Arrêts maladies, départs volontaires, licenciements, procédures aux prud’hommes, personnel en souffrance, visite de l’inspection du travail, des syndicats de Lorraine Airport dressent un tableau peu reluisant du climat qui y règne.
Dans le langage aéronautique, on appelle ça une zone de turbulences. Lorraine Airport, infrastructure appartenant au conseil régional qui en assure la gestion, est en train d’en traverser une. Deux courriers syndicaux, envoyés aux instances politiques en septembre et janvier – soit à l’ancienne et la nouvelle majorité – et restés lettre morte font état d’une ambiance particulièrement délétère au sein de la structure.
« Les départs volontaires ou conventionnés, les arrêts maladie pour dépression ou harcèlement moral sont devenus aujourd’hui un quotidien », décrit le courrier adressé à Roger Tirlicien, président du conseil d’administration de l’EPMNL (Etablissement public Metz-Nancy-Lorraine). Il est signé de Frédéric Perrot, secrétaire CGT du comité d’entreprise.
En janvier, via un courriel cette fois, Philippe Richert, nouveau président de Région a eu droit à une version encore moins nuancée : « La situation est sous l’emprise d’un directeur général qui fait preuve d’un autoritarisme démesuré, bafoue les valeurs humaines par des humiliations et des licenciements. » Un point de vue que dit partager Michel Brunato, délégué du personnel FO.
Dans la ligne de mire : Françoise Herment-Léonard. Cette proche de Jean-Pierre Masseret, dont elle a auparavant dirigé le service de communication, pilote la structure depuis mai 2012. Beaucoup parlent de « management despotique ». A la suite d’un droit d’alerte déclenché par la CGT concernant deux cas de souffrance au travail et laissé sans réponse, l’inspection du travail a débarqué à l’improviste le 15 décembre pour auditer les salariés.
Avant de revenir début mars. Son rapport final n’a pas encore été communiqué. Le syndicat dit aussi avoir saisi la médecine du travail et la chambre régionale des comptes. Il évoque une situation qui « a décimé psychologiquement et physiquement plus de 14 personnes de la direction en trois ans ».
Masseret « pantois »
Contactée, la Région ne souhaite pas « faire de commentaires à ce stade », précisant ne pas avoir été saisie. Tout juste se borne-t-elle à rajouter que « la gouvernance politique va évoluer prochainement, comme suite aux élections. » Philippe Richert lui-même devrait prendre la présidence du nouveau conseil d’administration.
« La souffrance au travail concernant des gens protégés par un statut de fonctionnaire me laisse pantois », commente Jean-Pierre Masseret. L’ancien président du conseil régional de Lorraine se dit « peu sensible au chantage syndical visant à se débarrasser de quelqu’un ». Prenant ensuite la défense de sa directrice : « Elle a bousculé les choses. Si des gens ne font pas leur travail, des mesures doivent être prises. »
Françoise Herment-Léonard dit pour sa part « porter intérêt à tout sentiment de mal-être. » Reconnaissant que son style peut parfois déplaire : « On m’a rapporté une dureté de management. J’en ai pris acte. » Mais elle explique surtout ce climat par les difficultés des salariés à « passer d’un fonctionnement privé à public ». Et évoque « le gros cadencement de travail » qu’elle a imposé.
Si deux procédures aux prud’hommes sont en cours, concernant les deux déjà passées, elle affirme que la qualité du licenciement qu’elle a prononcé n’a pas été requalifiée sur l’une d’elle. Et que la deuxième s’est soldée par la reconnaissance d’une maladie professionnelle. Roger Tirlicien, pour sa part, désapprouve cette manière utilisée par les syndicats de pratiquer « la chasse aux sorcières » et regrette qu’on fasse porter le problème « à une seule personne ».