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La «pierre du destin» en route pour le couronnement du roi


Au terme d'un voyage sous haute sécurité, la pierre de 152 kilos ira se loger dans son emplacement sous la chaise du roi Édouard, un trône de chêne de plus de deux mètres de haut, au centre des couronnements depuis plus de 700 ans. (Photo : afp)

Soixante-dix ans après l’accession au trône d’Elizabeth II, la «pierre du destin» fera son retour à Westminster pour le couronnement de Charles III. Depuis un quart de siècle, elle est gardée en Écosse, d’où son voyage a commencé vendredi.

C’est l’une des pièces centrales du couronnement de Charles III : la «pierre du destin» a commencé vendredi son voyage depuis l’Écosse, pour l’évènement qui aura lieu le 6 mai à l’abbaye de Westminster, à Londres. Une cérémonie s’est déroulée jeudi soir au château d’Édimbourg pour marquer le départ de ce bloc de grès, symbole de la monarchie écossaise et rapporté d’Écosse en tant que butin de guerre par Édouard Ier au XIVe siècle. Au terme d’un voyage sous haute sécurité, la pierre de 152 kilos ira se loger dans son emplacement sous la chaise du roi Édouard, un trône de chêne de plus de deux mètres de haut, au centre des couronnements depuis plus de 700 ans.

Brièvement dérobée par des étudiants écossais au cours d’une audacieuse épopée en 1950, la pierre a été symboliquement rendue à l’Écosse en 1996, en pleine montée du sentiment indépendantiste. Mais il est convenu qu’elle retourne du château d’Édimbourg à Westminster pour les couronnements. Après la cérémonie pour le départ de la pierre, le Premier ministre écossais, Humza Yousaf, qui ambitionne de mener l’Écosse à l’indépendance et de quitter le giron de la monarchie britannique, a salué un «moment historique» auquel il s’est dit «ravi» de prendre part.

Une origine empreinte de mythes

Selon la légende, la pierre a été transportée de la Terre sainte à travers l’Égypte, la Sicile, l’Espagne et l’Irlande avant d’être disposée dans un monastère à Scone, en Écosse, au IXe siècle, puis d’être utilisée pendant des siècles pour les couronnements des rois écossais. Mais David Breeze, professeur d’histoire et d’archéologie à l’université d’Édimbourg, estime qu’il est très probable qu’elle provienne en fait du royaume des Pictes écossais. «L’origine de la pierre a longtemps été empreinte de mythe», a déclaré l’historien à Times Radio.

«Le lien avec le Moyen-Orient est fort et, au Moyen Âge, l’idée selon laquelle la pierre aurait été l’oreiller de Jacob a été utilisée pour justifier une expansion territoriale», explique-t-il. «Nous pensons que le lien avec Scone est fort et il est hautement probable qu’elle trouve ses origines dans l’ancien royaume picte en Écosse.»

D’après Historic Environment Scotland, l’organisme gardant la pierre, des analyses scientifiques ont confirmé que cette dernière était celle-là même qui avait été prise à Scone par le roi Édouard Ier. Il avait ordonné qu’elle soit intégrée à la chaise du couronnement en 1296. «Édouard faisait une déclaration au sujet du statut de l’Écosse», raconte Ewen Cameron, professeur d’histoire écossaise à l’université d’Édimbourg. «Un chroniqueur avait affirmé que son transfert à Londres était en reconnaissance d’un royaume conquis et qui s’est rendu.»

La pierre a été symboliquement rendue à l’Écosse en 1996, mais il est convenu qu’elle retourne à Westminster pour les couronnements

La pierre est restée à l’abbaye de Westminster pendant l’essentiel des 650 ans qui ont suivi, jusqu’au réveillon de Noël 1950, lorsqu’un groupe d’étudiants écossais se lance dans une audacieuse entreprise : la récupérer. Après le larcin, une chasse à l’homme avec barrages à la frontière anglo-écossaise avait été déclenchée, mais ses auteurs avaient déjà réussi à faire passer la pierre au nord. Ils avaient ensuite raconté qu’ils avaient dû secrètement recourir aux services d’un tailleur de pierres pour la remettre en état après une chute survenue quand ils la transportaient à leur voiture.

La pierre a ensuite été retrouvée à l’abbaye d’Arbroath, où a été proclamée la nation écossaise en 1320 sous le roi Robert Ier d’Écosse. Elle a été rapportée à Londres en 1951, où elle a retrouvé sa place sous le trône pour le couronnement d’Elizabeth II, en 1953.

L’un des étudiants, Ian Hamilton, avait commencé à éveiller les soupçons de la police quand les enquêteurs avaient découvert qu’il avait pris tous les livres qu’il pouvait sur l’abbaye de Westminster dans une bibliothèque de Glasgow. Les quatre étudiants, salués comme des héros nationaux, ne seront jamais poursuivis. Ian Hamilton, qui est devenu l’un des avocats les plus respectés en Écosse, est mort l’année dernière à l’âge de 97 ans. Son livre, intitulé The Taking of the Stone of Destiny («la prise de la pierre du destin»), a été porté à l’écran dans un film en 2008, Stone of Destiny, avec Charlie Cox et Robert Carlyle. En clin d’œil, Ian Hamilton y faisait une apparition dans le rôle d’un homme d’affaires.

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