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Esch-sur-Alzette : une arme peut en cacher une autre


Adriano dit avoir menti à la barre sans le savoir. Le parquet pense le contraire. 

Les affaires se suivent et ne se ressemblent pas au tribunal de Luxembourg. Lundi, deux hommes ont été entendus pour détention d’arme prohibée et faux témoignage.

Vous n’entrez pas ici !» Les deux policiers n’auront pas le temps de pénétrer à l’intérieur d’un café de la rue du Brill à Esch-sur-Alzette. Une bagarre a éclaté entre le prévenu et l’homme qui les a apostrophés, s’est souvenu un des deux policiers à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier. Les policiers étaient simplement venus faire signer un document administratif en relation avec les lois covid au gérant de l’établissement et les voilà pris dans une situation à laquelle ils ne s’attendaient pas.

Une douzaine d’hommes se trouvaient devant le café le 26 juillet 2020 au soir. Ils ont essayé de séparer les deux belligérants. L’un des deux a pris la fuite avant de revenir quelques minutes plus tard se battre avec un autre homme, raconte le policier. Pendant ce temps, les policiers appellent des renforts et tentent de calmer le prévenu. Ailton, 20 ans, est en possession d’un couteau dont la dénomination fait débat.

Le prévenu comparaissait hier pour détention d’arme prohibée. En l’occurrence, «un coup de poing américain doté d’un couteau», selon la citation du parquet. Une petite dague de quelques centimètres au manche en forme de T qui est maintenue dans le poing fermé, selon les explications du prévenu dont l’avocate a conclu à une incompétence matérielle étant donné que, selon elle, le parquet se serait trompé d’arme. La présidente de la chambre l’a coupée dans son élan.

Le représentant du parquet dans son réquisitoire a estimé qu’il s’agit bien d’une arme prohibée – de catégorie 1 – et que «si le prévenu avait utilisé cette arme, il se retrouverait devant une autre cour aujourd’hui». Soit devant une chambre criminelle. Il a requis une peine de six mois de prison et une amende appropriée. Le magistrat s’est rapporté à un jugement de 2015 qui qualifie ce type de courtes dagues «d’armes blanches».

L’avocate n’a rien lâché : rien n’indique, selon elle, jurisprudence de 2013 à l’appui, que l’arme utilisée par le jeune homme n’est pas une arme prohibée. Elle a plaidé l’acquittement de son client pour la détention de coup de poing américain doté d’un couteau. Subsidiairement, elle a demandé la suspension du prononcé, du travail d’intérêt général ou un sursis intégral. «Quand j’ai eu la dague, elle était accrochée à une chaîne, mais elle s’est cassée. J’ai acheté un pantalon avec une chaîne à laquelle était suspendu un petit skateboard. J’ai remplacé le skateboard par la dague», explique le jeune homme qui prétend ne pas avoir eu l’intention de se servir de l’arme le soir des faits. «J’aurais pu blesser quelqu’un.»

«Le témoin magique»

Adriano risque six mois de prison et une amende appropriée pour faux témoignage à la barre de la 9e chambre correctionnelle. Le 23 octobre 2021, son fils était entendu pour avoir conduit sa moto sans permis de conduire valable. Le prévenu avait alors témoigné sous la foi du serment que son fils était au domicile familial le soir où il a été arrêté par la police et pas sur les routes. «J’ai pensé que mon fils était à la maison, mais il n’y était pas. J’ai cru entendre sa voix, mais cela devait provenir d’un autre appartement», a répété le père de famille hier. «Je ne l’ai appris que plus tard.»

«Les faux témoignages doivent être punis avec sévérité», a estimé le procureur qui ne s’est pourtant pas opposé à un sursis intégral. «Il faut être conséquent», a-t-il poursuivi et ce, d’autant plus que «le prévenu a toujours été formel» et qu’il «n’y a donc pas de doute possible» sur les intentions de ce «témoin magique» cité par la défense de son fils. Le procureur avait siégé à l’audience d’octobre 2021 et se souvient parfaitement des dires du prévenu à la barre. Il cite des extraits du plumitif de l’audience pour appuyer ses dires.

Me Stroesser, l’avocat d’Adriano, était d’avis que l’homme de 63 ans «n’avait pas eu l’intention de commettre une infraction». Il a demandé au tribunal de limiter la condamnation à une simple peine d’amende ou à une peine de prison la plus basse possible. Le père de famille aurait uniquement voulu aider son fils et «n’est pas un criminel».

Les prévenus seront fixés sur leur sort le 22 juin.

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