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Un bilan social mitigé pour le Luxembourg


Jean-Claude Reding et Félix Martins de Brito (à d.) à la Chambre des salariés à Luxembourg-Merl, lundi. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le Luxembourg, en dépit de sa croissance enviable, reste en deçà de nombreuses exigences européennes, notamment sur le plan social.

La Chambre des salariés a présenté lundi son Panorama social 2017, analyse basée sur les statistiques d’Eurostat et du Statec. Si globalement Jean-Claude Reding, le président de la Chambre des salariés (CSL), constate une «légère amélioration» de la situation sociale au Luxembourg, notamment en raison de la réforme fiscale entreprise par le gouvernement, il serait trop tôt pour exclure que certains aspects se soient «aggravés».

Le Panorama social, portrait social du Luxembourg, est divisé en trois parties : dans la première, les analystes de la CSL se penchent sur le phénomène des inégalités et de la pauvreté. Un deuxième volet est consacré au chômage et à l’emploi, enfin la publication se tourne vers les conditions et la qualité de l’emploi. Concernant la répartition des revenus entre les 20 % les plus riches et les 20 % les plus pauvres, si elle a connu une évolution favorable à ces derniers en 2015 et 2014, dans la durée, en analysant la situation depuis les années 90, c’est le contraire qui est constaté. Félix Martins de Brito, de la CSL, ne constate donc «aucune amélioration significative».

Au Luxembourg, les riches continuent d’être toujours plus riches, tandis que le revenu des ménages avec enfants reste bas, mais toujours plus élevé que celui d’une personne seule avec un ou plusieurs enfants à charge. La plupart des bénéficiaires du salaire social minimum proviennent des secteurs de l’hébergement et de la restauration, de l’agriculture ou encore du commerce et se situent, statistiquement, «relativement proches du seuil de risque de pauvreté», comme le relève Jean-Claude Reding, qui exige une hausse de 10 % du salaire minimum, au profit, par exemple, des salariés travaillant à temps plein, même célibataires.

Risque de pauvreté des monoparentaux

Comme le montrent encore les statistiques, entre 2010 et 2013, c’est grâce aux transferts sociaux que le taux de pauvreté au Luxembourg n’a pas augmenté. Toutefois, le risque de pauvreté des familles monoparentales est parmi les plus élevés en Europe (45 %), environ 10 % au-dessus de la moyenne européenne. Parmi les demandeurs d’emploi, 43 % sont à considérer comme pauvres, contre 12 % des personnes avec un emploi. En outre, au Luxembourg, le risque de pauvreté est environ quatre fois plus élevé chez les locataires que chez les propriétaires de logement.

L’analyse de la situation du chômage et de l’emploi révèle «les tendances que nous connaissons», note encore Jean-Claude Reding. Et de citer la multiplication des contrats précaires surtout parmi les jeunes salariés et dans le milieu académique, l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires non payées et la toujours faible protection en cas de licenciement.

La pression au travail augmente aussi. Quelque 10 % des interrogés indiquent rencontrer des soucis de santé liés directement à leur travail. Jean-Claude Reding souligne également la nécessité de promouvoir le droit à la formation continue, de lutter contre le harcèlement moral – «sujet à thématiser, même s’il est délicat» – et de surveiller l’application des textes en la matière signés par le Luxembourg.

Frédéric Braun

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