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L’Espagne vote pour choisir entre Pedro Sánchez et la droite


Toutes les enquêtes d'opinion publiées jusqu'à lundi estimaient quasi-certaine une victoire du Parti populaire (PP, droite) d'Alberto Núñez Feijóo, (Photo AFP)

L’Espagne a commencé à voter dimanche pour des élections législatives anticipées dont l’opposition de droite est donnée grande favorite par les sondages face au Premier ministre sortant, le socialiste Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018.

Les bureaux de vote ont ouvert à 9h locales (7h GMT). Quelque 37,5 millions d’électeurs sont appelés à renouveler pour quatre ans les 350 membres du Congrès des députés et à élire 208 sénateurs.

Près de 2,5 millions de personnes ont déjà voté par correspondance, un nombre record dû au fait que ce scrutin se déroule, pour la première fois, en plein été. Le vote s’achèvera à 20h (18h GMT) mais en raison de l’absence de sondages de sortie des urnes, il faudra attendre environ une heure pour la publication des premiers résultats.

A l’approche des élections européennes de 2024, le basculement à droite de la quatrième économie de la zone euro, après celui de l’Italie l’an dernier, constituerait un revers cinglant pour les gauches européennes. Cela serait d’autant plus symbolique que l’Espagne exerce actuellement la présidence tournante de l’UE.

Toutes les enquêtes d’opinion publiées jusqu’à lundi estimaient quasi-certaine une victoire du Parti populaire (PP, droite) d’Alberto Núñez Feijóo, 61 ans, mais le fait que leur publication soit interdite pendant les cinq jours précédant le scrutin incite à la prudence. D’autant qu’il restait de nombreux indécis en début de semaine et qu’on ignore l’effet de la date de cette élection, accompagnée de températures très élevées, sur la participation.

Alliance droite-extrême droite ?

Malgré tout, « ce serait une énorme surprise que le PP ne soit pas le vainqueur, mais quant à savoir s’il pourra former un gouvernement, c’est autre chose », déclare à l’AFP le politologue Pedro Riera Sagrera, professeur à l’université Carlos III de Madrid.

Alberto Núñez Feijóo a pour objectif d’atteindre le chiffre magique de 176 députés, qui lui donnerait la majorité absolue des 350 sièges du Congrès des députés. Mais pas un seul sondage n’a envisagé un tel score pour le PP. Il devrait donc avoir recours à une alliance. Or, son seul partenaire potentiel est Vox, un parti d’extrême-droite, ultranationaliste et ultraconservateur, né en 2013 d’une scission du PP.

La campagne de Alberto Núñez Feijóo a d’ailleurs été sérieusement perturbée par les tractations du PP avec Vox pour établir des pactes dans plusieurs régions prises à la gauche lors des élections locales du 28 mai. Car le parti d’extrême-droite n’a fait aucun compromis sur ses priorités, notamment le refus du concept de violence de genre, le rejet des transgenres et la négation du changement climatique.

Le leader de Vox, Santiago Abascal, a déjà averti le PP que le prix de son soutien serait une participation à un gouvernement Feijóo, ce qui marquerait le retour de l’extrême-droite au pouvoir, près d’un demi-siècle après la fin de la dictature franquiste.

« Pas l’idéal »

S’il l’emporte, Alberto Núñez Feijóo, qui décrit le PP comme « un parti de centre-droit réformiste », devrait donc sans doute s’allier avec l’extrême-droite pour pouvoir gouverner.

Jusqu’au bout, il a maintenu le flou sur ses intentions. « A deux jours du scrutin, un candidat ne doit pas dire avec qui il va s’allier », affirmait-il vendredi dans une interview au quotidien El Mundo, ajoutant qu’un gouvernement de coalition avec Vox « n’est pas l’idéal ».

Donné battu après la déroute de la gauche lors des élections locales, qui l’avait convaincu de convoquer ce scrutin anticipé, Pedro Sánchez, 51 ans, a fait de Vox un épouvantail afin de jouer sur la peur de l’extrême-droite.

Dénonçant « le tandem formé par l’extrême-droite et la droite extrême », qu’il considère comme bonnet blanc et blanc bonnet, le Premier ministre sortant, qui a mis en avant la carte européenne, a affirmé qu’un gouvernement de coalition PP/Vox « serait non seulement un recul pour l’Espagne » sur le plan des droits, « mais aussi un sérieux revers pour le projet européen ».

Pour lui, la seule alternative à un gouvernement PP/Vox est le maintien au pouvoir de l’actuelle coalition de gauche, mise sur pied en 2020, entre son parti socialiste et la gauche radicale.

Du côté de celle-ci, Podemos, qui fut pendant trois ans un partenaire incommode de Pedro Sánchez, a été absorbé et remplacé cette année par Sumar, formation dirigée par la ministre sortante du Travail, la communiste et très pragmatique Yolanda Díaz. Pour de nombreux analystes, dont Pedros Riera Sagrera, l’éventualité d’une assemblée sans majorité, qui rendrait nécessaire un nouveau scrutin dans quelques mois, constitue « un risque important ».

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