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[Gardiens de la nature] À Luxembourg, le défi de la collecte des déchets


Daniel Lippert et Claude de Girolamo supervisent l’utilisation des compacteurs pour les déchets résiduels en mélange dans une résidence de la Cloche d’or.

Daniel Lippert et Claude de Girolamo tiennent l’assistance clientèle du service hygiène de la capitale. Une mission de service public importante où l’anticipation est la clé du succès.

La protection de la nature ne se déroule pas qu’en rase campagne, elle commence aussi au cœur des villes. Car si l’on veut préserver l’environnement, il est indispensable que toutes les activités qui pourraient le dégrader en amont soient correctement appréhendées. Parmi elles, un service que tout un chacun considère comme allant de soi implique cependant une grande complexité : le ramassage des déchets.

Pour la Ville de Luxembourg, c’est le service hygiène de la Ville qui s’y colle et ses défis sont immenses. Rappelons qu’avec près de 133 000 habitants, la capitale accueille 20 % de la population du pays (1 résident sur 5) sur seulement 2 % de la superficie nationale. Sachant qu’en journée, avec la présence des travailleurs, le double de personnes se trouve sur son territoire, ses services publics doivent être disproportionnés afin de répondre aux besoins élémentaires, dont la collecte des déchets.

Le service hygiène emploie 393 collaborateurs qui disposent de 145 véhicules pour effectuer leurs missions, dont 41 camions (4 utilisables pour le déneigement), 17 porte-conteneurs, 16 balayeuses aspirantes… En 2022, cette flotte a parcouru 1 624 489 kilomètres. L’an passé, 61 707 tonnes de déchets ont été collectées en tout, dont 34 464 ont été incinérées au Sidor (Leudelange) et 27 243 ont été recyclées, valorisées, compostées ou soumises à un traitement spécifique.

La loi modifiée du 9 juin 2022 relative aux déchets indique de manière explicite que depuis le 1er janvier dernier, il est interdit de mélanger dans une même poubelle les différents types d’ordures : déchets résiduels, papier/carton, verre, déchets biodégradables et Valorlux (emballages en plastique, boîtes de conserve, huile usagée, piles, batteries…). Mais il ne suffit pas de le décréter, il faut aussi mettre en place toute l’organisation nécessaire pour que les habitants puissent l’appliquer.

Un mélange de pragmatisme et de diplomatie

Depuis le 1er janvier 2019, le service hygiène de la capitale s’est doté d’une assistance clientèle qui tient le rôle d’interface entre les citoyens et l’administration communale.

«Nous sommes en contact permanent avec toutes les personnes qui vivent ou travaillent en ville : les habitants, les syndics, les administrations, les commerçants, les hôpitaux…, précise Daniel Lippert, premier employé de ce service. Nos missions sont de sensibiliser et d’expliquer tout ce qui implique le respect de la loi et de trouver les solutions pour que, sur le terrain, tout se passe au mieux lors de la collecte.»

Cette fonction revêt un côté très pragmatique et pratique, mais également un volet diplomatique lorsque les soucis surviennent. D’autant que chaque situation est différente et qu’il est quasiment impossible de faire des copier-coller.

«Il faut mettre en place différents moyens pour collecter les déchets d’une copropriété du XIXe siècle avec un seul emplacement dans le local poubelles et ceux d’une toute nouvelle résidence couplée à un centre commercial de la Cloche d’or, où tout aura été analysé en amont par nos architectes dans le cadre de la demande de permis de construire. Dans le premier cas, il faudra organiser des collectes plus fréquentes, parfois même quotidiennes. Dans l’autre, il faudra trouver les infrastructures adaptées à la quantité de déchets produits.»

Prenons l’exemple des résidences Nord et Sud de l’îlot D, à la Cloche d’or, 250 appartements habités depuis le mois de janvier pour l’une et depuis 2021 pour l’autre. Ici, tout a été prévu pour une gestion optimale du tri et de la collecte des déchets. Avant la construction, le promoteur et le service urbanisme de la Ville se sont accordés pour mettre en place un système aussi facile d’utilisation pour les habitants que pour les personnes en charge de la collecte.

Plusieurs locaux pour les poubelles sont disposés à différents endroits du parking souterrain. Chacun contient tous les containers qui permettent de trier l’ensemble des déchets, sans avoir besoin de se rendre au centre de recyclage de la route d’Arlon (près du stade Josy-Barthel). Contiguë au plus grand local, on trouve la clé de voûte de tout le système : deux énormes compacteurs qui peuvent contenir jusqu’à 4 tonnes de déchets posés sur des ascenseurs. Ceux-là écrasent les déchets résiduels en mélange, c’est-à-dire tout ce qui ne se recycle pas.

Daniel Lippert et son collègue Claude de Girolamo expliquent : «Avec cette organisation, il n’y a aucune poubelle à l’extérieur. Lorsqu’en bas, le compacteur est plein, on le fait remonter et le camion vient le récupérer pour l’emmener au Sidor.

En général, il passe toutes les deux semaines, nous pilotons le planning avec la gérance.» Cette solution technique génère plusieurs intérêts : «Dans un compacteur, nous mettons l’équivalent de 13 ou 14 containers de 1 100 litres : il y a donc un gain de place, avancent-ils. Et puis, cela nous permet de gagner beaucoup de temps, car nous effectuons beaucoup moins de passages, tout en garantissant un niveau de service élevé.»

Ces compacteurs se systématisent dans les nouveaux quartiers de la capitale, mais leur utilisation n’est pas si récente. Les premiers ont été mis en place au Kirchberg dans les années 1990 et on en compte aujourd’hui autour de 140 dans toute la ville. Ils équipent les résidences, mais également les bâtiments administratifs ou les hôpitaux.

Est-ce que l’on trie correctement?

Demandons aux principaux intéressés. Dans les résidences de l’îlot D de la Cloche d’or, la société Sodexo est chargée de l’entretien des locaux et, donc, des poubelles. Fred, Fabien et Stéphanie s’y emploient à plein temps, 5 jours sur 7. Stéphanie, la responsable, témoigne : «Beaucoup de personnes respectent bien les consignes, heureusement, mais ce n’est pas encore le cas de tout le monde. Nous faisons le maximum pour leur expliquer comment il faut faire, qu’il suffit de respecter les indications qui sont affichées au-dessus de chaque type de poubelles, mais ça ne marche pas à tous les coups…»

Alors, pour que la loi soit respectée malgré les résidents étourdis ou indélicats, Fred, Fabien et Stéphanie sont presque quotidiennement obligés de mettre les mains dans les ordures pour faire le tri à leur place. Si on n’a pas envie de trier pour l’environnement, on peut au moins le faire par respect pour ceux qui doivent s’y coller plus tard.

Carte d’identité

Nom : Daniel Lippert

Âge : 43 ans

Fonction : Assistant clientèle du service hygiène

Profil : Expéditionnaire technique dans le secteur privé, il a été recruté par la Ville de Luxembourg pour créer l’assistance clientèle du service hygiène en janvier 2019.

Carte d’identité

Nom : Claude de Girolamo

Âge : 38 ans

Fonction : Assistant clientèle du service hygiène

Profil : Titulaire du diplôme de rédacteur, il travaillait dans le secteur privé avant de rejoindre l’assistance clientèle du service hygiène le 1er juin 2022.

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