Accueil | Police-Justice | Esch-sur-Alzette : un jeune homme frappé à la tête avec une bonbonne de gaz hilarant

Esch-sur-Alzette : un jeune homme frappé à la tête avec une bonbonne de gaz hilarant


Chrisolite a été assommé par un coup de bonbonne de gaz hilarant.  

Entre bombes de laque et bigoudis, un jeune homme en a agressé un autre avec une bonbonne de gaz hilarant dans un salon de coiffure d’Esch-sur-Alzette. L’affaire n’a pourtant rien de drôle.

Une bande de jeunes aurait saccagé sa voiture à Athus, en Belgique, en 2019, et Alpha pensait que Chrisolite pouvait identifier les responsables. C’est pour cette raison, a-t-il expliqué à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg hier matin, qu’il s’est arrêté au salon de coiffure où le jeune homme de 23 ans était apprenti, pas pour le tuer.

Le jeune Guinéen de 21 ans se rendait avec un ami de Pétange à Schifflange en voiture quand il a vu sa victime présumée en train de fumer une cigarette devant le commerce. «Il m’a fait un sourire narquois. Ça m’a énervé», a enchaîné Alpha. Flanqué de son acolyte, une bonbonne de gaz hilarant de 1,4 kilogramme sous le bras, il est allé le confronter.

«Deux individus portant des capuches sont entrés dans le salon de coiffure de ma maman et se sont dirigés vers Chrisolite. Il leur a dit quelque chose comme « Les gars, pas ici!«  et les a précédés vers la sortie. Ils l’ont agressé, il leur a tenu tête jusqu’à ce qu’il soit assommé avec la bonbonne. Ils lui ont porté des coups à la tête avant de s’enfuir», s’est souvenue Sarah.

Sa maman relèvera la plaque d’immatriculation de la voiture des deux fuyards, mais la victime présumée connaît un de ses agresseurs. «Alpha avait eu une altercation avec des amis. Quand ils sont entrés dans le salon, j’ai compris tout de suite qu’ils ne venaient pas pour se faire coiffer», a raconté l’apprenti coiffeur.

Le jeune homme a eu beaucoup de chance de ne pas avoir eu de complications, selon un expert légiste. Le coup unique porté avec la bonbonne lui a causé un traumatisme crânien et cérébral qui aurait pu avoir de lourdes conséquences, ainsi qu’une fracture de la base du crâne. «Le coup a brisé l’os pétreux qui est un des os les plus durs du corps humain», a précisé le spécialiste qui n’a pas relevé d’autres traces de coups et ne peut donc confirmer la version du prévenu et de son amie. Ils avancent que deux coups ont été portés avec la bonbonne et d’autres avec les pieds et les poings sur le haut du corps du jeune homme. «Un coup de pied au visage aurait laissé des traces.»

«La rancune tenace»

Alpha est accusé de tentative d’assassinat à la suite de cette bagarre survenue le 16 mars 2022 en fin d’après-midi. «Chrisolite a fait un geste brusque avec son bras. Je ne peux pas vous dire lequel. Cela m’a fait paniquer et je lui ai asséné un coup avec la bonbonne», a indiqué le prévenu. «Il vous précédait et vous tournait le dos. Sa blessure à l’arrière du crâne n’est pas compatible avec un geste brusque», lui répond la présidente de la chambre criminelle qui estime qu’il a «la rancune tenace».

«Je voulais lui poser des questions sur qui avait détérioré ma voiture. Si j’avais voulu le tuer, j’aurais emporté un couteau ou une autre arme», a tenté Alpha. «Il y a différentes méthodes pour tuer quelqu’un. Vous avez entendu le médecin légiste. Vous cherchiez la bagarre et vous avez emporté la bonbonne», lui oppose la juge, pas du tout convaincue par ses explications.

«En plus, je ne suis pas certaine que le chemin le plus court pour se rendre à Schifflange depuis Pétange passe devant le salon de coiffure.» «J’ai emporté la bonbonne parce que Chrisolite est quelqu’un de dangereux», a argumenté Alpha.

Le prévenu reconnaît avoir asséné un coup de bonbonne et nie avoir eu l’intention de tuer sa victime présumée. La présidente de la chambre criminelle est dubitative. La version du prévenu lui paraît incohérente. «Si Chrisolite est aussi dangereux que vous le dites, pourquoi ne pas avoir passé votre route au lieu d’avoir cherché la confrontation?»

Alpha jure avoir uniquement voulu interroger sa victime. «Je viens d’une famille pauvre. La voiture représentait beaucoup d’argent pour mes parents et je voulais retrouver ceux qui l’avaient saccagée pour qu’ils payent.»

Et bien que Chrisolite soit «dangereux» au point de le faire perdre ses moyens avec un seul geste, Alpha n’aurait, selon sa victime présumée et ses proches, pas eu peur de le menacer par le biais de messages avant et après les faits. «Chrisolite m’a confié avoir été menacé par Alpha avant» l’agression au salon de coiffure, a accusé Sarah. «Alpha m’avait menacé de viol un an et demi plus tôt.»

La présidente du tribunal leur a demandé de préparer des preuves de ces menaces pour la prochaine audience qui aura lieu demain après-midi. Si elles se révélaient être avérées, elles pourraient faire prendre une autre tournure à l’affaire et incriminer le prévenu encore davantage.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.