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Couple d’octogénaires dépouillé de ses bijoux : les yeux braqués sur le troisième suspect


Acquitté par les premiers juges, Ringo P. avait pris en appel 7 ans de réclusion, tout comme Désiré S. Quel sort attend le troisième prévenu? (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Deux hommes ont déjà été condamnés pour avoir participé au braquage d’un couple d’octogénaires le 4  juillet 2015 à Senningen. Le procès du troisième prévenu, longtemps recherché, a débuté mercredi.

Il y a quatre ans, son portrait figurait dans le calendrier de l’avent d’Europol avec ceux des criminels les plus recherchés de l’Union européenne. Aujourd’hui, Kevin P. ne court plus. La cavale du Français de 30 ans a pris fin le 17 juillet 2019 près de Metz. Il est le troisième homme poursuivi pour avoir participé au vol avec violences sur un couple d’octogénaires à Senningen le 4 juillet 2015. Ringo P. (51 ans) et Désiré S. (44 ans) sont déjà fixés sur leur sort. Sept ans de réclusion. C’est la peine que la Cour d’appel leur a infligée le 27 mars 2018. À cette date, Kevin P. n’avait toujours pas pu être arrêté.

À son tour donc d’être jugé aujourd’hui. «Je veux parler, Madame», a-t-il d’emblée fait comprendre à l’ouverture de son procès mercredi après-midi devant la 13e chambre criminelle. Les faits qu’on lui reproche, il les conteste fermement. Tout comme la manière dont il a atterri dans le viseur des enquêteurs.

Nées en 1928 et 1930, les victimes avaient été attaquées devant leur maison en plein jour, vers 14 h, alors qu’elles étaient en train de décharger leurs courses. L’épouse avait été gravement blessée aux bras et mains, tandis que son mari avait eu l’épaule fracturée. Les malfrats s’étaient enfuis avec des bijoux d’une valeur totale estimée à 481 000 euros : deux solitaires et une alliance. Un collier et un bracelet avaient également été arrachés par les voleurs, mais ils avaient ensuite été retrouvés sur les lieux.

Un couple qui traversait Senningen en voiture en ce début d’après-midi avait aperçu deux à trois individus gantés courir vers une Mercedes Classe A. Les indices suivants, ce sont les caméras de vidéosurveillance du centre commercial City Concorde à Bertrange qui les livreront. Les victimes y avaient passé la matinée et déjeuné à midi avant de rentrer chez elles.

Dans le viseur des caméras du City Concorde

Trois personnes «hautement suspectes» avaient pu être repérées. Il s’agit – comme le révèlera la suite de l’enquête –de Désiré S., Ringo P. et Kevin P. Ils étaient entrés dans la galerie marchande vers 11 h. «Sur plusieurs séquences, les trois hommes suivent clairement le couple.» C’est ce que conclut l’enquêteur qui a passé au crible les longues heures de vidéosurveillance. Certes, le trio aurait perdu l’épouse de vue quand elle était allée aux toilettes. Mais une séquence est particulièrement parlante : celle, peu après 13 h, où le couple monte les escalators pour rejoindre sa voiture dans le parking couvert. La personne identifiée comme étant Kevin P. le suit. Il suit toujours les octogénaires dans le parking jusqu’à un certain angle, avant de rebrousser chemin. Mais d’un pas accéléré. «Il court», observe l’enquêtrice.

Ensuite, sur les caméras à l’extérieur, c’est le comportement d’une Mercedes qui saute aux yeux : sur l’une des voies de sortie du parking, la voiture de couleur foncée attend puis récupère Kevin P. avant de faire demi-tour. On la voit aussi mordre la plate-bande du petit rond-point au centre du parking. Était-ce parce que le couple âgé n’avait pas pris le chemin direct vers la sortie? À la police, l’octogénaire avait expliqué avoir jeté un coup d’œil sur le parking arrière pour voir l’affluence en ce début d’après-midi. «Les suspects n’avaient sans doute pas pensé à cette manœuvre. Ils ont vite tourné pour suivre le couple», poursuit l’enquêtrice. Sur les dernières images du parking, les deux voitures se suivent. «Sans doute étaient-ils derrière eux sur l’autoroute.»

Le mari venait tout juste de déposer les premiers sacs de leurs achats à l’intérieur de leur maison à Senningen lorsqu’il avait entendu sa femme crier. Il avait d’abord pensé qu’elle était tombée, mais il avait vite compris ce qui se passait en voyant deux hommes.

Dénoncé en 2016 par un appel anonyme

Ringo P. est le premier des trois suspects à avoir été identifié. La Mercedes captée par les caméras de surveillance du centre commercial appartenait à une société de leasing à Strassen. Elle faisait l’objet d’un contrat de location conclu avec le suspect. Désiré S. avait également été arrêté fin août 2015. Son ADN avait pu être mis en évidence sur le t-shirt de l’épouse.

L’identification du troisième suspect a pris plus de temps. En juin 2016, la police avait reçu un appel l’informant que l’auteur qui n’était pas encore identifié serait Kevin P. Le nom n’était pas connu des enquêteurs luxembourgeois. Les collègues français leur avaient transmis une photo. «Il ressemblait fortement au troisième suspect du City Concorde. Et c’était le neveu de Ringo P.», résume l’enquêtrice.

Cet appel anonyme, qui a en fait lancé les enquêteurs sur la piste de Kevin P., aura occupé une bonne partie de la première audience du procès. Car la défense aurait aimé confronter ce «témoin à charge». «Qui dit que le dénonciateur anonyme n’est pas le troisième homme?», a soulevé Me Roby Schons invoquant la nullité de la procédure. «Il y a d’autres charges dans le dossier contre Kevin P.», a rappelé la représentante du parquet. La chambre criminelle a décidé de joindre l’incident au fond.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi.

Fabienne Armborst

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