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[Handball] Auger : «Pas près de voir le bout du tunnel…»


Blessé, Chris Auger se confie pour nous (Photo : Luis Mangorrinha).

Blessé le 23 novembre, opéré d’une hernie discale le 23 janvier, Chris Auger évoque son chemin de croix et livre son regard sur la sélection luxembourgeoise et la situation de Käerjeng.

Où en êtes-vous avec votre hernie discale ?
Chris Auger : Le 22 novembre, à la veille du match contre Schifflange (39-25, 9e j.), je retombe sur les fesses à l’entraînement. Cette hernie discale, que j’avais eue il y a deux ans, s’est réveillée mais cette fois, c’est plus grave car le disque touche le nerf sciatique. J’ai essayé toute la palette des traitements non chirurgicaux mais sans effet. Le chirurgien me dit alors qu’il faut procéder à une exérèse. Par chance, en raison d’une annulation, il a pu m’opérer plus tôt que prévu, le jeudi 23 janvier.

En quoi consistait cette intervention ?
J’ai été opéré à la Clinique du dos à Niederkorn par un spécialiste en microchirurgie pour qui c’était une intervention de « routine ». Si j’ai bien compris, et j’espère qu’il m’excusera si je ne l’explique pas aussi bien que lui, il a coupé une partie du disque. Puis, pour enlever les éventuels dépôts liés au frottement du disque sur nerf, il a procédé au « nettoyage » de celui-ci. À mon réveil, je n’avais plus aucune douleur! Et le tout en ambulatoire puisque le samedi 25, au matin, je ressortais de l’hôpital presque normalement avec juste une toute petite cicatrice de 1,5 cm de long dans le dos.

Avant l’intervention, quel a été votre quotidien ?
Simple, sans antalgique, je ne pouvais pas rester debout plus de cinq minutes. Avec, ça m’abrutissait…

Rester assis ou debout plus de cinq minutes, c’était compliqué

Les antalgiques, ce n’était donc pas systématique ?
Non. Dans mon malheur, j’ai eu de la chance de ne pas avoir de maux dorsaux. La douleur n’était donc pas insurmontable mais je ne pouvais rien faire. Rester assis ou debout plus de cinq minutes, c’était compliqué. Au repas de Noël, j’avais pris des antalgiques mais au bout de deux heures, là non plus ça ne faisait plus effet. Alors, je n’arrêtais pas de me lever, de m’asseoir, de me lever, etc. Ma mère me regarde et me dit « ah ben j’ai l’impression que ça va mieux, tu n’arrêtes pas de bouger. » En fait, je serrais les dents pour ne pas rejoindre le canapé où, durant deux mois, j’ai passé le plus clair de mon temps. Je m’occupais de la paperasse, je regardais la télé, je lisais… J’ai aussi regardé beaucoup de matches de handball. Que ce soit ceux du Mondial féminin ou de la sélection.

Actif comme vous êtes, ça a dû être compliqué de vous retrouver dans cet état…
Oui mais aller à l’hôpital me permettait de voir des cas bien plus compliqués que le mien et de relativiser. Ce qui a réellement été le plus dur fut de ne pas pouvoir aider ma femme enceinte aujourd’hui de huit mois. Avec son gros bidon, et alors qu’elle travaillait à temps plein, elle s’occupait de notre fils, m’aidait à me laver, faisait les courses… Bon, elle a signé pour le meilleur et pour le pire mais vraiment, Karolina a assuré, elle a été héroïque! Elle est restée toujours positive. Et ça a été une chance car mentalement, je commençais à être usé. Et puis, j’avais en tête cette deadline du 15 mars, date de l’arrivée du bébé.

À propos de deadline, cette blessure vous a empêché de disputer les deux campagnes de janvier avec la sélection et, notamment, ce barrage contre l’Estonie qualificatif pour les éliminatoires de l’Euro-2022. Comment l’avez-vous vécu ?
Cette double confrontation devait être mon dernier grand rendez-vous avec l’équipe nationale… Finalement, je l’ai regardée depuis mon salon.

Et qu’en retenez-vous ?
Déjà, je me demande si tout le monde avait bien conscience de l’importance de ce barrage. En 2016, on perd ce barrage contre la Finlande qui, dans la foulée, se retrouve dans le groupe notamment de l’Allemagne et de l’Espagne. Soit quatre matches de haut niveau lors desquels tu progresses de manière exponentielle. Ce qui n’est pas le cas lorsque tu affrontes la Grande-Bretagne. Et quand je dis ça, je n’ai rien contre mon équipier Sebastien Edgar (NDLR : international anglais)… Bref, tout ça pour dire que ce barrage était d’importance et qu’il fallait le préparer en conséquence. Mais peu de joueurs étaient prêts à faire les sacrifices nécessaires.

