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«Qu’allons-nous faire de vous ?»


Les deux prévenus reconnaissent avoir commis des vols pour subvenir à leurs besoins.

L’un fait figure d’amateur malgré son important casier judiciaire. L’autre apparaît comme un professionnel au vu de ses faits d’armes. Tous deux aimeraient raccrocher.

«Qu’allons-nous faire de vous ? Votre première condamnation remonte à 1986. Vous revenez tout le temps devant nous», lance le président de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Lucien, silhouette dégingandée et longs cheveux gris noués à la nuque, est un visage connu du monde de la rue à Luxembourg.

L’homme âgé de 55 ans comparaissait hier pour divers vols et une tentative : des vélos et une trottinette électriques et des outils de chantier. Lucien reconnaît les faits, contrairement à son complice qui, pour un des faits, jure ne rien avoir volé et s’être trouvé là par hasard.

Le 26 janvier dernier, Lucien et José ont passé la nuit sur un chantier du Dernier Sol à Bonnevoie. «J’avais raté l’heure limite pour rentrer au foyer de nuit, explique Lucien. José dormait sur ce chantier. Je l’ai suivi. On a consommé des trucs. J’ai pris des outils. Ce n’était pas prévu.»

Un voisin a prévenu la police au petit matin. «Depuis mon balcon, j’ai vu deux hommes qui sortaient des boîtes d’outils d’un chantier et les cachaient dans les buissons. Ils communiquaient ensemble, se souvient le témoin. À l’arrivée de la police, un des deux hommes s’est caché dans un buisson.»

Où il a été retrouvé par la police entouré d’objets du chantier. José conteste. Il prétend avoir dormi et ne pas savoir ce qui s’est passé cette nuit-là. Il aurait été réveillé par les policiers qui arrivaient et s’être caché à leur approche. Pourtant, le témoignage du voisin et les images de vidéosurveillance démontrent le contraire. Le président lui demande à deux reprises s’il souhaite changer sa version des faits. José ne saisit pas la balle au bond. «Soit il a été pris de folie, soit il est innocent», avance son avocate pour tenter de le disculper. «Soit c’est un menteur», rétorque froidement le président.

La représentante du ministère public requiert une peine de 18 mois de prison ferme à son encontre. Son avocate joue sur le fait qu’il était 6 h du matin le jour des faits et que le témoin n’a pas pu identifier clairement le deuxième individu impliqué. Son client aurait attendu le bus quand il a été arrêté, argumente-t-elle, plaidant l’acquittement au bénéfice du doute, une peine inférieure à celle requise par le parquet ou des travaux d’intérêt général.

Lucien, au vu de «son casier judiciaire spécifique», encourt une peine de 24 mois de prison ferme. Toutes les possibilités de sursis ont été épuisées. Contrairement à son comparse, il n’était pas «au mauvais endroit, au mauvais moment», mais a bien commis les faits qui lui sont reprochés. «Il m’a dit que ses dépendances étaient plus fortes que sa morale», note l’avocate du prévenu. Elle aussi plaide en faveur d’une peine plus courte afin de lui permettre de suivre une thérapie au centre thérapeutique de Manternach.

Outre ce vol avec effraction, deux autres vols et une tentative sont reprochés à Lucien. Le 20 novembre 2020, il a volé un vélo électrique dans la rue Notre-Dame à Luxembourg et, le 14 novembre 2021, une trottinette électrique devant une supérette dans le quartier de la Gare. Le 20 octobre 2020, il a tenté de dérober un vélo électrique sur le parking de la Banque européenne d’investissement. Des agents de sécurité l’ont empêché d’arriver à ses fins.

«Il ne conteste pas l’incontestable»

Vadim, Moldave aux 17 alias âgé de 41 ans, reconnaît quatre cambriolages dans des domiciles privés et deux tentatives de cambriolage fin 2019. Si Lucien passe pour un amateur aux coups foireux, Vadim est le professionnel. L’homme qui vit et travaille depuis deux ans en Italie et est incarcéré en détention préventive à Schrassig jure avoir changé de vie. «Je sais que c’est difficile à croire vu mes antécédents», reconnaît-il à la barre de la 12e chambre correctionnelle. «Je vous jure que vous ne me reverrez plus jamais ici.»

Vadim a de nombreuses condamnations pour des faits similaires à son actif en Allemagne et en Autriche. Pour la représentante du parquet, il est «expressément venu au Luxembourg pour commettre des vols». Vu la multiplicité des faits, elle requiert une peine de 36 mois de prison ferme contre lui. «24 mois serait une peine plus équitable», estime Me Says avant de contester les demandes des deux parties civiles à 4 000 euros.

«Il n’y a pas de pièces attestant de problèmes médicaux réels depuis les faits», précise-t-il avant de demander que les montants soient revus à la baisse. «Ce sont des montants alloués dans le cadre de faits beaucoup plus graves.» L’avocat insiste sur le fait que son client «n’a pas contesté l’incontestable» et qu’«il n’est jamais trop tard pour partir à la retraite».

Le prononcé est fixé au 30 juin.

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