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Claude Lamberty : « Les politiques n’abandonneront jamais le multilinguisme »


"Il faut donner la parole aux experts des différentes régions et des différents lycées et leur donner la liberté de développer un programme adapté à leurs réalités et guidé par les compétences des élèves", avance le nouveau député. (Photo : Didier Sylvestre)

Il est enseignant et vient de quitter les rangs du lycée pour rejoindre ceux de la Chambre des députés. Rencontre avec Claude Lamberty, ancien président des jeunes libéraux.

C’est Xavier Bettel qui l’a encouragé il y a 20ans à rejoindre les rangs des jeunes libéraux. Claude Lamberty était alors au lycée et cet engagement a changé son existence. Présentations.

Vous venez de faire votre entrée à la Chambre des députés, mais à 39 ans, vous avez déjà une petite carrière politique derrière vous. Racontez-nous.

Claude Lamberty : Cela fait déjà 20 ans que j’ai adhéré au Parti démocratique, j’étais encore au lycée où d’ailleurs j’étais déjà très engagé comme délégué de classe. C’est à l’occasion d’une rencontre avec Xavier Bettel que j’ai franchi le pas pour rejoindre les jeunes libéraux. Je me suis dit pourquoi pas. Après tout, j’avais des liens avec l’idéologie du parti et un oncle qui était actif chez les bleus. Je dois dire que c’est un choix qui m’a fait avancer dans la vie, qui m’a permis de rencontrer des gens engagés dont beaucoup n’ont aucun mandat politique, mais sont de fidèles membres du parti. J’ai fait une petite carrière au sein de la JDL en devenant secrétaire général, puis président. C’était un challenge, parce qu’on avait une très bonne équipe et que j’ai besoin de travailler au sein d’une équipe qui fonctionne, où règne la confiance, et c’est exactement ce que j’ai trouvé chez les jeunes libéraux.

La politique communale vous a-t-elle très tôt attiré?

Oui, mais pour autant, je n’ai pas voulu me lancer trop vite. Pour les élections communales de 1999, j’ai poliment refusé une place sur la liste DP dans ma commune de Hesperange, car je n’avais encore rien accompli et je ne me sentais pas prêt. Ce n’est que cinq ans plus tard que je me suis présenté pour les élections législatives de 2004. À partir de là, j’ai fait mes premiers pas politiques à Hesperange comme conseiller, puis échevin, puis à nouveau conseiller. La politique communale c’est une très bonne école.

Était-ce plus facile de s’engager dans la politique il y a 20 ans en tant que jeune adulte, selon vous?

Je pense que s’engager dans la société, peu importe à quel niveau, c’est très difficile actuellement, puisque l’on trouve de moins en moins de volontaires. Je l’ai dit à la tribune de la Chambre, mardi : c’est un problème sociétal. Nous devons parler tous ensemble de ce problème, car si on ne trouve plus de gens qui s’engagent bénévolement, nous devrons tout professionnaliser et ça coûtera cher. Quant à s’engager en politique, j’ignore si c’était plus facile il y a 20 ans qu’aujourd’hui.

Vous avez déclaré que vous entendiez mener une politique qui colle à la réalité sociétale. Le pays vous paraît-il si rétrograde?

Si la politique subventionne un modèle familial qui ne colle plus avec la réalité d’aujourd’hui, cela me pose un problème. Pour moi, la politique doit progresser pour mieux représenter la société dans laquelle on vit. Parmi mes amis, j’ai des cellules familiales classiques avec le chien en prime, mais la moitié de mes amis sont séparés de leur conjoint, ont recomposé une famille, sont monoparentaux, ou encore certains sont restés célibataires sans enfant. La politique ne doit plus définir un modèle et ignorer les autres. La politique doit s’adapter à l’année 2016. C’est quand même dingue de se dire qu’on va se marier, qu’on va divorcer ou qu’on va se pacser pour des raisons fiscales. Je veux justement m’engager pour que la politique colle à la réalité et alors peut-être que les gens vont se dire que la politique c’est quelque chose de positif.

Marc Ruppert, le nouveau secrétaire général du DP, a suggéré, dans son discours d’investiture en novembre, que les jeunes devaient bénéficier d’avantages fiscaux. Ne pensez-vous pas que cela apparaisse comme une mesure discriminante?

Une idée, c’est une idée, elle est là pour être discutée. Je ne veux pas m’avancer dans ce domaine, j’attends les discussions internes et externes et le discours du ministre des Finances.

Vous enseigniez jusqu’à la semaine dernière au lycée technique de Bonnevoie, et sans attendre vous avez posé votre première question parlementaire sur le lycée…

Pour la petite histoire, il y a 13 ans, je commençais au lycée technique de Bonnevoie et l’ancien directeur, lors de ma première réunion plénière, nous a dit qu’il était convaincu qu’un nouveau bâtiment sortirait de terre très bientôt. Je viens de quitter le lycée et je n’ai rien vu venir. Mais je sais qu’il existe des projets concrets, d’où ma question parlementaire. Je suis effectivement instituteur dans les classes préparatoires où l’on doit être également un peu éducateur. Cela m’a plu et je me suis dit que ce serait une bonne expérience pendant deux ou trois ans et finalement je suis resté treize ans parce que j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec ces jeunes et à être en contact avec les entreprises qui les prenaient en apprentissage.

L’école internationale de Differdange, c’est ce qu’il faut faire au Grand-Duché?

Les enfants doivent être le souci premier de la société. Ils sont l’avenir et la politique doit être pensée pour le développement de l’enfant. Or notre système scolaire impose encore aujourd’hui que l’enfant soit bon en français, en allemand et en mathématiques. Ce ne sont pas les mathématiques qui posent problème, mais les langues, et en particulier l’allemand. Je pense que ce que Claude Meisch vient de réaliser avec l’école internationale de Differdange, c’est exactement ce qu’il fallait faire.

Les critiques visent pourtant la petite place de la langue luxembourgeoise dans cette nouvelle école, d’autres le risque de ghettoïsation. Parviendra-t-on un jour à changer radicalement le système scolaire?

C’est toujours pareil, il n’y a jamais qu’un seul modèle. Il faut donner de l’autonomie aux écoles, c’est la solution. Si je prends mes élèves du lycée technique de Bonnevoie, ils sont très différents de ceux d’un lycée classique. Il faut donc donner la parole aux experts des différentes régions et des différents lycées et leur donner la liberté de développer un programme adapté à leurs réalités et guidé par les compétences des élèves.

Entretien avec Geneviève Montaigu

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