La deuxième femme enceinte à la suite de l’expérimentation du chercheur chinois affirmant avoir créé les premiers bébés « génétiquement modifiés », pourrait en être à 12-14 semaines de grossesse, selon un médecin américain qui dit être en contact avec le chercheur.
Le scientifique He Jiankui a provoqué un tollé en Chine et à l’étranger en annonçant qu’il avait réussi à altérer l’ADN de jumelles, nées en novembre, pour les empêcher de contracter le virus du sida. Une annonce qui n’a pas fait l’objet d’une confirmation de source indépendante jusqu’à présent. Le professeur He, désormais visé par une enquête de police, avait évoqué la possibilité d’une seconde grossesse lors d’une conférence à Hong Kong fin novembre.
Selon des médias d’État, une enquête préliminaire a confirmé l’existence de cette femme enceinte. Aucun détail n’a été divulgué sur cette personne. William Hurlbut, un médecin et bioéthicien de l’université de Stanford en Californie, qui dit connaître le professeur He depuis deux ans, a déclaré qu’en novembre il était « trop tôt » pour que le fœtus soit détecté à l’échographie. A l’époque, « il n’aurait pas eu plus de six semaines, ce qui ferait 12 à 14 semaines aujourd’hui », a indiqué William Hurlbut, sur la base de longues conversations avec He Jiankui.
Documents falsifiés
William Hurlbut avait prévu de visiter le laboratoire de He Jiankui, mais ce dernier a été placé « sous la protection de personnes chargées de la sécurité » après l’annonce de son expérience, et les deux hommes ne se sont pas revus. Le Dr Hurlbut dit échanger depuis des courriels et parler au téléphone avec le Pr He toutes les semaines. Selon lui, le scientifique chinois réside dans un appartement de l’Université des sciences et de la technologie du Sud (SUSTech) à Shenzhen, où sa famille est autorisée à lui rendre visite pendant la journée. « Il ne ressemble pas à une personne en proie à une peur ou un stress terribles », a estimé l’Américain.
Une enquête menée par le gouvernement provincial du Guangdong a révélé qu’il avait « falsifié des documents d’évaluation éthique », selon l’agence Chine nouvelle. Il avait mis sur pied « en privé » une équipe de recherche comprenant des scientifiques étrangers, toujours selon l’agence officielle qui a indiqué que son cas serait « sérieusement traité conformément à la loi ».
He Jiankui risque jusqu’à trois ans de prison pour falsification de documents, a indiqué un avocat basé à Pékin. Mais il pourrait faire l’objet d’une peine plus lourde s’il est poursuivi pour menace à la sécurité publique ou pour faute médicale. « Tout cela n’est pas clair. Car ces lois n’ont jamais été appliquées pour de tels actes », explique un avocat de Shanghai.
Aucune nouvelle information concernant les jumelles nées en novembre n’a été révélée.
LQ/AFP