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Décarbonisation : Turmes mise (aussi) sur l’hydrogène


«L’hydrogène est une alternative décarbonée prometteuse pour accompagner la progression de la transition énergétique», avance le ministre de l’Énergie, Claude Turmes.  (photo Hervé Montaigu)

Le Luxembourg se donne une stratégie hydrogène qui doit notamment permettre à l’industrie lourde de réussir son virage énergétique. La voiture à hydrogène n’est pas encore une priorité.

Pas plus tard que samedi, le CSV a plaidé lors de son congrès extraordinaire pour miser sur l’hydrogène (ou le H2) comme alternative à l’électricité afin d’atteindre les objectifs climatiques dans le domaine de la mobilité. Lundi, le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, a présenté des chiffres qui démontrent que le H2 n’est pas encore suffisamment développé pour donner la priorité aux véhicules à hydrogène. L’efficacité énergétique des voitures alimentées par hydrogène serait uniquement de 22 % contre 73 % pour les véhicules alimentés roulant à l’électricité. «Du moins à court et à moyen termes, la tendance technologique actuelle montre que les voitures à pile à combustible ne seront pas compétitives face aux voitures électriques à batteries», conclut le document présentant la stratégie hydrogène du Luxembourg.

La stratégie à moyen et long termes pour miser davantage sur le H2 ne ferme toutefois pas la porte à la mobilité et plus particulièrement au secteur des transports. Un exemple : l’aviation. «Certains secteurs, comme l’aviation, ne pourront pas être directement électrifiés et seront dépendants des évolutions des technologies d’hydrogène et de carburants synthétiques renouvelables», fait remarquer le document de synthèse du ministère de l’Énergie. Dans ce contexte, le gouvernement s’engage à supporter «les efforts de certaines industries (…) en vue d’une production d’huiles végétales hydrogénées avec de l’hydrogène renouvelable (…)». Lux-Airport, l’opérateur de l’aéroport du Findel, a lui pris l’engagement d’analyser «la faisabilité d’un déploiement des carburants synthétiques obtenus à base d’hydrogène renouvelable au Luxembourg».

Priorité à l’hydrogène vert

Le Grand-Duché compte aussi poursuive sa coopération transfrontalière visant à finaliser «dans les plus brefs délais» l’installation d’une station-service H2 à proximité des grandes axes autoroutiers (Bettembourg est citée) et densifier ainsi un réseau européen de points de ravitaillement en hydrogène. L’objectif est de satisfaire la demande émanant du secteur des transports. «En même temps, le Luxembourg suivra de près l’évolution des différents modes de propulsion pour le transport lourd à faible ou zéro émission de roulement et le besoin en infrastructure, soit bornes de recharge rapides ou stations-services H2», développe encore la stratégie hydrogène, officiellement dévoilée lundi matin.

À plus court terme, le ministre de l’Énergie, Claude Turmes, mise sur le potentiel du H2 pour faire avancer la décarbonisation de l’industrie. Dans l’objectif d’atteindre la neutralité climatique en 2050, la priorité majeure reste l’électrique et l’efficacité énergétique. «Dans certains secteurs difficiles à décarboner par électrification directe, comme par exemple l’industrie lourde, l’hydrogène est une alternative décarbonée prometteuse pour accompagner la progression de la transition énergétique», avance Claude Turmes. 

L’hydrogène est déjà employé par certains acteurs de l’industrie nationale. Il s’agit toutefois de H2 produit à partir de la vapeur du charbon, du pétrole ou du gaz naturel. Ce procédé cause 9 à 12 tonnes de CO2 par tonne de H2. Le ministre Turmes mise entièrement sur le «H2 vert», ce que la fédération des industriels, ouverte à la technologie, voit d’un œil plus critique (lire ci-dessous).

La mer du Nord comme source

En préparation au développement de la stratégie hydrogène, le ministère de l’Énergie a identifié une consommation actuelle de H2 fossile d’environ 450 tonnes par an (ou 15 gigawattheures). «La substitution de cet H2 fossile par de l’H2 renouvelable devra constituer un objectif intermédiaire avant de parvenir à la décarbonation progressive d’autres procédés difficiles à décarboner par le biais de l’électrification», avance le document stratégique. D’ici 2030, le H2 fossile devra être intégralement remplacé par du H2 vert. Des premières estimations font état d’un besoin potentiel en 2050 situé entre 4 000 et 10 000 gigawattheures en H2 par année. L’objectif est une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre 

Parmi le catalogue de mesures pour faire avancer la décarbonisation de l’économie en s’appuyant sur l’hydrogène figure parmi les actions concrètes une coopération régionale. Le Luxembourg ne sera en effet pas en mesure de produire à lui seul les quantités de H2 nécessaires. Au niveau du Benelux, un engagement a été pris pour analyser et préparer la réalisation d’un réseau gazier transfrontalier dédié à l’hydrogène. «Il est projeté que l’hydrogène renouvelable à coût optimal sera essentiellement produit le long des côtes de la mer du Nord et/ou importé via les ports de la mer du Nord», précise le rapport de synthèse. Des projets pilotes sont également prévus à l’échelle de la Grande Région. Une étude de faisabilité pour la production de H2 renouvelable au Cap-Vert est également annoncée.

David Marques

Le H2 en bref

L’hydrogène (H2) est présenté comme «une molécule prometteuse» pouvant constituer un «vecteur énergétique décarboné pour accompagner la progression de la transition énergétique dans certains secteurs difficiles à décarboner par électrification directe».

Plus concrètement, l’hydrogène est un gaz incolore et inodore. Ses molécules stockent de l’énergie et n’émettent pas de gaz à effet de serre lors de la libération de l’énergie potentielle. Le produit final de la réaction avec l’oxygène est de l’eau.

La neutralité carbone de l’hydrogène est cependant directement liée au bilan écologique de la production de H2. Seul l’hydrogène renouvelable produit à partir d’énergies renouvelables ne cause pas d’émissions de gaz à effet de serre, contrairement à l’hydrogène fossile.

Un commentaire

  1. L’hydrogène est une fausse bonne idée. Le rendement est très faible. Il faut comprimer le gaz à 700 bars, ce qui consomme beaucoup d ‘énergie. L’hydrogène, plus petite molécule, a tendance à fuir facilement. Enfin, mélangé à de l’oxygène, cela fait BOUM.

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