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France : Serge Atlaoui, ex-condamné à mort en Indonésie, est sorti de prison après 20 ans de détention


 Il a été accueilli à sa sortie de la prison de Meaux, en région parisienne, par son avocat, Richard Sédillot (Photo : afp)

La liberté, après 20 ans de détention dont 18 dans le couloir de la mort : le Français Serge Atlaoui, ex-condamné à la peine capitale en Indonésie pour trafic de drogue, transféré et incarcéré en février en France, est sorti de prison vendredi.

Vêtu d’un pantalon gris et d’un tee-shirt blanc, il a été accueilli à sa sortie de la prison de Meaux, en région parisienne, par son avocat, Richard Sédillot, à qui il a fait une longue accolade. « Il va respirer une liberté attendue, espérée depuis tant d’années », avait annoncé sa femme, Sabine Atlaoui, vendredi matin sur la radio RTL avant sa libération.

« Se dire qu’il est de retour, qu’il va être auprès de nous à nouveau dans notre quotidien, c’est tellement incroyable que je le réalise sans le réaliser », a ajouté Sabine Atlaoui, très émue, sans dévoiler le lieu et le moment où elle retrouvera son mari.

La peine de Serge Atlaoui ayant été commuée en droit français en 30 années de réclusion criminelle en février par le tribunal de Pontoise, en région parisienne, l’artisan-soudeur était théoriquement éligible à la libération conditionnelle depuis 2011, selon les règles françaises.

« Résilience » 

« L’histoire de Serge Atlaoui condamné à mort, c’est une leçon de vie. Il nous donne une leçon dans sa résilience, son courage, sa patience, son humanité », avait déclaré à l’AFP son avocat, Me Sédillot, devant la prison de Meaux, avant la sortie de son client.

Originaire de Metz, Serge Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine près de Jakarta où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts. Les autorités indonésiennes l’avaient accusé d’être un « chimiste ». Le Français s’est toujours défendu d’être un trafiquant de drogue, affirmant qu’il n’avait fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique.

Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême indonésienne alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel en 2007. L’affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l’une des plus sévères du monde. Mais aussi en France, où des personnalités s’étaient mobilisées pour le soutenir, en faisant un symbole de la lutte contre la peine de mort.

Serge Atlaoui devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais avait obtenu un sursis de dernière minute après une pression diplomatique intense de la part des autorités françaises.

« Travail diplomatique »

Sa libération est l’épilogue d’un long feuilleton diplomatico-judiciaire entre Paris et Jakarta. « Très clairement, le travail diplomatique durant toutes ces années a fait revenir mon mari et a pu faire en sorte qu’en France, on puisse avoir une issue de liberté pour nous », a ainsi souligné Mme Atlaoui vendredi sur RTL.

Serge Atlaoui et la Philippine Mary Jane Veloso, également condamnée à mort pour trafic de drogue, figuraient tous deux sur une liste de 10 détenus qui devaient passer devant le peloton d’exécution le même jour d’avril 2015 : huit furent exécutés, mais leurs deux noms ont été retirés de la liste au dernier moment.

Sous la houlette du nouveau président Prabowo Subianto, Jakarta avait ouvert la voie début novembre 2024 à de possibles rapatriements de prisonniers, indiquant être également en discussion avec les Philippines et l’Australie. Mary Jane Veloso a ainsi été rapatriée à Manille le 18 décembre, et Serge Atlaoui a finalement été transféré en France en février dernier.

Son retour avait confronté la justice au cas inédit d’adaptation en droit français d’une peine capitale, abolie dans le pays depuis 1981. La justice française n’était pas compétente sur le fond de l’affaire, définitivement jugée en Indonésie, et pouvait seulement se prononcer sur la peine de Serge Atlaoui.

Le parquet de Pontoise avait alors requis à son encontre une réclusion criminelle à perpétuité, en estimant que la peine de mort étant la plus haute peine possible, il fallait lui substituer celle qui était la plus « rigoureuse » dans la législation française.

Mais conformément à la plaidoirie de son avocat, le tribunal lui avait finalement infligé la peine maximale encourue pour la fabrication et la production de stupéfiants en bande organisée, 30 ans de réclusion criminelle.

 

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