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Jean Asselborn veut croire au CETA


Jean Asselborn veut croire au traité entre l'Europe et le Canada. (Photo : Editpress)

C’est un bon accord pour le Luxembourg, soutient le ministre des Affaires étrangères en parlant du CETA, l’accord commercial entre le Canada et l’UE, «à ne pas confondre avec le TTIP», dit-il.

Le CETA, pour ses opposants, c’est la porte dérobée du TTIP, le traité transatlantique. Mais pour ceux qui y adhèrent, comme le Luxembourg, c’est tout bon pour les exportations. Le ministre des Affaires étrangères se veut rassurant, autant qu’il le peut.

Conférence de presse à tiroirs jeudi matin avec un Jean Asselborn qui, entre deux aéroports, a trouvé le temps de bombarder les journalistes d’aspects très techniques censés résumer le dernier Conseil des ministres des Affaires étrangères dans sa version «commerce». Outre le délicat dossier de la filière sidérurgique européenne qui doit se doter des défenses nécessaires pour combattre le dumping chinois, le chef de la diplomatie luxembourgeoise est surtout venu vendre le CETA, l’accord économique et commercial global entre l’UE et le Canada, comme un bon accord pour le Luxembourg.

De quoi faire dresser les poils de la plateforme Stop TTIP qui a aussitôt réagi. Le CETA est inévitable dans un monde globalisé «au risque de s’isoler», selon Jean Asselborn. Mais ces échanges commerciaux «peuvent se faire selon certaines règles et sans qu’aucune des parties ne soit discriminée», souligne le ministre des Affaires étrangères. Le Luxembourg ne s’y opposera pas si ces règles sont respectées, de la même manière qu’il fait commerce avec le Vietnam, le Pérou ou le Japon.

Depuis le traité de Lisbonne, c’est dorénavant la Commission qui mène les négociations au nom de l’UE avec une implication de tous les États membres. Au passage, pour ceux qui craignent que cet accord porte atteinte à nos démocraties, Jean Asselborn lâchera, comme ça, que «le Canada est un pays plus démocratique que certains États membres de l’UE». Et le CETA n’est pas le TTIP, poursuit Jean Asselborn en se lançant dans une énumération des avantages que présente cet accord avec les Canadiens.

Des précédents qui fonctionnent

Il y a d’abord la suppression totale des droits de douane sur les produits industriels qui représente une économie de 470 millions d’euros par an pour les exportateurs européens. Pour les produits agricoles, les économies annuelles s’élèveraient à 47 millions d’euros. Encore une fois, le ministre a précisé que les services publics comme l’éducation, la santé, les services sociaux ou l’approvisionnement en eau ne sont pas touchés par le CETA.

En revanche, les marchés publics européens seront ouverts aux Canadiens (la valeur commerciale est estimée à 68 milliards d’euros), et ces derniers supprimeront les limites qu’ils imposent à l’UE. «Les deux parties, qui auront dorénavant accès à tous les marchés publics aux niveaux étatique, fédéral et provincial, devront respecter les critères environnementaux et sociaux en vigueur tant au Canada que dans l’UE, auxquels le CETA ne changera rien», explique Jean Asselborn.

Et si le CETA est bon pour le Luxembourg, ce sont les chiffres qui le disent, selon Jean Asselborn. Le Luxembourg exporte des biens et des services dans les pays tiers pour une valeur de 47 milliards d’euros. Ces exportations équivalent à 100 000 emplois. Il exporte pour 100 millions d’euros de biens au Canada, et en importe pour 105 millions. Il exporte des services pour 380 millions d’euros, dont 208 millions d’euros en services financiers, et en importe 144 millions, dont 55 millions en services financiers. «Il vend donc au Canada deux fois plus de biens et de services qu’il n’en importe», fait remarquer le ministre. Il en veut pour preuve la réussite de l’accord entre l’UE et la Corée du Sud entré en vigueur en 2015. «Les exportations du Luxembourg sont passées de 22 à 45 millions, et ont donc doublé en un an.»

Qui dit plus d’échanges commerciaux dit aussi un développement du secteur logistique qui ne peut qu’être bénéfique pour le Luxembourg.

Grecs, Wallons, Bulgares… ça coince

Mais, pour autant, le CETA n’est pas encore signé. Les Grecs veulent un article spécifique pour protéger leur fromage (feta) qui à leurs yeux ne peut être fabriqué au Canada, les Wallons ont défendu aux fédéraux de le signer, les Bulgares et les Roumains ont un gros problème avec le CETA, parce que le Canada ne leur accorde pas de visas, contrairement aux autres pays membres de l’UE.

Le Luxembourg défend en tout cas le principe de l’accord mixte qui inclut les Parlements nationaux. «Il y en a 38 pour l’UE, avec les provinces et les régions», précise Jean Asselborn. Pour autant, l’accord pourrait être appliqué provisoirement, mais dans ce cas, le Luxembourg exigerait au moins l’aval du Parlement européen.

Geneviève Montaigu

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