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Luxembourg : l’hécatombe des insectes inquiète le Département de l’environnement


Les insectes s'empoisonnent en mangeant le pollen ou le nectar des fleurs le long des champs traités aux pesticides et aux insecticides par les agriculteurs. (Photo : Didier Sylvestre)

La nature et les hommes ont besoin des insectes pour survivre, or ils sont en voie de disparition. Pour la ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, il est grand temps d’agir.

« Les tendances et les constats sont identiques dans la plupart des pays européens. Les changements climatiques, mais aussi nos modes de vie et de consommation, ainsi que la manière dont nous pratiquons l’agriculture intensifient le phénomène. Il est temps d’agir et les moyens sont nombreux et assez simples à mettre en œuvre.» La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, faisait référence à la disparition des insectes, hier à l’occasion de la journée mondiale de l’Environnement.

Sans que l’on s’en soit aperçu, 75 % des insectes auraient disparu en Allemagne en 27 ans, selon une étude scientifique internationale. La situation ne serait pas bien différente au Luxembourg. «Il est grand temps de nous poser des questions», assure la ministre. En effet, la disparition de ces espèces a des conséquences dévastatrices sur l’écosystème et sur la chaîne alimentaire. Les insectes en sont des maillons importants. Ils servent notamment de nourriture aux oiseaux, qui, en corollaire, disparaissent eux aussi de plus en plus dans toute l’Europe.

Importants pour la nature… et l’économie

Les insectes sont aussi des pollinisateurs importants. «Leur activité pollinisatrice est estimée à 153 milliards d’euros par an dans le monde et à 15 milliards d’euros par an pour le secteur agricole en Europe», précise Carole Dieschbourg. La disparition des insectes aurait donc également des incidences économiques et des conséquences directes sur les rendements agricoles.

«Sans les insectes, nos ressources alimentaires seraient fortement réduites, car il n’y aurait plus de production de graines, de fruits ou de légumes», poursuit la ministre. Les humains seraient directement impactés, mais aussi les animaux qui se nourrissent de baies et de fruits issus de la pollinisation. Nos écosystèmes seraient donc bouleversés. D’autant plus que, sans une certaine sorte d’insectes, la terre serait couverte de matières organiques en décomposition, les sols seraient dégradés et la vie serait menacée, ajoute Carole Dieschbourg.

Les papillons sont menacés

Les insectes ne sont donc pas que des animaux nuisibles qu’il convient d’écraser avec une pantoufle parce qu’ils piquent, qu’ils ont plein de pattes ou qu’ils ne sont pas beaux. D’ailleurs, même les beaux ne sont pas épargnés par le risque d’extinction. Une étude réalisée par le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST), basée sur des critères de référence objectifs de l’Union internationale pour la conservation de la nature, démontre que les papillons de jour sont en train de disparaître de nos campagnes.

«Pour la première fois au Luxembourg, une liste rouge est en cours de finalisation, indique la ministre. Un papillon sur trois y figure et est donc menacé ou en danger de disparition.» Six pour cent des 89 espèces de papillons recensées au Luxembourg auraient disparu.

Un constat qui permet d’évaluer l’état des écosystèmes et des changements de l’environnement et qui est d’autant plus inquiétant pour la santé des milieux naturels et donc des espèces. «Cela commence par les plus petits et cela se répercute sur les plus grands», a conclu Carole Dieschbourg.

Les gestes qui sauvent

Pour préserver les insectes, il suffit, selon Marianne Kollmesch de l’Emweltberodung, d’arrêter d’utiliser des insecticides, des engrais et des pesticides dans nos jardins et d’y planter des fleurs : encore faut-il veiller à ce que les jardineries d’où elles sont issues n’aient pas non plus utilisé ces produits nocifs et les jardiniers qui s’occupent des jardins non plus. Des jardiniers luxembourgeois vendent des plantes cultivées sans pesticides, indique-t-elle. Un petit coin de jardin dédié aux herbes folles ferait le plus grand bien aux insectes, contrairement à la tendance des parterres recouverts de pierres et de galets qui ne laissent de place à aucune végétation.

Sophie Kieffer

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