Laurent Mauvignier a obtenu mardi le prix Goncourt pour «La Maison vide», une vaste fresque familiale présentée comme un roman «fondamental».
«Je ressens de la joie», c’est «une récompense énorme parce que c’est un livre qui vient de l’enfance et de plusieurs générations», a réagi Laurent Mauvignier à son arrivée à Drouant, célèbre restaurant proche de l’Opéra, à Paris, où l’attendaient les dix jurés de l’académie Goncourt. Sacré dès le premier tour avec six voix, l’écrivain de 58 ans a devancé Caroline Lamarche (Le Bel Obscur), Emmanuel Carrère (Kolkhoze) et Nathacha Appanah (La Nuit au cœur). Le prix salue «un auteur qui a une œuvre déjà très importante derrière lui et qui, cette année, nous a livré non pas une somme, mais un roman quand même fondamental», a commenté devant la presse Philippe Claudel, le président de l’académie Goncourt.
Phrases amples
Laurent Mauvignier, 58 ans, est né en Touraine dans une famille ouvrière. Après avoir fait les Beaux-Arts à Tours, il se dirige vers la littérature. Parmi ses ouvrages remarqués, figurent Loin d’eux, son premier roman en 1999, Des hommes (2010), sur les souvenirs de la guerre d’Algérie, ou Histoires de la nuit (2020). La Maison vide est un récit de 750 pages, aux phrases amples, qui raconte les générations se succédant depuis le début du XXe siècle dans une bâtisse de La Bassée, un village imaginaire de Touraine qui ressemble à la petite ville de Descartes où l’auteur a grandi.
«Je crois que mon histoire familiale ressemble à celle de millions de Français, avec ses zones d’ombre et ses parts plus glorieuses», avait expliqué Laurent Mauvignier. «Au bout de deux, trois générations, les souvenirs se perdent. Et une fois que ce fil est coupé, c’est terminé totalement.» Les femmes jouent une place centrale dans le récit car ce sont «elles qui tiennent la baraque, comme c’était souvent le cas à la campagne et en temps de guerre». Il s’intéresse notamment à Marguerite, la grand-mère du romancier, dont l’existence a été entourée par «une forteresse de silence».
La Maison vide, publié aux Éditions de Minuit, fait partie des romans les plus vendus depuis le début de la rentrée littéraire. Grâce au bandeau rouge «Prix Goncourt» apposé sur la couverture, ses ventes devraient être démultipliées.
Décerné en même temps que le Goncourt, le prix Renaudot a été attribué à Adélaïde de Clermont-Tonnerre pour Je voulais vivre. Le prix Renaudot essai a récompensé Alfred de Montesquiou pour Le Crépuscule des hommes.