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Enseignants : la pénurie évitée, mais pour combien de temps ?


À l'avenir, la carrière de l'enseignant pourra être temporairement ouverte aux détenteurs d'un diplôme autre que celui en sciences de l'éducation. (illustration Isabella Finzi)

Pour éviter une pénurie lors de la prochaine rentrée scolaire, la Chambre a validé mercredi une plus large ouverture de la carrière de l’enseignant. Mais des interrogations subsistent.

« Il est difficilement imaginable que le plus cher système d’éducation au monde connaisse une pénurie d’enseignants. » Cette phrase est signée Josée Lorsché. La députée déi gréng n’a pas été la seule à poser des questions plus fondamentales sur le fonctionnement de l’Éducation nationale lors du débat à la Chambre sur la création d’un réservoir plus élargi d’enseignants. «Pourquoi se retrouve-t-on avec cette pénurie ? Le trop grand nombre de réformes a-t-il impacté l’attractivité de la profession ?», s’est ainsi interrogé Georges Engel. «On a besoin d’une analyse approfondie du système», conclut le député du LSAP.

Si les deux partis de la majorité parlementaire ont fini par accorder leur feu vert au projet du ministre libéral de l’Éducation nationale, Claude Meisch, ils l’ont surtout fait pour soutenir une «solution pragmatique». Gilles Baum (DP) a eu du mal à défendre son ministre en rappelant que la pénurie de candidats adéquats ne touche pas seulement le domaine de l’enseignement. «Toute la fonction publique connaît des problèmes de recrutement», souligne-t-il avant de virer sur l’aspect qualitatif de la réforme votée mercredi. «L’enseignant reste l’élément décisif dans l’enseignement», insiste le député libéral.

Si pour Fernand Kartheiser (ADR) ces difficultés de recrutement sont un indice d’un «le nivellement par le bas» de l’ensemble du système scolaire, Marc Baum (déi Lénk) rejoint les voix réclamant une réflexion plus profonde sur le système. «Il s’agit d’une solution d’urgence dépourvue de tout début d’analyse sur les problèmes existants», a-t-il mis en avant.

Nombre de candidats en hausse

Mais les dés sont jetés et l’ouverture du concours de recrutement pour la carrière de l’enseignant aux détenteurs d’un diplôme universitaire autre que le diplôme en sciences de l’éducation deviendra une réalité.

Le gouvernement espère recruter ainsi des personnes disposant des qualités nécessaires pour assurer leur mission. «Pendant des décennies, on a comblé les pénuries en recourant à des chargés de cours, qui sont détenteurs du diplôme de fin d’études secondaires et qui ont bénéficié de quatre semaines de formation. Avec ce nouveau contingent, la qualité va augmenter», s’est défendu le ministre Claude Meisch.

La mesure reste cependant contestée. Pour le CSV de Martine Hansen, il s’agit uniquement d’ «une loi qui joue le rôle de pompier» afin d’ «éviter une nouvelle catastrophe» lors de la rentrée à venir. L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur s’est fait un plaisir de rappeler que la rentrée scolaire de septembre 2017 a été fortement mouvementée. «Au problème de recrutement s’est ajouté un problème de planification», a-t-elle souligné.

Les chiffres pour la rentrée à venir sont déjà plus positifs. Le ministère aurait réceptionné 243 candidatures pour intégrer le concours de recrutement, dont 204 nouveaux diplômés. Douze mois plus tôt, seuls 91 candidats auraient déposé leur candidature.

David Marques

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