Tu t’engages ou tu ne t’engages pas ?

Avant même les qualifications du Mondial-2021, les deux matches de préparation en Italie n’auguraient rien de bon, au vu des joueurs disponibles…
Par le passé, la Pologne nous avait invités deux fois à un tournoi de préparation à cette période de l’hiver. Et on avait connu les mêmes problèmes. Récemment, Nikola Malesevic (NDLR : le sélectionneur) déclarait qu’il n’a pas voulu annuler ces deux matches en Italie et je suis totalement d’accord avec lui. Mais j’imagine qu’il a dû s’arracher les cheveux… Quelqu’un de bien connu dans le monde du handball luxembourgeois, dont je tairais le nom, a pour habitude de résumer cette situation par cette question : « T’es enceinte ou tu n’es pas enceinte? » Comprendre : tu t’engages ou tu ne t’engages pas ? Si un joueur n’est pas capable de se rendre disponible et de faire les sacrifices qui s’imposent, qu’il ne vienne pas pleurer parce qu’il n’est plus appelé en sélection… Alors, on dira encore une fois que c’est la limite de notre système. Trop bon pour être amateur, mais pas assez pour être professionnel mais faut aussi savoir ce qu’on veut…

De manière simpliste, l’idéal serait d’avoir davantage de joueurs professionnels…
Avant le match contre l’Estonie, je suis allé sur le site de la fédération estonienne où il était écrit que 20 joueurs avaient pris part à la préparation. Les quatre non-retenus jouaient tous dans le championnat estonien… Il n’y a pas de miracle. Alors, je ne supporte plus de lire ou d’entendre qu’untel ou untel à un énorme talent, qu’il pourrait faire ci ou ça, qu’il pourrait jouer en 2e Bundesliga… D’ailleurs, de quelle 2e Bundesliga parle-t-on? De celle d’il y a 20 ans ou d’aujourd’hui? Et puis, surtout, ça ne reste que du conditionnel. Le seul Luxembourgeois à avoir réalisé une vraie carrière professionnelle c’est Dan Ley.

Il y a eu Martin Muller aussi à Nancy…
Oui mais il ne l’est pas resté très longtemps. Comme moi d’ailleurs, j’ai été pro durant deux ans et demi. Une carrière, ça se joue entre 16 et 18 ans. C’est là que le train passe. Après, tu peux essayer de le prendre en marche mais c’est trop tard.

Tant que je resterai en activité, je serai à la disposition de l’équipe nationale

Que pensez-vous alors de ces jeunes Luxembourgeois qui évoluent en Allemagne ?
C’est très bien mais tous ne veulent pas forcément être pro. Dimitri Mitrea, qui est très bon, n’est pas parti à Rostock pour le handball mais pour ses études de dentiste. Et je trouve que c’est très bien qu’il le dise. Après, si je prends le cas de Jacques (Tironzelli) que je connais bien pour avoir joué avec lui, il se trouve à Lemgo pour tenter sa chance et j’espère vraiment ne pas le voir revenir trop vite au Luxembourg… Si je dois payer mon billet pour le voir lors d’un Lempo – Rhein Neckar Löwen, j’en serais très heureux !

Et vous, qu’en est-il de votre avenir en sélection ?
Si vous m’aviez posé la question il y a trois mois, je vous aurais répondu qu’elle pouvait encore compter sur moi durant trois ans. Mais là, je ne sais pas… Enfin, je vais déjà entamer la rééducation. J’ai perdu huit kilos, essentiellement du muscle, donc il va me falloir un peu de temps pour retrouver mon niveau. Ceci étant, tant que je resterai en activité, je serai à la disposition de l’équipe nationale.

Côté championnat, Käerjeng reçoit ce mercredi les Red Boys après trois revers en cinq matches à Esch (31-24, 8e j.), Dudelange (33-29, 10e j.) et Berchem (38-28, 13e j.), samedi dernier. Que cela vous inspire-t-il ?
Ce mercredi, j’ai rendez-vous avec mon médecin, mais normalement, je serai à la salle le soir. La situation est mauvaise et le jeu produit par l’équipe n’est pas terrible. Après, entre ma blessure, les bobos de Radojevic et Hummel qui jouent quand même, c’est compliqué… Si c’était la fin de saison, on dirait tant pis mais il reste encore les dix matches du play-off à jouer et, dans ces conditions, on n’est pas près de voir le bout du tunnel… J’espère qu’on va en gagner l’un ou l’autre pour finir la saison sereinement.

Entretien avec Charles Michel

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