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Des dizaines de frappes russes dans l’est de l’Ukraine


Les frappes russes s'intensifient dans l'est de l'Ukraine. (Photo AFP)

Moscou a déclaré ce mardi avoir mené une dizaine de frappes dans l’est de l’Ukraine, au lendemain de l’annonce par Kiev d’une nouvelle offensive de l’armée russe dans cette région.

A l’aide de « missiles de haute précision », les forces aériennes russes ont « neutralisé 13 places fortes » de l’armée ukrainienne, a affirmé le ministère russe de la Défense, en appelant à la reddition de « tous les militaires ukrainiens ».

Les autorités locales ont de leur côté appelé les habitants à fuir cet « enfer », malgré l’absence de couloirs humanitaires.

Ces dernières semaines, après avoir échoué à prendre le contrôle de la région de Kiev, la campagne militaire russe s’est réorientée sur le bassin du Donbass, partiellement contrôlé par des forces séparatistes prorusses depuis 2014.

« Nous pouvons maintenant affirmer que les troupes russes ont commencé la bataille pour le Donbass, pour laquelle elles se préparent depuis longtemps. Une très grande partie de l’ensemble de l’armée russe est désormais consacrée à cette offensive », a déclaré lundi soir le président Volodymyr Zelensky, dans un discours retransmis sur Telegram. « Peu importe combien de soldats russes sont amenés jusqu’ici, nous combattrons. Nous nous défendrons », a-t-il clamé. Pour son chef de cabinet, Andriï Yermak, « la deuxième phase de la guerre a commencé ».

L’état-major russe a affirmé mardi avoir frappé « 60 installations militaires de l’Ukraine », dont trois points de commandements, et deux entrepôts de missiles Totchka-U. Selon un haut responsable américain du département de la Défense, la Russie a augmenté de « onze bataillons » en une semaine sa présence militaire dans l’est et le sud de l’Ukraine, portant à 76 le total de bataillons dans le pays.

« L’enfer »

L’AFP a vu des bus transportant des militaires ukrainiens se diriger vers Kramatorsk, la capitale du Donbass, tandis que les autorités locales appelaient la population civile à évacuer. « C’est l’enfer », s’est ému lundi soir sur Facebook le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï. Les combats « sont incessants » dans plusieurs villes.

« Partez! », a-t-il ordonné mardi à ses concitoyens. « Des milliers d’habitants de Kreminna n’ont pas eu le temps de partir et maintenant, ils sont otages des Russes. » Kreminna, qui comptait environ 18 000 habitants avant la guerre et est située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Kramatorsk, est tombée aux mains des Russes, a-t-il indiqué, même si le conseiller de la présidence ukrainienne Oleksiy Arestovytch a affirmé que d’ « intenses combats de rue » s’y déroulent encore.

Dans la région voisine de Donetsk, les Russes bombardent « en direction de Mariïnka, Otcheretyne et Avdiïvka », a signalé mardi son gouverneur, Pavlo Kyrylenko, sur Telegram. « La situation sur le front est difficile mais contrôlée, » a-t-il assuré.

L’offensive de Moscou a tué au moins huit civils lundi et un autre mardi dans les régions de Lougansk et de Donetsk, selon les autorités locales. Quatre d’entre eux –une famille– ont été tués par des tirs russes alors qu’ils tentaient de fuir Kreminna, selon M. Gaïdaï.

Mais, faute d’accord avec les Russes, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk, aucun couloir d’évacuation de civils n’a pu être organisé mardi à travers le pays, et ce pour la troisième journée consécutive. Ni dans ces régions de l’est, ni à Marioupol, port stratégique sur la mer d’Azov, assiégé depuis début mars par les troupes russes.

Nouvel ultimatum

Dans cette ville du sud-est, où les autorités ukrainiennes craignent la mort de 20 à 22 000 civils, les combats se concentrent autour du complexe métallurgique d’Azovstal.

Des combattants ukrainiens y sont retranchés, mais aussi « au moins 1.000 civils, la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées, dans les abris souterrains » de l’usine, a affirmé mardi le conseil municipal de Marioupol, sur Telegram.

La Russie, qui a appelé mardi les défenseurs de Marioupol à cesser « leur résistance insensée » après un premier ultimatum dimanche, est déterminée à s’emparer de Marioupol.

Sa prise permettrait aux forces russes de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d’Azov en reliant le Donbass à la Crimée, que Moscou a annexée en 2014, et de libérer des troupes pour d’autres opérations.

Combats sur tous les fronts

Dans l’est toujours, des divisions de missiles antiaériens Tor ont été transférées dans la région de Kharkiv et des systèmes antiaériens S-400 et S-300 ont été déployés dans la région russe de Belgorod près de la frontière avec l’Ukraine, selon l’état-major ukrainien.

A Kharkiv même, deuxième ville d’Ukraine, trois civils ont été tués lundi dans de nouveaux bombardements.

La Russie a aussi fait état de dizaines d’autres frappes de missiles dans le sud de l’Ukraine, autre ligne de front. De son côté, l’armée ukrainienne a mis en garde dès lundi soir contre une menace élevée de bombardements dans la région de Mykolaïv (sud).

« Tout le monde s’attendait à une offensive comme le 24 février avec une grande force terrible », a indiqué mardi M. Arestovytch à la télévision ukrainienne. « Or, elle se déroule prudemment. Ce sont des unités russes qui tentent d’avancer. Dans le sud, ils tentent de nous encercler, cela a commencé avant-hier. De la même manière, par des unités dans la direction de Gouliaïpolé ».

La ville de Lviv est aussi ciblée. De « puissantes » frappes russes y ont fait lundi sept morts, d’après les autorités locales.

Non loin de là, un important dépôt d' »armements étrangers », provenant des Etats-Unis et de l’Union européenne, a été détruit, selon Moscou.

Située loin du front, près de la frontière polonaise, Lviv s’est convertie en cité-refuge pour les personnes déplacées et avait été peu visée jusqu’alors par les frappes russes.

Pour la seule journée de lundi, l’armée russe assure avoir mis hors d’état 16 sites militaires ukrainiens, abritant en particulier des munitions et des missiles tactiques Totchka-U. Ces armements constituent un enjeu majeur, tant pour Moscou que pour Kiev.

Soutien de l’Ukraine, les Etats-Unis ont annoncé lundi que les premières cargaisons de leur nouvelle tranche d’aide militaire (d’un montant de 800 millions de dollars, 741 millions d’euros) venaient d’arriver la veille aux frontières de ce pays pour être remises à l’armée ukrainienne.

Accusée d’exactions par Kiev, distinguée par Moscou

Dans ce contexte, Vladimir Poutine a décerné lundi un titre honorifique, notamment pour son « héroïsme », à la 64e brigade de fusiliers motorisés, accusée par l’Ukraine d’avoir commis un massacre de civils à Boutcha, dans la périphérie de Kiev – ce que Moscou dément.

Sur le front diplomatique, le président Zelensky a dit lundi espérer obtenir pour son pays « dans les semaines à venir » le statut de candidat à l’adhésion à l’UE. Il s’est entretenu lundi avec le président lituanien Gitanas Nauseda et les Premiers ministres croate Andrej Plenkovic et bulgare Kiril Petkov.

Le président américain Joe Biden participera de son côté mardi à une réunion virtuelle consacrée à l’offensive russe en Ukraine.

Il devait évoquer, « avec les alliés et partenaires » des Etats-Unis dont la liste n’a pas été dévoilée, le « soutien continu à l’Ukraine et les efforts visant à s’assurer que la Russie rende des comptes », selon un responsable de la Maison Blanche.

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