je vis presque normalement.

Quelle a été la réaction des gens, au club?

Ils ont réagi comme s’ils faisaient partie de ma famille. La peine qu’ils avaient… ça m’a touché. On aurait dit qu’ils avaient presque plus de chagrin que moi, mais c’est sans doute parce qu’ils se retrouvent comme ma famille : ils sont impuissants. Mais les joueurs, eux, ils se sont tout de suite montrés confiants. Ils m’ont tout de suite dit que ça allait bien se passer. D’ailleurs, hier soir (NDLR : mardi soir), il y a encore Mehdi Kirch et Emmanuel Françoise qui sont passés me voir. J’ai beaucoup de visites. Je suis peut-être à l’arrêt, mais entre les gens qui viennent me voir et les rendez-vous médicaux, je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer.

J’aimerais rester proche de l’équipe pendant le traitement. Me changer les idées, profiter de la vie

Une vraie solidarité des clubs du Grand-Duché s’est d’ailleurs organisée autour de votre maladie. Vous attendiez-vous à ce qu’elle soit aussi forte?

En fait, je ne suis pas trop réseaux sociaux. C’est quand j’ai commencé à recevoir plein de messages que je suis allé regarder et que j’ai vu qu’il y en avait vraiment beaucoup. Cette solidarité et ce soutien, aussi, m’ont touché. C’est beau quand les gens savent faire la part des choses, mais je pense que dans la vie, on a toujours ce qu’on mérite. Et moi, cela fait plus de dix ans que je suis là, que j’ai toujours été respectueux. Je n’ai jamais triché avec les valeurs de la vie et je pense avoir véhiculé une bonne image.

Certains messages vous ont-ils plus touché que d’autres?

Non, je les mets tous sur un même plan. Mais j’avoue que, connaissant la rivalité qui existe entre les deux clubs, voir un message de soutien sur le site de la Jeunesse Esch… c’est beau d’avoir fait ça.

Le foot, ces dernières semaines, cela vous a-t-il aidé?

Oui, cela m’a fait du bien. Surtout avec cette victoire (NDLR : 4-3 après prolongations, contre Canach) en barrage. Moralement, ça m’a aidé et d’ailleurs, j’ai dit merci aux coéquipiers. Sans ça, j’aurais de toute façon dû me battre, mais là, c’est plus facile. C’est le match le plus intense que j’aie jamais vécu. On était morts et on est revenus jusqu’à la délivrance finale. C’est une belle leçon de vie, je trouve.

Pendant le traitement, resterez-vous proche de l’équipe?

J’aimerais assez, oui. Mais cela dépendra aussi de mon état de fatigue et du fait que je serai plus fragile et donc plus sujet aux maladies. Mais j’aimerais réussir à me changer les idées et profiter de la vie. Même quand j’étais à l’hôpital, je regardais les matches en me demandant «est-ce qu’on va se sauver, est-ce qu’on va rester en vie?»

Le jeu vous manque-t-il? Ou vu votre situation, c’est le cadet de vos soucis?

Quand j’ai assisté à la reprise, je n’avais qu’une envie : être sur le terrain. Ma priorité, à l’heure actuelle, ce n’est pas de savoir si je pourrai rejouer un jour au football. Mais une fois que je serai guéri, oui, je me poserai la question de savoir si je pourrai revenir.

Au même niveau?

J’aimerais, oui. C’est l’objectif. Rejouer au foot. Mais je vieillis et je ne me serai jamais arrêté aussi longtemps. Est-ce que je pourrai revenir physiquement à ce niveau? Je n’en ai pas du tout parlé avec les médecins, mais si jamais je ne peux plus rejouer en DN, alors j’irai voir plus bas. L’idée, c’est de rejouer au football. En tout cas, le Fola est OK pour me suivre dans cette aventure. Ils m’ont conservé mon année de contrat restante et je veux voir ce que je peux faire en contrepartie.

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