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Marche féministe : imbroglio autour de la place Hamilius


La place Hamilius, dont une grande partie appartient depuis huit ans à des investisseurs privés, accueille souvent des manifestations. (photo archives LQ)

Le départ de la manifestation organisée le 8 mars à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes dans la capitale aura bien lieu comme chaque année, place Émile-Hamilius. Pourtant, les propriétaires du Royal-Hamilius, Firce Capital, avaient interdit aux manifestants de se regrouper à cet endroit, avant de revenir sur leur décision.

«Pensez-vous que, dans un État démocratique, le droit de manifester sur une place centrale de la ville puisse être limité ou bloqué par des investisseurs privés ?» Cette question qui pourrait ressembler à l’énoncé d’un examen de droit n’a pourtant rien de rhétorique. Elle vient être adressée à la Ville de Luxembourg par Guy Foetz, ce vendredi. La raison de cette interpellation ? L’interdiction faite, dans un premier temps, aux organisatrices de la manifestation féministe du 8 mars, la plateforme JIF, de se rassembler place Émile-Hamilius.

En 2015, lorsqu’une convention avait été établie entre la Ville de Luxembourg et les nouveaux propriétaires du Royal-Hamilius, le conseiller communal déi Lénk s’était ému que, pour la première fois, une place de la Ville allait être cédée à un propriétaire privé, Firce Capital. «La privatisation de l’espace public nous donne à réfléchir, avait-il écrit à l’époque. Une des places les plus populaires et les plus animées de la ville est abandonnée aux intérêts commerciaux privés pour les 75 années à venir.» 

La Ville avait alors tenté de rassurer l’élu en lui assurant que dans cette convention où étaient définies la constitution des droits réels d’emphytéose et la mise en œuvre du projet, la place conserverait «un statut de place publique bien que l’entretien en sera assuré par les investisseurs».

« Cela reste une place publique »

Depuis lors, la place Émile-Hamilius avait continué à accueillir manifestations et évènements divers. Jusqu’à ce mois de février. Quand les organisatrices de la marche féministe ont déposé, comme l’exige la loi, le parcours de la manifestation auprès du service espace public, fêtes et marchés de la Ville, il leur a été répondu contre toute attente que «Hamilius ne pourra pas être utilisé, car les propriétaires des lieux, Firce Capital, ne veulent pas de manifestation sur leur place». La Ville leur proposait de démarrer le cortège place Clairefontaine.

Les organisatrices se sont alors directement tournées vers Firce Capital, proposant même de n’occuper qu’une petite partie de la place. Et c’est finalement la Ville qui leur a annoncé qu’elles pourraient bien donner rendez-vous sur la place, comme prévu initialement, au motif que « cela reste une place publique », rapporte une des organisatrices.

«Une manifestation n’a pas besoin d’être autorisée, elle doit seulement être déclarée dans un délai de huit jours auprès de la bourgmestre», explique Guy Foetz joint par nos soins, qui s’insurge de cette situation qui «touche au droit de manifester». N’ayant jamais vu la convention entre la Ville et les investisseurs, il souhaite en savoir plus sur les modalités qui régissent l’utilisation de la place et si la Ville, qui selon lui doit être «sûrement désemparée» devant les desiderata de Firce Capital.

La Ville devrait revenir ces points lors du prochain conseil communal, lundi.

Le parcours de la marche féministe

Rendez-vous est donné à 17 h place Hamilius. Le cortège s’élancera alors dans la rue Notre-Dame, puis passera devant la Chambre des députés, avant de poursuivre dans la grand-Rue. La manifestation prendra fin place d’Armes, un lieu qui depuis le covid et son lot de manifestations violentes n’avait plus été autorisé aux rassemblements.

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