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Corée du Sud : le business moribond de la viande de chien


Un chien en cage montré aux médias par la HSI (Humane Society International) à Wonju, en Corée du Sud, le 27 avril. (Photo : AFP)

«C’est une activité qui se meurt», lâche Gong In-Young, contemplant le spectacle de défenseurs des droits des animaux américains en train de fermer les cages de l’élevage de chiens qu’il destinait à la consommation humaine depuis dix ans.

Près de 200 chiens, parmi lesquels des huskies de Sibérie, des rottweilers, des tosas japonais, des golden retrievers et des jindo coréens, tournent en rond dans leur cage et aboient furieusement à la vue des sauveurs venus à leur rescousse mercredi. Les chiens de l’élevage de M. Gong, l’un des milliers que compte la Corée du Sud, est le cinquième du genre -et le plus grand- à être fermé par la Humane Society International (HSI), association dont le siège est aux États-Unis.

Les animaux y étaient élevés spécifiquement pour la consommation humaine, confinés dans leurs cages de leur naissance jusqu’à ce qu’ils soient abattus. D’après les estimations, les Sud-Coréens mangent entre 1,5 et 2,5 millions de chiens chaque année mais le secteur est en déclin, les jeunes générations ne goûtant guère la viande canine. M. Gong ne regrette pas trop de tourner la page. «Dans le passé, les gens mangeaient du chien car il n’y avait rien d’autre, mais aujourd’hui, les jeunes n’ont pas besoin d’en manger. Ça devient bizarre».

Des goûts qui changent

D’après un sondage de l’institut Gallup Korea, seuls 20% des hommes d’une vingtaine d’années avaient mangé du chien au cours de l’année 2015, contre 50% de cinquantenaires et sexagénaires. Les chiens sont de plus en plus appréciés, mais comme animaux de compagnie, ce qui contribue aussi en bonne partie à réduire la demande de viande canine. L’année dernière, la HSI avait sauvé 225 chiens et fermé quatre élevages dans le cadre d’une politique «constructive et collaborative» pour éradiquer un secteur longtemps sous le feu des critiques des défenseurs des animaux du monde entier.

La plupart des chiens sont envoyés aux États-Unis ou au Canada pour y être adoptés. Un éleveur reçoit jusqu’à 60 000 dollars, en fonction du nombre de ses chiens, pour fermer définitivement son affaire, somme destinée à lui permettre de lancer une activité plus «humaine», telle que la production de myrtilles ou de poivrons verts. Avec ses opérations très médiatiques, la HSI cherche à sensibiliser l’opinion publique à la cruauté des fermes d’élevage et «ouvrir un dialogue avec les décideurs sud-coréens», explique Andrew Plumbly, chargé de cette campagne chez l’organisation.

Le projecteur olympique

La Corée du Sud se prépare à accueillir les jeux Olympiques d’hiver de 2018 et la publicité internationale entourant l’événement est l’occasion de militer pour des changements, dit-il. «Les projecteurs vont se braquer en partie sur le marché de la viande de chiens, si bien qu’ils pourraient ressentir des pressions. Espérons qu’ils réagissent de manière constructive». Les autorités sud-coréennes sont sensibles à la publicité négative qui entoure cette industrie. Les restaurants de viande de chien de Séoul avaient été fermés pour les JO d’été de 1988.

M. Gong s’est lancé il y a dix ans un peu par hasard dans la viande de chien, après plusieurs échecs dans d’autres secteurs. Il reconnaît qu’il n’a «jamais été fier» de son activité, qui ne lui fournissait jamais qu’un revenu modeste. Une année normale, il vendait environ 200 chiens, au prix moyen de 200 dollars, pour un revenu brut avoisinant 40 000 dollars. «Je me suis rendu compte que les chiens seraient beaucoup plus heureux si je changeais d’avis», raconte-t-il tandis que Snow, son propre animal de compagnie, se promène dans les rangées de cages remplies d’animaux attendant leur départ.

En Corée du Sud, il n’est pas nécessaire d’obtenir une licence spéciale pour ouvrir un élevage de chiens destinés à la boucherie. Les autorités vérifiaient régulièrement que les voisins n’étaient pas dérangés ou que les déjections étaient correctement traitées, dit toutefois M. Gong. Quand on lui demande de comparer la vie de Snow et celle des canidés emprisonnés, il répond: «C’est la différence entre le paradis et l’enfer».

Le Quotidien/AFP

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