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Manifestations antirestrictions : «Il nous faut être plus fermes»


À l’image de ce qui était de mise le 11 décembre, la police va déployer un dispositif renforcé lors de ce nouveau week-end de manifestations qui s’annonce. (Photo : archives LQ/Fabrizio Pizzolante)

L’opposition parlementaire exhorte le ministre Henri Kox à ordonner une réaction plus musclée de la police face aux fauteurs de troubles infiltrant le mouvement des antirestrictions.

Ce vendredi, samedi et lundi doivent avoir lieu cinq nouvelles manifestations liées à la politique sanitaire mise en place par le gouvernement. Le fait que toutes les mesures et restrictions sont cautionnées et validées par le Conseil d’État et la Chambre n’empêche pas les opposants les plus virulents de parler de «dictature sanitaire» et même «nazitaire». Quel sera l’impact du débat sur l’obligation vaccinale sur les mobilisations, en nette perte de vitesse depuis début décembre ?

La nouveauté de ce nouveau week-end de contestation est l’organisation d’une première contre-manifestation, qui vise à barrer la voie aux «covidiots». L’appel est lancé par le jeune collectif «horizon20». Les autorités communales ont cependant confirmé à nos confrères du Tageblatt que ce rassemblement n’a pas fait l’objet d’une demande officielle. La tendance à organiser des manifestations sans respecter les règles du jeu continue donc de prendre de l’ampleur.

«Exfiltrer les meneurs»

Samedi dernier, un autre phénomène nouveau est venu s’ajouter à la vague de manifestations qui déferle depuis début décembre sur le Luxembourg. Des fauteurs de troubles venus de Lorraine et d’Alsace ont pris les commandes du cortège initié par le soi-disant «rassemblement national». «Ces individus arrivent au Luxembourg avec l’intention de défier les forces de l’ordre. La police se doit de réagir à cette nouvelle tactique», note Dan Biancalana (LSAP), le vice-président de la commission parlementaire de la Sécurité intérieure.

Jeudi, le ministre Henri Kox et la direction de la police se sont présentés devant les députés pour faire le point sur les récents débordements. «Face à ces nouveaux phénomènes, il faut se doter de nouveaux moyens. En tant que CSV, nous plaidons clairement pour une réaction plus ferme de la part de la police», souligne Laurent Mosar. Le député-échevin de Luxembourg exhorte le ministre et les forces de l’ordre à «agir en amont de ces rassemblements», qui ne respectent ni le périmètre de manifestation défini par les autorités ni l’obligation de déclarer leur action. «Il est nécessaire d’identifier les meneurs de ces mouvements afin de les exfiltrer», martèle Laurent Mosar. Le CSV plaide en outre pour disperser les manifestants s’ils ne respectent pas les règles du jeu.

Sur ce dernier point, ministre et police restent hésitants. La base légale permettant de mettre fin à une manifestation ne serait pas aussi fournie qu’en France ou en Allemagne. «Les lois sont tout à fait claires, rétorque Marc Goergen, député du Parti pirate. Les casseurs potentiels peuvent être identifiés, contrôlés à leur arrivée et au moins être retardés.» Il s’agirait aussi d’une question d’équité par rapport à ceux qui respectent les règles. «Pour toute petite contravention, le citoyen lambda est puni. Ici, des individus peuvent bloquer l’accès à l’autoroute sans être appréhendés», fustige l’élu sudiste.

CSV et Pirates sont d’accord pour instaurer une véritable loi régissant les manifestations. «Le droit de manifester est inscrit dans la Constitution. Il nous faut évaluer de façon très détaillée quelles seraient les conditions pour venir limiter cette liberté fondamentale», fait cependant remarquer le socialiste Dan Biancalana.

Des doutes persistent

À la veille de ce nouveau week-end de manifestations, les partis de l’opposition doutent que le gouvernement soit prêt à se donner les moyens nécessaires pour agir. «Il ne suffit pas de dire qu’il n’y a pas eu de dégâts ou de blessés. La désescalade a ses limites. Sans réaction ferme, on verra débarquer des casseurs de toute la Grande Région à Luxembourg», redoute Marc Goergen. «Je garde le sentiment que le ministre Kox ne prend pas suffisamment au sérieux ces phénomènes», ajoute Laurent Mosar.

Aussi bien le ministre de l’Intérieur que la direction de la police seront donc attendus au tournant lors de ce week-end. Dès lundi, Henri Kox avait annoncé qu’un dispositif renforcé serait mis en place, avec la très probable présence de policiers belges et d’un canon à eau pour éviter tout débordement.

Un règlement et deux lois pour agir

RÈGLEMENT DE POLICE La Ville de Luxembourg prévoit dans son règlement de police qu’il est «défendu d’entraver la libre circulation sur la voie publique (…) sans autorisation spéciale. Les cortèges devant circuler sur la voie publique sont (…) à déclarer au bourgmestre au moins huit jours avant la date» de la manifestation. Il est également interdit de «lancer et de faire éclater des matières fumigènes (…) ou explosives». Autre point : il est défendu «à toute personne de paraître dans les rues (…) à visage (…) cagoulé». Enfin, il est interdit «de mettre en danger (…) la sécurité ou l’intégrité (…) du public».

La mise en danger d’autrui peut être punie d’une amende de 2 500 euros. Les autres infractions au règlement cité ci-dessus sont sanctionnées par une amende de police d’un maximum de 250 euros.

LOI COVID Les restrictions sanitaires n’entravent pas la liberté de manifester. L’interdiction de se rassembler à plus de 200 personnes n’est ainsi pas d’application pour les actions de protestation. Par contre, la loi dispose que «le port du masque est obligatoire à tout moment». Le non-respect de cette obligation est sanctionné par un avertissement taxé de 300 euros.

LOI DE POLICE Les agents peuvent «procéder à la mise en détention administrative d’une personne majeure qui compromet l’ordre public». La détention ne peut pas dépasser 12 heures. Un autre article prévoit le contrôle renforcé de l’identité lorsqu’il existe un «danger grave, concret et imminent pour la sécurité publique».

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