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Marche féministe du 8 mars : «Il faut continuer de briser les tabous»


Isabelle Schmoetten, Maxime Miltgen, Joana Domingues, Stéphanie Lanners et Milena Steinmetzer (de g. à dr.) ont présenté les revendications de la plateforme JIF.

Une nouvelle marche féministe se tiendra le 8 mars dans les rues de la capitale. L’occasion pour la plateforme JIF de revenir sur le devant de la scène, à quelques mois des élections.

C’est devenu une tradition : pour la quatrième année consécutive, une marche féministe prendra place dans les rues de Luxembourg le 8 mars. Une initiative de la plateforme JIF, qui souhaite rappeler la «nécessité d’inclure la question du genre et de l’égalité dans l’ensemble des sujets politiques et sociétaux du pays».

Le message reste quasi identique aux années précédentes, preuve que la lutte pour l’égalité et les droits des femmes n’est toujours pas un acquis au Luxembourg. «On manque de courage politique. Des discussions ont eu lieu à la Chambre, notamment sur des sujets importants comme la filiation par exemple, mais rien n’a abouti», se désole Isabelle Schmoetten, membre du CID Fraen an Gender, qui espère que cette année électorale apportera enfin quelques avancées.

Quatre revendications majeures

Pour ce faire, la plateforme a listé quatre revendications majeures : un toit sur la tête, une vie sans violence, de l’argent pour vivre et plus d’égalité dans les familles. Là encore, certaines revendications ne sont pas nouvelles. Le remplacement du congé de paternité par un congé de naissance de trois mois faisait déjà partie des desiderata de l’association l’an dernier par exemple.

«Tout prend beaucoup de temps. Le gouvernement a pris des mesures, notamment pour l’accès au logement, mais ce sont des mesures à moyen et long terme. Or nous proposons des solutions qui peuvent être introduites en quelques mois!», revendique Maxime Miltgen, membre de la plateforme JIF pour le LSAP.

Augmenter la capacité d’accueil des victimes de violence domestique, supprimer les listes d’attente, proposer davantage de contrôles de l’Inspection du travail et des mines (ITM) sur les inégalités salariales… sont autant de points que les féministes veulent remettre sur le devant de la scène lors de la marche du 8 mars, à l’occasion de la journée internationale des Droits des femmes. «Nous voulons créer des discussions, donner de la visibilité à ses sujets. Les changements politiques ne pourront pas se faire sans une vraie évolution de la société, mais cela prend du temps», appuie Maxime Miltgen.

Revaloriser les professions «féminines», sous-payées

Surtout quant les statistiques présentent le Luxembourg comme l’un des bons élèves en matière d’égalité salariale… «La réalité nous prouve que les femmes gagnent encore et toujours moins d’argent que les hommes», nuance Milena Steinmetzer, membre de l’OGBL. «Pour évaluer correctement l’égalité salariale, il ne suffit pas de comparer le salaire horaire d’une femme et celui d’un homme pour le même poste. Si l’on compare le salaire annuel global au Luxembourg, les femmes gagnent toujours 7,2 % de moins que les hommes», explique-t-elle.

Des secteurs tels que celui de l’Horeca, par exemple, souffrent encore d’un gros écart salarial entre hommes et femmes : ces dernières sont surreprésentées dans les métiers à bas salaire qui, en plus, infligent souvent des conditions de travail difficiles et fatigantes. «L’égalité salariale doit être garantie par la reconnaissance et la revalorisation des professions traditionnellement féminines, qui sont chroniquement sous-considérées et sous-payées.»

Un «manque de reconnaissance»

Des efforts encore considérables sont donc à faire, selon les membres de la plateforme JIF, qui veulent continuer de «briser les tabous» et «faire bouger les choses», notamment dans le domaine de la violence domestique, très présente ces derniers mois au Luxembourg (on pense notamment à deux féminicides particulièrement sanglant ayant eu lieu fin 2022). Si le pays s’est engagé sur ces questions de violence en 2018, en signant la convention du Conseil de l’Europe signé à Istanbul, force est de constater que, cinq ans plus tard, il reste à la traîne.

Face à ce constat, la JIF revendique davantage de statistiques et de données détaillées sur toutes les formes de violences dont sont victimes les femmes au Luxembourg. «On ne peut pas lutter contre les violences si on ne dispose pas d’assez d’informations sur leur contexte et leur ampleur. Comptabiliser le nombre de plaintes et d’expulsions est loin d’être suffisant…», souligne Stéphanie Lanners, membre déi Lénk de la plateforme, qui préconise la création d’un observatoire sur ces questions précises.

Cet observatoire ne pourra fonctionner que si le cadre légal luxembourgeois évolue, lui aussi, et définit clairement la notion de violence contre les femmes. Or, aujourd’hui, le gouvernement rechigne toujours à inscrire le terme de «féminicide» dans le code pénal, ce qui permettrait un recensement et donc une meilleure compréhension du phénomène. La JIF déplore ce «manque de reconnaissance» et appelle, plus que jamais, celles et ceux qui le souhaitent à les rejoindre place Hamilius, le 8 mars, à 17 h, pour poursuivre leur lutte.

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