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Déi Lénk veut enterrer le « space mining »


Marc Baum, député déi Lénk, a expliqué vouloir que le ministre de l'Économie renonce à son projet «space mining». (photo Hervé Montaigu)

La Gauche ne veut pas du projet prioritaire d’Étienne Schneider visant à positionner le Luxembourg comme un pays pionnier de l’exploitation spatiale. Déi Lénk s’est ainsi clairement positionné contre une initiative qui, selon lui, a pour but de privatiser l’espace au détriment des traités internationaux.

Étienne Schneider, ministre de l’Économie, a passé jeudi matin un «grand oral» devant la commission de l’Économie afin de défendre son projet de loi 7093 portant sur l’exploitation des ressources spatiales, un dossier prioritaire pour le ministre, récemment critiqué par le Conseil d’État.

Ce dernier avait émis, il y a quelques semaines, des réticences sur le texte d’Étienne Schneider, jugé trop vague par rapport aux textes de loi internationaux. Ainsi, le Conseil d’État souhaite que le ministre revoie sa copie pour la rendre plus claire et plus précise. Une demande qui pourrait contrarier le planning d’Étienne Schneider, qui ne désespère pas de voir passer son texte avant l’été.

Mais jeudi après-midi, lors d’une conférence de presse, c’est Marc Baum, député déi Lénk, qui a vivement critiqué l’ensemble du projet «space mining» et a même demandé l’abandon pur et simple de l’initiative.

De riches investisseurs dissimulés

Les critiques de Marc Baum sont nombreuses et diverses. Mais, en résumé, le député déi Lénk est contre toute tentative de «privatisation de l’espace». Pour justifier sa position, Marc Baum a expliqué point par point ses désaccords allant de la moralité du projet à sa rentabilité économique. Ainsi, Marc Baum a remis en cause le financement et la rentabilité d’un tel projet. «Il n’est pas certain que le projet sera économiquement rentable et de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur des questions liées à la taxation des ressources spatiales, de la TVA ou encore les droits de douane», a indiqué Marc Baum avant d’ajouter : «Ce business est majoritairement développé à travers des start-up, derrière lesquelles se dissimulent souvent de gros investisseurs milliardaires, comme Google ou Amazon, tentant ainsi de décrocher des fonds publics destinés à la recherche.» Marc Baum a également émis de sérieux doutes sur le cadre juridique que «tente d’imposer le Luxembourg» au reste du monde et en «violation» de traités internationaux, dont l’Outer Space Treaty – le traité de l’espace de 1967 visant à poser les fondements juridiques de l’exploration de l’espace et définissant une liberté d’accès des États à l’espace extra-atmosphérique, sans que l’un d’entre eux puisse se l’approprier.

Le député déi Lénk ne comprend pas pourquoi le Luxembourg, sous l’impulsion d’Étienne Schneider, tente de développer une niche économique sans coopérer avec d’autres pays ou bien avec l’agence spatiale européenne. «En fait, une coopération avec l’ESA est impossible, parce que les membres de cette dernière ont ratifié les accords internationaux comme le Moon Treaty et l’Outer Space Treaty», a justifié Marc Baum. Déi Lénk a également posé la question de la moralité et de l’éthique concernant une privatisation des ressources spatiales, tout en posant également la question de l’écologie et surtout du financement. Pour rappel, Étienne Schneider possède une enveloppe de 200 millions d’euros. De plus, la stratégie du ministre de l’Économie est de nouer des partenariats public-privé afin que ce soit les entreprises qui mettent la main à la poche et non l’État.

La sortie de déi Lénk est étonnante alors qu’un des plus grands succès industriels du pays se nomme SES, une société qui a subi les mêmes critiques à l’époque de son lancement, et qui aujourd’hui est un acteur mondial majeur dans son secteur tout en contribuant à la renommée du Luxembourg.

Pour conclure, Marc Baum et déi Lénk veulent purement et simplement qu’Étienne Schneider abandonne son projet. Une position radicale alors que même l’opposition, le CSV, semble suivre le ministre LSAP dans sa démarche. «Il faut savoir qu’il y a des voix dans les autres partis qui commencent à mettre en doute ce projet, mais restent pour le moment silencieuses. Cela pourrait peut-être changer à l’avenir», a conclu Marc Baum.

Jeremy Zabatta

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