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Zika : le monde s’inquiète, l’Amérique latine se mobilise


Un moustique Aedes aegypti photographié dans un laboratoire de l'université du Salvador, à San Salvador, le 3 février 2016. (Photo : AFP)

La rapide expansion de l’épidémie Zika et son probable lien avec une malformation congénitale ont amené 14 pays d’Amérique latine à s’engager à lutter ensemble contre le virus, dans un climat d’inquiétude mondiale après l’annonce d’un cas de transmission sexuelle.

Réunis en urgence à Montevideo mercredi, les ministres de la Santé de ces pays – dont le Brésil et la Colombie, les deux plus affectés par le virus – ont décidé d’entamer des actions coordonnées de politiques de santé et des campagnes d’éducation pour aider la population à se protéger.

L’Amérique latine est la région la plus touchée au monde par l’épidémie de Zika, transmis par des moustiques.

«Ce qui inquiète les ministres, c’est la rapidité avec laquelle l’infection du virus Zika s’est propagée, atteignant en moins d’un an 26 pays» du continent américain, avec 4 millions de malades prévus d’ici fin 2016, a expliqué Carissa Etienne, directrice de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS).

«La réponse face à ce problème va passer par la lutte contre le moustique transmetteur du virus», a-t-elle ajouté.

En écho, le Brésil, préoccupé à six mois des jeux Olympiques de Rio, a annoncé déployer 522 000 personnes dans des opérations de fumigation, dont «46 000 agents de combat qui vont de maison en maison» combattre le moustique Aedes aegypti (vecteur de la maladie avec le moustique Aedes albopictus).

Des cas de contagion domestique ont été signalés en Thaïlande, en Indonésie et au large du continent africain, au Cap-Vert, l’Asie étant particulièrement vulnérable au virus selon les experts, en raison d’une forte présence du moustique Aedes aegypti dans les grandes villes.

Chasse au moustique

Face au danger, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mercredi l’Europe à contrer toute prolifération du moustique.

«J’exhorte les pays européens à agir de manière coordonnée pour contrôler les moustiques, y compris en impliquant les populations pour éliminer les sites de reproduction et en planifiant d’épandre de l’insecticide et de tuer les larves», a recommandé la directrice Europe de l’OMS, Zsuzsanna Jakab.

Des touristes européens ont déjà été contaminés par le virus, mais le moustique Aedes aegypti n’a pas été pour l’instant repéré dans l’Union européenne. Le risque va augmenter à mesure que les températures vont s’adoucir, la présence des moustiques du genre Aedes étant établie, pendant l’été, sur le pourtour méditerranéen.

De l’autre côté de l’Atlantique, la Floride, Etat du sud-est des Etats-Unis aux portes de l’Amérique latine, a mobilisé mercredi des moyens pour lutter contre le virus Zika et se préparer à une éventuelle propagation de l’épidémie après l’annonce de six nouveaux cas, portant à neuf le total de personnes infectées dans cet Etat.

Le climat humide et chaud de la Floride offre un territoire propice aux moustiques vecteurs du virus Zika. L’Etat d’urgence sanitaire déclaré dans l’Etat permettra principalement de mener des campagnes de fumigation.

Course au vaccin

Un nouveau mode de transmission, par voie sexuelle, a par ailleurs été confirmé mardi par les autorités sanitaires américaines (CDC), avec un cas aux États-Unis chez un voyageur revenant du Venezuela et ayant contaminé son ou sa partenaire.

L’annonce intensifie les craintes d’une propagation rapide de la maladie, même si la communauté scientifique juge la transmission intra-humaine rare. Les autorités sanitaires irlandaises et britanniques ont déjà recommandé le port du préservatif aux personnes revenant des zones touchées par le virus.

Mercredi, les autorités sanitaires canadiennes ont quant à elles annoncé restreindre les dons de sang pour les voyageurs revenant des zones les plus à risques. Ils devront attendre 21 jours après leur retour afin de prévenir les risques liés au virus Zika.

Si les symptômes du virus, semblables à la grippe et pouvant même passer inaperçus, sont généralement bénins, ses complications inquiètent. Pour l’OMS, son lien avec une explosion en Amérique du Sud du nombre de cas de microcéphalie est «fortement suspecté, bien que non prouvé scientifiquement».

Au Brésil, pays le plus affecté par Zika avec plus de 1,5 million de personnes contaminées, 404 cas ont été confirmés et 3 670 restent suspects, selon le ministère de la Santé. Alors que le laboratoire français Sanofi Pasteur annonçait mardi se lancer dans la recherche d’un vaccin, un laboratoire indien, Bharat Biotech, a assuré mercredi être déjà en train de le mettre au point, après plus d’un an de travail.

AFP/M.R.

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