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Une bouffée d’air pour les agriculteurs luxembourgeois


« La crise actuelle est venue nous rappeler l'importance de disposer d'une plus grande indépendance en termes d'alimentation », souligne le ministre Romain Schneider. (photo Hervé Montaigu)

Le secteur agricole, viticole et agroalimentaire va toucher une nouvelle enveloppe de 3 millions d’euros pour atténuer le choc de la crise sanitaire. En juin, 2 millions d’euros avaient déjà été débloqués.

Le Luxembourg compte encore quelque 1 650 exploitations agricoles. Selon Guy Feyder, le président de la Chambre d’agriculture, le secteur a connu « une renaissance sur le plan psychologique » pendant le confinement. « Les consommateurs ont pris conscience de la valeur et de l’importance des produits locaux », explique-t-il. Malgré le fait que « le marché local continue à gagner en poids », les agriculteurs, viticulteurs mais aussi les coopératives agroalimentaires restent fortement impactés par la crise sanitaire et les importantes fluctuations du marché qui en découlent.

Le ministère de l’Agriculture n’a pas hésité à mettre sur pied un paquet de relance, doté de 5 millions d’euros. « La crise actuelle est venue nous rappeler l’importance de disposer d’une plus grande indépendance en termes d’alimentation », souligne le ministre Romain Schneider. À la mi-juin, les exploitations agricoles et viticoles se sont vu accorder des aides directes et indirectes à hauteur de 2 millions d’euros. L’objectif premier était de consolider le secteur en palliant des problèmes de trésorerie. En parallèle, l’accent a été mis sur la promotion des produits locaux. La fourniture d’aliments luxembourgeois dans la restauration collective et l’élaboration d’un projet pilote pour la distillation de vins de moindre qualité afin de produire des produits désinfectants ont également été subventionnées.

Viande et viticulture fortement impactées

Un échange virtuel avec les représentants du terrain («Landwirtschaftsdësch Covid»), organisé jeudi, a permis de ficeler un deuxième plan d’aide doté de 3 millions d’euros. Selon Guy Feyder, le secteur de la viande mais aussi la viticulture (reprise timide dans l’Horeca, secteur de l’événementiel au point mort) restent les plus lourdement impactés par la crise. Le président de la Chambre d’agriculture pointe plus particulièrement la situation des producteurs de viande de porc. « Nous sommes très étroitement connectés au marché allemand. Les ondes de choc provoquées par le scandale social et sanitaire chez Tönnies, le plus grand abattoir allemand, se font toujours ressentir sur les prix, qui sont au plus bas », avance Guy Feyder.

Le Grand-Duché suffit largement à ses besoins en viande (production de 114%), mais les agriculteurs sont obligés d’exporter les produits non demandés sur le marché. « Pour chaque kilo de viande exporté, il faut compter 2,5 kilos de viande importés », calcule le représentant du secteur agricole. De plus, une épée de Damoclès flotte au-dessus de la tête de l’ensemble du secteur. « Jusqu’ici, les filières de transformation ont bien fonctionné, mais parfois cela n’a tenu qu’à un fil. Si plus personne ne peut transformer notre matière première, on sera pris au dépourvu », fait remarquer Guy Feyder.

«Une simple goutte dans la mer»

Ce sont en fin de compte 933 exploitations et producteurs qui vont bénéficier du deuxième paquet de relance. Une aide ciblée de 1,5 million d’euros (forfaits entre 1 000 et 5 000 euros) sera versée au secteur de la viande. Une enveloppe de 500 000 euros (forfaits de 5 000 euros) est réservée aux membres des coopératives agroalimentaires (graines et pommes de terre). Enfin, le ministère prend en charge la contribution des viticulteurs au fonds de solidarité viticole (150 000 euros). La digitalisation du secteur agricole sera soutenue avec 850 000 euros.

«Pour les producteurs de viande, et même les viticulteurs, il s’agit d’une simple goutte d’eau dans la mer. Mais nous considérons cette aide comme une reconnaissance de la part du gouvernement. Nous sommes conscients des contraintes qui existent », admet Guy Feyder. L’aide publique dont peut bénéficier le secteur agricole est en effet limitée et doit être avisée par la Commission européenne.

David Marques

Du luxembourgeois dans les cantines

Ces deux dernières années, le ministre de l’Agriculture a dû faire face à de sévères critiques de la part de différentes associations agricoles et environnementales. En cause : l’achat et la distribution dans les écoles de fruits non locaux. D’une manière plus générale, l’absence de produits locaux dans les cantines dépendant de l’État a été fustigée. « D’aucuns ont estimé que ni la capacité de production ni le prix de la production nationale n’étaient adaptés pour fournir les quantités nécessaires », note Romain Schneider.

Aujourd’hui, des projets pilotes sont lancés dans quatre cantines (crèche, lycée, hôpital et maison de repos). Le ministère soutient l’initiative avec 200 000 euros. « Il s’avère que si tout est bien organisé en amont, il est possible de recourir de manière renforcée à des produits locaux dans la restauration collective », précise Romain Schneider. D’ici 2025, 50% des produits pour la restauration collective devront provenir de l’agriculture locale, dont 3/5 de la filière classique et 2/5 de la filière bio.

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