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Merkel, réélue à la tête de la CDU, adopte un ton plus ferme sur l’immigration


La chancelière se préparait à être largement réélue mardi à la tête des conservateurs allemands et à lancer la bataille de 2017, où elle vise un quatrième mandat. (photo AFP)

La chancelière allemande Angela Merkel a lancé mardi la bataille pour les législatives en adoptant un ton ferme sur l’immigration pour faire barrage à la droite populiste, et tourné définitivement la page de sa généreuse politique d’accueil des réfugiés.

Devant un millier de délégués de son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) réunis en congrès à Essen, la dirigeante de 62 ans a assuré qu’ « une situation comme celle de l’été 2015 ne peut et ne doit pas se répéter ». « C’était et c’est notre et mon objectif politique », a-t-elle insisté plus d’un an après sa spectaculaire décision d’ouvrir les portes de son pays à près de 900 000 demandeurs d’asile fuyant notamment la guerre en Syrie.

Interdiction du voile intégral

Cet afflux inédit a profondément bouleversé la société, partagée entre générosité et inquiétudes à l’égard de l’afflux de réfugiés. La chancelière avait vu sa cote de popularité dégringoler et les critiques virulentes dans son propre camp se multiplier. Elle a toutefois depuis regagné une partie du soutien populaire.

Durant un discours de 75 minutes, Angela Merkel s’est montrée ferme sur la défense des valeurs de l’Allemagne et de l’Europe, affirmant vouloir interdire le voile intégral, un phénomène toutefois marginal en Allemagne, « là où c’est juridiquement possible ». Son ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, avait déjà présenté un projet en ce sens en août pour interdire les tenues islamiques camouflant le visage dans l’administration, les écoles, les universités ou devant les tribunaux. Elle a aussi insisté sur le fait que « le droit allemand prévaut sur la charia » (la loi coranique).

La CDU devait également se prononcer durant ce congrès sur un tours de vis en matière d’expulsions des demandeurs d’asile déboutés avec notamment un allongement de la durée de séjour en centre de rétention.

Réélue, mais avec moins d’assurance

Angela Merkel a ensuite été réélue pour la 9e fois présidente de la CDU, avec 89,5% des votes. Mais il s’agit de son deuxième plus mauvais résultat en 16 ans à la tête de la CDU. Lors de sa réélection en 2014, elle avait obtenu 96,7% des suffrages.

Les médias allemands jugeaient qu’un résultat en dessous de 90% témoignerait d’une réelle grogne de la base alors qu’elle a annoncé fin novembre briguer un quatrième mandat de chancelière après les élections prévues pour probablement septembre.

Rempart contre le populisme

En annonçant fin novembre vouloir rester chancelière, Angela Merkel a promis d’incarner la continuité face aux turbulences mondiales. Elle a notamment plaidé mardi pour que les grands groupes internationaux n’échappent pas à l’impôt grâce à des montages avantageux. « Les gens attendent avec raison que les grandes entreprises internationales paient aussi des impôts », a-t-elle affirmé juste avant son discours de campagne.

Elle s’est surtout présentée en rempart devant la montée du populisme en Allemagne et dans le monde, en gardienne des valeurs démocratiques notamment après la victoire de Donald Trump aux États-Unis. Angela Merkel a dans ce contexte prévenu que la campagne qui s’annonce serait la plus difficile depuis la réunification du pays en 1990. Prudente et toujours très rationnelle, l’ancienne physicienne voit son mandat assombri par l’ascension rapide d’une droite populiste et xénophobe dans un pays qui, de par son histoire, se pensait immunisé contre un tel phénomène. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), créditée de 13% des voix, prospère sur les peurs d’une frange de la population, en particulier en ex-RDA, qui se sent déclassée socialement et rejette les élites.

Le Quotidien/AFP

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