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Il ne fait pas ses travaux d’intérêt général et risque la prison


Condamné à des travaux d’intérêt général, Jonny, rattrapé par ses addictions, ne les a pas exécutés et doit s’expliquer face aux juges. (Photo : le quotidien)

Jonny n’a pas exécuté les heures de travaux d’intérêt général auxquelles il avait été condamné à deux reprises. Il encourt une peine de prison ferme.

Jonny, 34 ans, bras tatoués et cheveux luisant de gomina plaqués sur le crâne, arrive au tribunal d’arrondissement de Luxembourg encadré par deux policiers et menottes aux poignets. Le jeune homme est en détention préventive depuis le mois de décembre dernier pour des faits qui n’ont pas été abordés hier face à la 16e chambre correctionnelle. Il y comparaissait pour non-exécution de travaux d’intérêt général auxquels il avait été condamné en première instance en 2017 et en appel quelques mois plus tard. 240 heures au total.

Le jeune homme avait six mois à compter de la date du jugement et de l’arrêt pour les commencer et deux années pour exécuter la totalité. «Mon ancienne petite amie ne voulait pas que je travaille parce qu’elle était jalouse», se justifie Jonny, pas très convaincant. « Et puis, je suis retombé dans l’alcool.» Le problème de Jonny ne semble pas uniquement être son ex. Si la détention semble avoir mis un terme à leur relation, le jeune homme se bat contre d’autres addictions.

«Je devais faire des tests covid dans un club de football», explique-t-il. Il avait aussi un contrat avec un jardinier pour nettoyer les autoroutes. «Le tribunal vous avait donné une chance d’éviter la prison et vous étiez d’accord pour effectuer ces heures», lui rappelle le président de la chambre correctionnelle. «Vous risquez de la prison.» Justement, si cela pouvait lui éviter d’y séjourner plus longtemps, Jonny dit être prêt à présent à effectuer ses heures de travaux d’intérêt général. «Nous vous avons laissé pas mal de chances, mais à un moment donné cela suffit», le prévient le juge.

À la barre, Jonny semble prendre conscience de la situation et essaye d’amadouer les magistrats assis face à lui sur leur estrade. «Je n’aurais pas dû écouter mon ex, j’aurais dû écouter ma maman et prendre un logement. J’ai cru que c’était la bonne et regardez où j’en suis», regrette le prévenu. «Vos problèmes viennent en grande partie du fait que vous ne travaillez pas», corrige le président. «Vous avez besoin d’un cadre.» Un avis que partage son agent de probation auprès du Service central d’assistance sociale (SCAS). Elle décrit un cercle vicieux fait de hauts et de bas, de débuts de reprises en main et de rechutes qui dure, selon elle, depuis des années.

Six mois de prison requis

Jonny blâme les autres, de mauvais conseils, pour ses malheurs. «Nous ne sommes pas uniquement là pour mettre les gens en prison. Nous sommes aussi là pour vous aider. Mais vous ne vous laissez pas aider par les bonnes personnes. Vous devez aussi y mettre un peu du vôtre pour vous en sortir», tente le président face à un Jonny qui ne semble plus croire à grand-chose. Il ne veut rien entendre et rouspète depuis le banc des prévenus.

Le procureur partage l’avis du juge. «Je ne crois pas non plus que vous ne saviez pas où demander de l’aide avec votre parcours», indique-t-il. «Les assistantes sociales ne vont pas venir vous réveiller, vous mettre vos chaussettes et vous dire d’aller travailler. Vous devez vous prendre en main.» Il a requis une peine de six mois de prison à son encontre qui se confondra avec «ses différentes condamnations». «Cette fois-ci, il ne s’est rien passé», souligne le représentant du ministère public, encourageant le trentenaire à soigner ses addictions.

Son avocate évoque justement les difficultés rencontrées pour s’en libérer et le cercle vicieux dans lequel il évolue. «Une fois libérés, ils n’ont pas toujours de quoi retomber sur leurs pattes», avance-t-elle avant d’invoquer la clémence du tribunal à l’égard de son client. «Il a compris qu’il doit garder ses distances avec les drogues, l’alcool et son ancienne petite amie.»

Le prononcé est fixé au 2 juin.

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