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Brexit: colère au Royaume-Uni sur le possible montant du règlement financier


"Il y a un (…) sujet sur lequel nous continuons notre travail, quelles que soient les déclarations ou les rumeurs dans la presse aujourd'hui, c'est celui des engagements financiers", a déclaré le négociateur en chef chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni, Michel Barnier lors d'une conférence à Berlin. (photo: AFP)

Le montant de la facture que pourrait régler le Royaume-Uni en quittant l’Union européenne selon la presse britannique a fait vivement réagir mercredi les pro comme les anti-Brexit dans la classe politique britannique.

Selon le Daily Telegraph et le Financial Times, le gouvernement britannique serait tombé d’accord avec les 27 pour payer entre 45 à 55 milliards d’euros. Une somme qui n’a pour l’instant été confirmée ni à Londres ni à Bruxelles mais provoque déjà la colère côté britannique.

« Totalement et complètement inacceptable ». Nigel Farage, député européen et ex-chef du parti europhobe UKip qui avait œuvré pour la tenue du référendum sur le Brexit, organisé en juin 2016, ne mâche pas ses mots dans une tribune publiée par le Daily Telegraph.

« S’entendre sur une somme aussi importante avec en retour la seule promesse d’un accord convenable sur notre future relation commerciale est une véritable trahison », estime-t-il.

De l’autre côté du spectre politique, le leader du Parti libéral démocrate, formation farouchement opposée au Brexit, a souligné la double perte subie par le Royaume Uni, qui doit payer « un lourd tribut » pour quitter une institution « dont il a bénéficié depuis des décennies ».

La question de la facture de sortie « met en évidence les raisons pour lesquelles un référendum sur l’accord final devrait être organisé, avec une option pour éviter le Brexit », a déclaré Vince Cable, estimant que les électeurs ont été trompés par les pro-Brexit.

Le député travailliste Chuka Ummuna, pro-européen, a quant à lui estimé que les chiffres cités dans la presse constituaient « le symbole évident de l’impossibilité à prononcer le Brexit dans les conditions qui ont été présentées au peuple britannique ».

Hausse de la livre

L’une des rares réactions positives est venue des marchés financiers. La livre britannique a atteint mercredi matin son plus haut niveau depuis deux mois face au dollar américain, signe que les investisseurs attendent avec impatience que les tractations entrent enfin dans une nouvelle phase.

Un tel accord représenterait en effet un progrès très important dans les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne entamées en juin: les 27 autres pays de l’UE ont fait du règlement financier l’une des trois conditions préalables à l’ouverture des discussions sur la future relation entre l’UE et Londres.

Aucune des deux parties n’a confirmé néanmoins l’existence d’un tel accord. Jusqu’ici, Londres avait fait une offre autour de 20 milliards d’euros, un montant jugé insuffisant par Bruxelles qui réclame au moins trois fois plus.

« Des discussions intensives entre le Royaume-Uni et la Commission européenne se poursuivent cette semaine à Bruxelles » où « nous tentons de trouver un accord », a brièvement expliqué à Londres le DexEU, ministère en charge du Brexit.

Selon certains analystes, le montant pourrait n’être jamais révélé, le gouvernement britannique voulant éviter de s’exposer à la critique sur ce sujet très sensible.

Une fois que la question financière sera soldée, des « progrès suffisants » doivent encore être réalisés sur deux autres sujets, selon les exigences de Bruxelles: la question des droits des Européens vivant au Royaume-Uni après le Brexit et les conséquences du divorce sur la frontière entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.

Les 27 doivent annoncer lors d’un sommet prévu les 14-15 décembre dans la capitale belge s’ils acceptent d’ouvrir la deuxième phase des négociations, que le Royaume-Uni s’impatiente de pouvoir commencer.

Le 24 novembre, le président du Conseil européen Donald Tusk avait donné dix jours à la Première ministre britannique Theresa May pour « constater des progrès du côté du Royaume-Uni sur tous les sujets ». Les deux dirigeants doivent se rencontrer le 4 décembre autour d’un déjeuner pour faire le point.

Le Quotidien/ AFP