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Braquage de G4S : les experts décryptent l’ADN


(photo archives LQ)

Après l’attaque à main armée contre G4S, un certain nombre de pièces à conviction comportant des traces des quatre prévenus avaient été relevées. Au total, sept experts ont été entendus par la chambre criminelle, mercredi, lors de la troisième journée du procès du braquage du siège de la firme G4S à Gasperich en avril 2013.

L’attaque contre le siège du transporteur de fonds G4S, situé rue du Père-Raphaël à Luxembourg-Gasperich, s’était avérée très violente. Au moins six hommes lourdement armés avaient participé à ce braquage, le 3 avril 2013 vers 3 h 40. Pour couvrir sa retraite, la bande n’avait pas hésité à mitrailler les policiers.

Sur les lieux du crime, la police technique avait relevé toute une série d’indices, dont une batterie de 12 volts, un câble électrique, du ruban adhésif, des charges d’explosifs, deux bidons d’essence, des gants en plastique, 85 douilles… Pour l’enquête, des experts avaient été chargés d’analyser ces pièces à conviction. Ils ont présenté leurs résultats hier après-midi.

L’expertise des bouchons des deux bidons d’essence a mis en évidence le profil génétique des prévenus Cihan G. (31 ans) et Dogan S. (44 ans). Pour rappel, ces deux bidons avaient été déposés à Garnich à 80 mètres du véhicule que les auteurs avaient incendié.

Sur le site de G4S à Gasperich avait été retrouvée une batterie de 12 volts. Lors de la première journée du procès, l’enquêteur l’avait qualifiée d’« importante pour l’enquête ». Selon une experte, la pièce a recueilli des traces d’ADN de trois personnes, dont celles d’Anouar B. (35 ans).

Le profil génétique du quatrième prévenu, Simon S. (26 ans), a notamment été relevé sur un kit de nettoyage pour arme. Le matériel avait été saisi dans le cadre d’une perquisition à son domicile le 11 juin 2013. Ce jour-là, la police belge avait aussi saisi chez lui deux gilets pare-balles. À l’arrière du col d’un gilet, l’expert en génétique belge a pu isoler le mélange de traces ADN de deux personnes. « Pour moi, le résultat est incontestable en ce qui concerne la présence de Cihan G. », conclut-il.

Les avocats à la défense des quatre prévenus n’ont pas manqué de questionner les experts en long, en large et en travers sur l’origine des traces d’ADN. Ainsi, est-il possible que Cihan G. ait déposé les traces de son ADN en portant le gilet pare-balles simplement à la main? « Vu la qualité du profil génétique, cela me paraît peu probable », a été la réponse de l’expert.

ADN : impossible de déterminer sa date

Sur demande de la défense, le spécialiste a également indiqué que les techniques actuelles ne permettaient pas de déterminer la date de la trace. « A priori, l’ADN peut rester stable pendant des mois, voire des années, s’il n’est pas soumis à l’humidité ou au soleil, par exemple. »

Enfin, c’est la question du transfert de l’ADN sur les pièces à conviction qui a occupé une bonne partie de l’audience. Y a-t-il eu un transfert primaire ou secondaire? C’est-à-dire, l’ADN est-il compatible avec une trace de contact directe ou indirecte? Concrètement, Anouar B. a-t-il touché la batterie? L’autre alternative suggérée par ses avocats est qu’il ne l’a pas touchée directement. Et qu’il aurait serré la main à une personne qui a ensuite manipulé la batterie.

« Les résultats ne permettent pas d’éliminer une hypothèse. » Voici la conclusion d’un professeur en statistiques forensiques enseignant à la faculté des sciences criminelles de l’université de Lausanne, que la défense avait spécialement fait citer.

En début de séance, la chambre criminelle a entendu l’expert en balistique chargé de l’analyse des 85 douilles retrouvées. Il confirme qu’elles ont été percutées par trois kalachnikovs différentes. L’une de ces armes avait déjà été employée dans une autre affaire en Belgique. C’est ce qu’a révélé la banque nationale des données balistiques de l’INCC lors de l’analyse des trois douilles percutées par cette arme.

Le procès se poursuit ce jeudi après-midi.

Fabienne Armborst

3 plusieurs commentaires

  1. votre article n’est pas a jour ou en est le procès ?

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