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Conduite automatisée : peut-on lâcher le volant ?


«Il faut s'habituer au début, mais la confiance arrive vite», témoigne Claude, un propriétaire de Tesla Model S. 35, une de ces berlines« intelligentes» ayant été immatriculées en 2014. (photo DR)

L’amélioration des logiciels d’aide à la conduite nous rapproche de plus en plus du pilotage automatique. Problème : les constructeurs vont plus vite que le législateur, et des automobilistes dépassent les bornes…

« Le pilote automatique de Tesla a essayé de me tuer !». La vidéo Youtube ne dure que 15 secondes, mais donne froid dans le dos. On y voit un automobiliste rouler sur une petite route sinueuse… sans les mains. Car il s’en remet au système «Autopilot», tout en filmant les manœuvres hésitantes de son véhicule. Soudain, une voiture arrive en contresens, et la Tesla fait une embardée à gauche. Le caméraman a juste le temps de reprendre le volant pour éviter l’accident.

Oui, nous sommes en face d’un automobiliste particulièrement stupide. Il faut l’être pour laisser le volant à un logiciel qui n’est pas conçu pour fonctionner sur une route de campagne. Mais le développement des systèmes d’assistance à la conduite pousse certains à dépasser les bornes.

Dans le cas présent, cet automobiliste profite d’une récente mise à jour du constructeur américain Tesla, qui apporte le pilotage automatique évolutif au véhicule, avec maintien dans une file, changement de file d’un simple déclenchement du clignotant, créneau automatique… Des fonctionnalités qui s’ajoutent au régulateur de vitesse et à l’avertisseur de changement de ligne déjà présents, et qui permettent, théoriquement, de conduire les yeux fermés.

Une très mauvaise idée cependant, car il est prévu pour des circonstances bien précises, par exemple la conduite sur autoroute. Et surtout, Tesla est catégorique : l’automobiliste doit garder la maitrise de son véhicule. Mais il ne s’agit que de recommandations. Un conducteur peut les ignorer, comme l’a fait celui de la vidéo.

Face aux critiques, le patron de Tesla, Elon Musk, vient donc d’annoncer que «quelques contraintes supplémentaires» seront rajoutées au logiciel, sans plus de précisions. On peut imaginer par exemple la limitation du pilotage automatique aux seules autoroutes…

Et pendant ce temps, que fait le législateur? Il traine. Car nos codes de la route appliquent toujours la convention de Vienne de 1968. Elle stipule que «tout conducteur doit constamment avoir le contrôle de son véhicule». Un principe complètement dépassé. L’amendement de cette convention, prévue pour l’année prochaine au plus tôt, est donc urgent. Car pendant ce temps, les constructeurs mettent le turbo.

Tesla n’est pas le seul en course : la plupart des grands constructeurs, et même Google, investissent dans la conduite automatisée. Mais avant de voir partout ces véhicules autonomes, il faudra d’abord gagner la confiance du conducteur.

Romain Van Dyck

Retrouvez notre dossier de deux pages dans Le Quotidien de ce mardi 10 novembre.

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