Accueil | Politique-Société | Alzheimer : une prise en charge plus douce

Alzheimer : une prise en charge plus douce


«Réussir à mettre la personne en confiance sans médicament, c'est déjà un grand avantage. C'est tout un art de développer cette façon d'aborder la personne âgée pour qu'elle n'ait pas peur.» (illustration Editpress)

Une convention a été signée entre les hôpitaux Robert-Schuman et l’association Luxembourg Alzheimer pour une meilleure prise en charge des personnes atteintes par cette maladie.

«Nous avons signé un contrat de collaboration pour ficeler le partenariat qui existe déjà sur le terrain depuis un certain nombre de temps entre l’Association Luxembourg Alzheimer (ALA) et les hôpitaux Robert-Schuman», explique le Dr Carine Federspiel, vice-présidente du conseil d’administration ALA. La convention a été signée le 16 décembre à l’hôpital Kirchberg. «Il s’agit notamment de l’optimisation de la prise en charge de personnes atteintes de démence à l’hôpital.»

L’ALA souhaite que peu importe l’hôpital dans lequel sont reçues les personnes qui souffrent de démence ou de la maladie d’Alzheimer, la qualité de l’accueil doit être garantie. «Il est parfois difficile de prendre le temps d’avoir une approche qui ne brusque pas trop ces personnes fragiles», souligne le Dr Ferderspiel. Pour faciliter cette transition et grâce à cette collaboration, l’ALA va offrir des cours sur la prise en charge aux infirmiers qui travaillent à l’hôpital.

Alors, comment agir avec ces patients aux besoins particuliers ? Faire preuve de «patience et employer une communication non verbale : c’est-à-dire qu’il faut adopter une attitude empathique et créer un climat de confiance par une gestuelle douce et compréhensive quand les mots ne sont plus compréhensibles. Par exemple, quand on doit faire une prise de sang chez un patient lucide, on peut lui expliquer ce que l’on fait. Chez les personnes atteintes de démence, ça n’est plus possible. À la place, on peut imaginer une mise en scène en mettant de la musique ou en apportant un objet auquel le patient est attaché, comme une couverture qui va le rassurer. Il existe de nombreuses astuces très simples, inspirées du quotidien que l’ALA, qui œuvre au Grand-Duché depuis 25 ans, a développées dans son concept et qui sont transmises au personnel hospitalier pour garantir cette continuité dans la prise en charge», poursuit la spécialiste en gériatrie.

La bienveillance pour éviter les calmants

Ce type de cours est déjà dispensé depuis plusieurs années, mais désormais la collaboration est officialisée et un appel au personnel qui désire y participer à été lancé.

L’ALA a déjà signé une convention similaire «avec le Centre hospitalier du Nord et avec le CHEM au Sud et l’idée c’est de généraliser cette convention avec tous les groupes hospitaliers», assure la vice-présidente du conseil d’administration ALA avant de reprendre : «Lorsque les patients atteints de démence sont à l’hôpital, on continue de les suivre pour ne pas rompre leur rituel quotidien. Cette convention va aussi faciliter l’entrée du personnel externe à l’hôpital.» Un point qui est très précieux pour les familles de patients, car «les collaborateurs de l’Association Luxembourg Alzheimer font ces visites également pour faire le lien avec les familles et leur expliquent ce qui se passe».

«Quand la démence a atteint un certain grade, la personne malade ne comprend pas ce qui lui arrive lorsqu’elle est admise aux urgences, explique le Dr Federspiel. Donc elle risque de se défendre contre des examens complémentaires nécessaires à sa santé et elle doit être calmée pour participer ou laisser un examen se faire. Or quand l’attitude est davantage bienveillante, on a moins besoin d’utiliser de calmants. Réussir à mettre la personne en confiance sans médicament, c’est déjà un grand avantage. C’est tout un art de développer cette façon d’aborder la personne âgée pour qu’elle n’ait pas peur. On dit toujours que la personne démente devient agressive, mais non ! C’est seulement par manque de compréhension de la situation. Elle se sent elle-même agressée par son entourage, elle ne comprend pas qu’on veut l’aider.»

Évidemment toutes ces mesures prennent du temps et ce n’est pas toujours possible de les appliquer, «c’est pour ça que l’association Alzheimer offre aussi des visites supplémentaires pour donner un coup de main au personnel, même si c’est de façon brève», conclut la vice-présidente du conseil d’administration ALA.

Audrey Libiez

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.