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Lobbying: le cas Barroso embarrasse à nouveau la Commission européenne


Après dix ans pasés à la tête de la Commissionn européenne, José Manuel Barroso est allé vendre son carnet d'adresse à Goldman Sachs. (Photo: AFP)

La médiatrice de l’Union européenne a demandé jeudi au comité d’éthique de la Commission de réexaminer « la question de l’activité professionnelle » de l’ancien président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso, aujourd’hui employé par Goldman Sachs et soupçonné de lobbying à Bruxelles.

La médiatrice de l’UE, Emily O’Reilly, recommande au comité d’éthique de la Commission de se pencher à nouveau sur le cas de l’ancien président de l’exécutif européen étant donné que l’engagement de José Manuel Barroso « à ne pas faire de lobbying auprès de la Commission » semble avoir été remis en question par sa rencontre avec un vice-président actuel de l’exécutif européen, le Finlandais Jyrki Katainen, explique-t-elle dans un communiqué.

« Je n’ai pas fait de lobbying auprès de l’UE et je n’en ferai pas », s’est immédiatement défendu dans un tweet José Manuel Barroso, dont l’embauche en 2016 par la banque d’investissement après 10 ans à la tête de la Commission avait suscité une vive polémique.

La demande de la médiatrice intervient dans un contexte houleux pour la Commission, déjà sur la sellette après la promotion éclair et controversée du bras droit de son président Jean-Claude Juncker, l’Allemand Martin Selmayr, au poste stratégique de secrétaire général de cette institution.

La rencontre évoquée par Emily O’Reilly, le 25 octobre 2017 dans un hôtel de Bruxelles, « a été enregistrée comme réunion avec la banque Goldman Sachs » et donc « considérée comme une rencontre à des fins de lobbying », même si José Manuel Barroso et Jyrki Katainen ont ensuite affirmé qu’il s’agissait d' »une entrevue privée et personnelle », développe-t-elle. Chargé notamment des Investissements et de la Compétitivité, Jyrki  Katainen, ex-Premier ministre en Finlande, fait partie de la frange la plus libérale de la Commission. Il a brièvement été commissaire de José Manuel  Barroso en 2014.

Il avait d’abord expliqué dans une lettre à des ONG – qui avaient révélé l’affaire –  que cette rencontre, en tête-à-tête et sans aucune prise de note, avait été consacrée à « des questions de défense et de commerce ». Puis il avait nié dans plusieurs médias que ce rendez-vous constituait du lobbying de la part du Portugais et expliqué qu’il s’agissait d’une rencontre amicale.

« Devoir de discrétion »

L’embauche en 2016 de l’ancien patron de l’exécutif européen par Goldman Sachs, après dix ans à la tête de la Commission (2004-2014), avait engendré de sérieuses préoccupations « dans l’opinion publique », rappelle Emily O’Reilly. Mais l’intéressé avait alors assuré dans une lettre à Jean-Claude Juncker qu’il n’avait « pas été engagé pour faire du lobbying » et qu’il n’en avait « pas l’intention ».

Saisi, le comité d’éthique de la Commission, tout en désapprouvant le choix du Portugais, avait alors conclu qu’il n’avait pas violé les règles en vigueur. « L’engagement de M. Barroso de ne pas exercer de lobbying au nom de Goldman Sachs répond au devoir d’intégrité et de discrétion imposés par le traité », avait-il conclu.

Interrogé fin février sur le sujet, Jean-Claude Juncker avait affirmé que la rencontre entre Barroso et Katainen était « en accord total avec les règles », notamment parce qu’elle avait « été rendue publique », avant de lancer un définitif: « Ce n’est rien ! ». « Nous n’avons jamais dit que José Manuel Barroso ne pouvait pas rencontrer de commissaires », avait-il insisté, ajoutant que ce dernier – qui « n’est pas un gangster » – avait été inscrit « sur la liste des lobbyistes ».

Goldman Sachs est inscrite dans le registre de transparence de la Commission européenne, mais le nom de José Manuel Barroso n’est pas mentionné. La Commission n’a pas répondu aux questions qui luiont été posées sur ce point.

« Le nouveau poste de M. Barroso (…) aurait dû tout au moins susciter des inquiétudes au sein de la Commission quant au respect du devoir de discrétion », a souligné la médiatrice jeudi. « Une grande partie de la négativité récemment ressentie autour de cette question aurait pu être évitée si la Commission avait, à l’époque, pris une décision formelle », a-t-elle ajouté.

Emily O’Reilly précise que son enquête sur le Portugais a été ouverte dès février 2017, soit bien avant sa rencontre avec Jyrki  Katainen, à la suite de plusieurs plaintes, dont une adressée par « un groupe d’anciens et d’actuels membres du personnel de l’UE ».

La Commission a été invitée à répondre d’ici le 6 juin à la recommandation de la médiatrice.

Le Quotidien/AFP

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