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Drame de Niederkorn : le CSV vise à bannir Corinne Cahen


Michel Wolter, entouré par Martine Hansen et Claude Wiseler, n’a pas ouvertement demandé la démission de la ministre Corinne Cahen. Le CSV est toutefois à deux doigts de lancer une motion de censure.   (photo Fabrizio Pizzolante)

La ministre de la Famille est accusée par Michel Wolter d’avoir négligé sa mission de protection des plus vulnérables face au Covid-19. Un ultimatum a été posé à la majorité.

«Cette dame n’a pas fait son travail politique.» Au bout d’un réquisitoire long de 40 minutes, le député Michel Wolter ne cite même plus le nom de la ministre de la Famille, Corinne Cahen. Et même si le terme «démission» n’est pas tombé lors de la conférence de presse organisée jeudi matin, la conclusion du CSV est claire et nette : la ministre libérale n’est plus tenable. «Le ministère de la Famille mérite un titulaire pleinement engagé, prêt à s’investir avec passion pour la cause des personnes les plus vulnérables. La fatalité doit faire place à l’action», tranche Michel Wolter.

Aux yeux du CSV, la ministre Cahen s’est rendue coupable de graves errements dans la gestion de la crise sanitaire dans les structures pour personnes âgées. «Corinne Cahen n’est plus maîtresse de la situation. Elle s’est contentée de se dédouaner et de rejeter la faute à d’autres», énumère Michel Wolter.

Le député-maire de Käerjeng a pris le train en marche en fin de semaine dernière après la multiplication de décès dans la maison de retraite «Um Lauterbann» à Niederkorn, située dans sa localité. Depuis le 17 février, 22 décès liés au Covid sont à déplorer dans cette structure. Plusieurs autres foyers d’infection ont été détectés dans des maisons de soins et de repos. Au total, plus de 320 pensionnaires de structures pour personnes âgées seraient jusqu’à présent décédées des suites de leur infection au coronavirus.

«On a assisté à un laisser-aller ministériel», fustige Michel Wolter. L’élu chrétien-social fait un pas de plus en reprochant à la ministre d’avoir voulu «cacher la vérité» en «fabriquant des chiffres» ayant permis d’«embellir la situation». «Beaucoup de gens sont vraiment fâchés. La présentation purement comptable par la ministre des chiffres de la mortalité dans les structures fait apparaître la situation comme un fait divers, comme une fatalité», lance encore Michel Wolter.

Le CSV insiste aussi sur le fait que le logement encadré pour personnes âgées fait bien partie des attributions de la ministre de la Famille. Le Premier ministre, Xavier Bettel, avait estimé le contraire lors du briefing de presse de mercredi. «Cela démontre à quel point le Premier ministre est déconnecté de la réalité», juge Michel Wolter.

Une «carte verte» comme gage de sécurité

Afin d’éviter de nouveaux drames, le CSV demande à ce que soit établie une stratégie nationale contraignante pour toutes les structures. Le cordon sanitaire, incluant tous les intervenants dans les maisons de soins et de repos, doit aussi être renforcé, clame Michel Wolter, en estimant que le gouvernement a «volontairement et consciemment» fixé les «mauvaises priorités» dans le cadre de la vaccination. Il est à rappeler que sur avis de la Commission nationale d’éthique, il a été décidé de vacciner en priorité le personnel de santé dans les hôpitaux et les résidents des structures pour personnes âgées. Des intervenants externes ne figuraient pas sur la liste prioritaire, un fait qui est également critiqué par la Copas, la fédération des prestataires de soins pour personnes âgées.

La revendication majeure du CSV est d’instaurer une «carte verte» obligatoire pour tous les salariés et intervenants dans les structures pour personnes âgées. «Nous sommes favorables à une vaccination obligatoire du personnel, mais savons aussi que l’on ne peut pas l’imposer. Cette carte verte doit donc être basée soit sur une vaccination, soit sur un test négatif, soit une certification d’anticorps», développe Michel Wolter. Sans feu vert, pas d’accès dans une structure, insiste le CSV : «Ces gens disposent toutefois d’une responsabilité particulière». La moitié du personnel de santé extra-hospitalier ne s’est pas encore fait vacciner.

Qu’adviendra-t-il de Corinne Cahen ? Le CSV réclame en premier lieu une enquête indépendante sur la cause des foyers d’infection dans les structures pour personnes âgées. En cas de refus, Michel Wolter espère toujours «que des personnes issues de la majorité viendront à la conclusion qu’il faut changer de titulaire au ministère de la Famille». Si rien ne bouge, «notre fraction devra discuter des démarches à entreprendre à la Chambre». La rédaction d’une motion de censure contre la ministre Cahen est imminente.

David Marques

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