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Mondorf : et au milieu passe une frontière


La petite passerelle enjambe la Gander, le ruisseau qui trace la frontière entre le Luxembourg et la France, dans le parc thermal de Mondorf-les-Bains. (photo Geneviève Montaigu)

Pas de polémique, pas de scandale, juste des petites anecdotes sur des ponts qui font l’histoire du parc thermal de Mondorf débordant sur le territoire français. Une particularité qui participe à son charme.

En quelques pas, la petite passerelle romantique est franchie. Elle enjambe la Gander, le ruisseau qui trace la frontière entre le Luxembourg et la France, dans le parc thermal de Mondorf-les-Bains. Ce magnifique espace vert offre 42 hectares d’essences diverses et de parterres fleuris, une belle roseraie et surtout quelques truculentes anecdotes.

Le parc est à cheval sur les deux pays et cette situation particulière entraîne forcément des problèmes particuliers qui sont surtout prétexte à plaisanteries. Ainsi, quand une passerelle est fermée pour cause défaut de sécurité et tarde à être rénover voire reconstruite, les habitués des lieux sont invités à patienter. On se dit que rien n’est simple quand, au milieu du pont, vous entrez en territoire étranger.

Ce n’est pas non plus le tunnel sous la Manche, il ne faudrait pas s’imaginer une équipe française et une équipe luxembourgeoise qui se rencontrent à deux mètres cinquante de leur rivage respectif pour se serrer la main à mi-chemin. Quand il s’agit de reconstruire ou de rénover une passerelle dans le domaine thermal, il suffit juste de se mettre d’accord entre Français et Luxembourgeois, étape habituelle et amicale.

Le Domaine thermal en charge des travaux

Encore faut-il s’entendre côté luxembourgeois. Qui du Domaine thermal ou des Bâtiments publics prend en charge les travaux ? Après s’être tous renvoyé la balle, les Ponts et Chaussées nous ont indiqué que c’était définitivement le Domaine thermal qui était en charge des passerelles du parc. «Il n’y a pas de difficultés particulières», nous répond Pierre Plumer, le directeur général de l’établissement. La fermeture de la passerelle est arrivée de façon «imprévue» il y a un an, à la suite d’un contrôle de sécurité. Si rien ne bouge depuis, rien à voir avec les relations de voisinage. Elles sont bonnes, les deux Mondorf(f) travaillent d’une manière très cordiale et les autorisations, si nécessaires, sont souvent pure formalité.

Quand il s’agit d’effectuer des travaux dans le cadre des mesures anti-crues, comme ce fut le cas récemment, une autorisation de l’État français est indispensable. En quelques mois, elle était sur le bureau de la commune.

Ce qui prend du temps pour notre passerelle, ce sont les études, la budgétisation, une fois qu’il a été décidé qui des Bâtiments publics ou du Domaine thermal allait payer la note de ce petit ouvrage. «La bureaucratie n’est pas insurmontable, mais il faut être patient», admet Pierre Plumer. Ce sont les délais ordinaires, rien à voir avec une histoire cocasse de tracasseries administratives franco-luxembourgeoises.

Pendant que le dossier traîne, les promeneurs sont invités à franchir la Gander en utilisant les deux autres ponts pour atteindre l’Orangerie, le pavillon Belle-Époque dessiné par Sosthène Weis qui a accueilli un paquet de personnalités sous ses lustres étincelants.

Ici, en revanche, le fait que le bâtiment 1900 soit situé sur le territoire français entraîne parfois des histoires drôles. Comme cet ambassadeur américain, en sortant d’une conférence aux Anciens Thermes voisins, qui n’a pas voulu se rendre à la réception, cinquante mètres plus loin, s’interdisant d’entrer en France. L’ambassadeur de Russie, lui, n’avait pas hésité à jouer à saute-frontière.

Quand il s’agit du Grand-Duc, il est de bon ton de prévenir le préfet. Quand des chefs d’État et de gouvernement s’étaient réunis à l’Orangerie, la gendarmerie de Rodemack avait envoyé une équipe en renfort du dispositif de sécurité déjà bien costaud des autorités luxembourgeoises.

Geneviève Montaigu

Occupation illégale ?

Il n’y a pas que des histoires drôles, il y a aussi des drôles d’histoires. Comme celle de cette famille française qui a assigné le Domaine thermal, donc l’État, estimant qu’une partie des installations se situaient sur des terrains lui appartenant et pour lesquels elle n’a jamais été expropriée. Une affaire toujours en cours aujourd’hui et qui sera jugée devant un tribunal à Thionville. La dame à l’origine des poursuites étant décédée, ses héritiers ont repris le flambeau et réassigné l’État luxembourgeois pour occupation sans droit ni titre. Ce dernier plaide la prescription acquisitive qui lui donne un droit réel, même sans titre, de jouir des terrains passé un certain délai.

Un échange de terrains étudié

Les autorités luxembourgeoises envisageaient avec la France un échange de terrains pour éviter certains petits tracas liés à l’Orangerie. Paris avait donné son accord, restait à convaincre les élus de Mondorff (France). Selon nos informations, ils réfléchissent encore à la question et étudient les compensations proposées. Jusqu’ici, le personnel employé à l’Orangerie est sous contrat de travail luxembourgeois et les boissons alcoolisées soumises aux taxes luxembourgeoises. L’État français n’a jamais rien trouvé à redire.

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