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Esch-sur-Alzette : une nuit de trappeur dans la forêt


L'étang Liégeois, au beau milieu de la réserve naturelle. Esch-sur-Alzette comme on ne l'a jamais vue. (photos Hubert Gamelon)

Envie de vivre une aventure dépaysante, en pleine forêt, dans le froid de l’hiver ? La Maison Rosati, ancienne baraque minière convertie en refuge, se loue à la nuit… Dépaysement assuré !

Si l’on montrait ces photos à des habitants d’Esch-sur-Alzette, en leur demandant de quel pays il s’agit, les trois quarts répondraient : Suède, Autriche ou pourquoi pas les Vosges. Même si ça manque de sapins ! En vérité, cet étang gelé, cette lumière orange et ce refuge perdu se trouvent à quatre kilomètres du centre d’Esch-sur-Alzette. La Métropole du fer, raillée pour sa grisaille, offre un dépaysement total : bienvenue dans la réserve de l’Ellergronn, à cheval sur la frontière avec Audun-le-Tiche. Quelque 110 hectares, trois boucles de promenade, une riche histoire industrielle (les mines de fer), un havre de la biodiversité… ça vaut le détour !

La lumière du lieu a inspiré les peintres eschois de la Belle Époque.

La lumière du lieu a inspiré les peintres eschois de la Belle Époque.

Pour pousser le voyage jusqu’au bout, on peut même passer une nuit dans l’Ellergronn. Au milieu de la forêt, seul, comme dans un roman de Sylvain Tesson : «Marcher sur le lac gelé, tendre le visage, garder la bouche ouverte : boire les flocons à la mamelle du ciel» (Dans les forêts de Sibérie, éd. Gallimard). La Maison Rosati, sorte de refuge spartiate, peut accueillir jusqu’à quatre personnes. L’Eschois Guy Van Hulle, féru d’histoire et ancien professeur de sports, a organisé une expédition récemment en présence de la presse.

Le refuge Rosati est une simple maison au bout d'un chemin.

Le refuge Rosati est une simple maison au bout d’un chemin.

Une maison bien mystérieuse…

«La Maison Rosati est mystérieuse. À l’origine, elle appartenait à la famille Rosati, qui exploitait une carrière de calcaire en flanc de colline.» C’était au temps du boom de la sidérurgie. Quelques mètres plus bas, dès 1880, on extrayait le minerai de fer, dont le rouge inonde encore la forêt. Le lieu est ensuite tombé à l’abandon. «Dans ma jeunesse, j’ai le souvenir d’une maison envahie par les ronces, écroulée.» Le centre d’initiative et de gestion local (CIGL) a retapé la maison il y a une dizaine d’années. Avec un site internet à la clef : unenuitdanslaforet.lu.

Le refuge se loue pour 20 euros la nuit, peu importe la saison. Mais attention : ici pas d’eau courante ni d’électricité. Il faut marcher trois quarts d’heure pour y accéder. Un chemin carrossable permet de rejoindre la maison en voiture, notamment pour y monter lampes et nourriture. Mais le client n’est pas censé y stationner… Une vilaine habitude que déplore Guy Van Hulle. «Quand on vient dans la forêt, c’est pour en apprécier le calme. Pas pour ramener la ville jusqu’au sommet !» Lui connaît Esch-sur-Alzette comme sa poche. La réserve prend des allures de terres d’aventure sous son récit.

Pas d'eau, pas d'électricité... il faut se débrouiller.

Pas d’eau, pas d’électricité… il faut se débrouiller.

En suivant le sentier didactique (symbole «pomme de pin»), le marcheur longe l’étang Liégeois, qui inspira le peintre impressionniste Eugène Mousset (1877-1941). Puis les tableaux se succèdent : sur les hauteurs, la forêt semble compacte et infranchissable. En contrebas, le marcheur enjambe une source nommée la Kripseweier, qui jaillit de nulle part et qui retourne aussitôt à la terre. Sur un autre sentier, la boucle A, on suit le tracé de l’ancien funiculaire de minerai de fer, qui reliait Ottange à Differdange jusqu’en 1979. Une longue pente où, la neige aidant, on se prend à rêver d’une piste de ski. «Un skieur y avait songé, lance Guy Van Hulle. Le regretté Geimesch Jeng qui, en 1983, avait émis l’idée d’installer un tire-fesses le long des pylônes du funiculaire.» Pour les courageux, il reste le ski nordique…

Hubert Gamelon

Renseignements et réservations au 54 42 45 200 (CIGL)

 

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